Le Lycée avant le Lycée, une expérimentation qui unit acteurs locaux et habitants dans un projet partagé
À Bagneux, dans les Hauts-de-Seine, l’association Le plus petit cirque du monde, La Preuve par 7 et la municipalité unissent leurs efforts et leurs talents pour impliquer les habitants dans un projet de lycée très attendu de la population.
À Bagneux, “Le lycée avant le lycée” s’inscrit dans un grand projet d’urbanisme visant à réhabiliter la colline des Mathurins : 16 hectares avec un fort dénivelé séparant la ville en deux, en chantier depuis des années… Le futur éco-quartier inclura des logements, un espace naturel… et un lycée général et technologique réclamé par les habitants de Bagneux depuis de longues années. Après une forte mobilisation de la ville et des habitants, la région a intégré ce projet dans son plan d’investissement pour la période 2017-2027. "Bagneux est une ville populaire, qui ne dispose pas aujourd’hui d’un lycée d’enseignement général. Il est ancré dans les esprits que pour faire des études, il faut quitter la ville et aller dans les communes limitrophes. Pourtant, Bagneux va se transformer, avec notamment l’arrivée de deux lignes de métro, et cela laisse présager un accroissement de population. Il est impensable d’imaginer que tout se transformerait d’un point de vue urbain mais pas éducatif. Les enfants de Bagneux doivent pouvoir aller au lycée dans leur commune", explique Martine Marchand-Prochasson, cheffe de projet Lycée pour la Ville de Bagneux.
Pour sécuriser ce projet de lycée, s’assurer de son avancée mais aussi et surtout le co-construire avec toutes les parties prenantes – à commencer par les habitants – une coopération s’est mise en place entre l’association Le plus petit cirque du monde (PPCM), La preuve par 7 et la ville. “Le lycée avant le lycée”, c’est ainsi une programmation artistique et culturelle, des conférences, des débats, des ateliers de réflexion, des temps de co-construction… mais aussi des chantiers-école où les lycéens des filières professionnelles sont mis à contribution pour leurs talents manuels ou techniques. À la manœuvre du projet, un trio de permanents qui font cause commune : Laure Damoiseau, chargée de mission pour PPCM, Jacques Garnier, architecte et garant de la démarche d’urbanisme de La preuve par 7, et Martine Marchand-Prochasson pour la ville de Bagneux.
"On ne veut pas créer ce lycée ex nihilo dans un bureau d’étude"
Cette synergie vient porter l’approche du “lycée avant le lycée”, définie par Laure Damoiseau : "C’est une démarche d’intelligence collective. Concrètement, le groupe de travail a été mis en place après une première phase de mobilisation des acteurs locaux, associations, parents d’élèves, structures scolaires, etc… Puis, nous allons construire cette année ce que l’on a baptisé le Tiers-lieu des Savoirs." Celui-ci se matérialisera par la construction d’un bâtiment qui pourra changer d’affectation au fil du projet et pourra être réhabilité lorsque le lycée sera construit (à l’horizon 2027). Cet espace partagé sera ouvert, dès l’étape du chantier, aux habitants et notamment à la jeunesse : lycéens mais aussi décrocheurs scolaires, jeunes en insertion…
Pour Jacques Garnier, "ce projet est unique parce qu’il permet de mettre en œuvre une vraie permanence, portée par les trois partenaires, pour être sur place tous les jours, tester des choses in situ, organiser des événements qui impliquent les citoyens… C’est rare et c’est important parce-que – et c’est notre philosophie – tout doit venir du terrain. On ne veut pas créer ce lycée ex nihilo dans un bureau d’étude."
Parallèlement, le groupe de travail avance sur une première version du projet pédagogique du lycée, document évolutif qui doit permettre d’entrer en dialogue avec la région et ensuite l'Éducation nationale. Pour Jacques Garnier, "c’est une porte d’entrée vers le droit à l’expérimentation car ce document propose de créer en concertation avec les usagers, qui sont aussi des experts. On y aborde par exemple la question de la carte scolaire et le risque de non mixité."
Cette expérimentation a ainsi la particularité d’exploiter le temps long d’un projet d’urbanisme pour mettre en commun les compétences des différents acteurs, co-construire avec les habitants et plus globalement embarquer tous ceux qui souhaitent participer au projet. En transformant ainsi le temps de l’attente en démarche active et partagée, “Le lycée avant le lycée” crée le système racinaire de l’établissement pour l’ancrer dans son territoire et auprès de toute une communauté, avant même qu’il ne soit construit.