Agnès El Majeri : "Nous voulons faire émerger des solutions qui puissent être diffusées largement"

Pourquoi avoir choisi de soutenir des projets d’expérimentation et de recherche action ?

Nous voulions que le programme de la Fondation d’entreprise soit complémentaire de l’action de Paris Habitat. L’objet du bailleur social est de faire en sorte que les locataires vivent bien dans leur logement, leur quartier, leur ville, leur environnement. La Fondation Paris Habitat permet à des porteurs de projet de mener des expérimentations ou des recherches-action répondant à des enjeux d’intérêt général émergents identifiés par Paris Habitat. Nous sommes un laboratoire : nous explorons des possibles, avec des acteurs qui ne sont pas forcément dans l’écosystème de Paris Habitat. Nous leur permettons d’évaluer in situ des solutions nouvelles, pour une ville plus solidaire, collaborative et durable. Le but étant d’en mesurer les effets afin de les multiplier si leur utilité est démontrée. Notre souhait est vraiment de faire émerger des solutions qui puissent être diffusées largement, qu’elles soient reprises par Paris Habitat ou d’autres bailleurs et acteurs de la ville.

Comment soutenez-vous les projets ?

Nous offrons un soutien financier pour supporter à la fois la mise en œuvre du projet et toute la partie recherche et évaluation d’impact. Notre force c’est aussi, au-delà de ce soutien financier, de pouvoir mettre à disposition des porteurs de projet qui en ont besoin des terrains d’expérimentation sur le parc de Paris Habitat. Nous impliquons par ailleurs nos collaborateurs en faisant appel à leurs compétences pour des missions solidaires, individuelles ou collectives, au profit des porteurs de projet. Paris Habitat est un vivier de compétences diverses, que ce soit dans les fonctions support (finance, communication, juridique…), les métiers de l’accompagnement avec par exemple les conseillers sociaux, les métiers techniques avec les chefs d’opérations techniques, architectes et métiers du bâtiment, ou les métiers de la régie avec l’entretien du parc immobilier et des espaces verts, les gardiens et gardiennes qui agissent en proximité, etc. Enfin, nous proposons d’être un facilitateur, avec un accompagnement dans l’ingénierie des projets ou encore de la mise en réseau.

Comment identifiez-vous les projets que vous soutenez ?

Entre autres critères, nous sommes vigilants dans notre sélection sur la méthode d’évaluation et d’élaboration d’indicateurs proposée par les porteurs de projet. Nous portons un intérêt particulier aux projets qui allient, avec le bon équilibre, acteurs de terrain et acteurs de la recherche et de l’évaluation. Cela offre des éléments objectivés, scientifiquement solides et utiles pour une diffusion à d’autres acteurs qui souhaitent reproduire la solution.

Concrètement, pour les identifier, nous menons des appels à projets thématiques. Pour cela, nous avons d’abord regardé les enjeux repérés par Paris Habitat. Puis nous avons établi une liste de thèmes que nous avons soumise à la consultation des collaborateurs de Paris Habitat pour les prioriser. Ce qui est intéressant, c’est que le premier thème choisi, qui a été retenu pour notre premier appel à projets, était aussi celui qui concernait un large public puisqu’il s’agissait de “Lutter contre l’isolement des personnes fragiles”, quelle que soit la nature de leur fragilité. Le deuxième sujet plébiscité, qui fait donc l’objet de notre deuxième appel à projets, concerne “Les espaces communs : espaces et temps partagés”. Nous en révélerons les lauréats cet été.

Que couvre cette thématique des “espaces communs” ?

Ce thème est ressorti de problématiques concrètes qui se faisaient jour dans le travail quotidien de Paris Habitat. Un exemple : le partage de locaux associatifs. Dans les quartiers politique de la ville, les associations bénéficient de tarifs préférentiels et en tant que bailleur, Paris Habitat soutient les associations de locataires, les amicales, etc, en leur fournissant des locaux. Le souci c’est qu’il y a beaucoup de demandes, en particulier en pied d’immeubles, et que ceux-ci ne sont jamais utilisés à temps plein. Il y a donc une réflexion à avoir pour mutualiser et partager ces espaces entre plusieurs acteurs. C’est parfois compliqué, notamment en raison de conflits générationnels… Autre exemple : les jardins partagés. Paris Habitat a beaucoup d’espaces verts et a développé des jardins partagés qui peuvent être gérés par des groupes ou amicales de locataires. Souvent, au fil du temps, ces jardins finissent par être quasiment “privatisés” par quelques personnes. La question est donc d’imaginer comment retrouver du collectif pour revenir au projet initial. Dernier exemple : la problématique de la requalification de certains espaces qui font l’objet d’incivilités (jets d’ordures par exemple) pour que les locataires en prennent mieux soin.

Ces enjeux très concrets auxquels se heurte Paris Habitat sont typiquement des sujets pour lesquels l’expérimentation et la recherche-action peuvent faire émerger des solutions duplicables, qui peuvent d’ailleurs intéresser tous les bailleurs sociaux. 

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Pour en savoir plus sur le fonctionnement de la Fondation d’entreprise Paris Habitat, Découvrez l'interview de Bérénice Jond, membre du Conseil d'Administration et du Comité d'initiatives de la Fondation d'entreprise Paris Habitat :

Pour voir toutes les vidéos des Rencontres de la Fondation Paris Habitat et découvrir les lauréats du premier appel à projets, rendez-vous sur la chaîne YouTube de Paris Habitat.