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Par Fondation des solidarités urbaines - Publié le 26 avril 2021 - 08:34 - Mise à jour le 26 avril 2021 - 08:34
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Noemi Stella, doctorante en sociologie : « la recherche-action a un impact concret »

Noemi Stella mène, avec l’association Basiliade, le projet L’Escale pour mettre à l’abri, dans des appartements partagés, des jeunes LGBTQI+ en situation de grande précarité. Doctorante en sociologie, elle nous explique ce qu’apporte la démarche de recherche-action dans ce type d'initiative.

Noemi Stella, doctorante en sociologie
Noemi Stella, doctorante en sociologie

 

En quoi consiste le projet L’Escale, lauréat du premier appel à projets de la Fondation Paris Habitat, que vous menez avec Basiliade ?

Ce projet s’inscrit dans le cadre de ma thèse de doctorat en sociologie qui porte sur les jeunes LGBTQI+ en situation de précarité en Île-de-France et les impacts des discriminations dont ils sont l’objet sur leur santé et leurs conditions de vie. Il s’agit d’une recherche-action que j’ai démarrée en janvier 2019, pour une durée de trois ans, dans le cadre d’une convention entre l’association Basiliade, l’École Nationale Supérieure et l’Ecole des Hautes Études en Sciences Sociales. J’ai choisi ce sujet pour porter la voix des personnes LGBTQI+ qui rencontrent des difficultés multiples : accès au logement, à l’emploi, rejet de la famille, isolement, problématiques administratives pour celles et ceux qui ont dû fuir leur pays en raison de leur orientation sexuelle et/ou identité de genre, pathologies chroniques…  

Comment s’est construite votre démarche de recherche-action ?

J’ai d’abord contacté différentes associations LGBT franciliennes pour rencontrer des jeunes LGBTQI+ en situation de précarité. J’ai mené des entretiens avec eux pour les interroger sur les difficultés qu’ils rencontraient. C’est en partant de leurs expériences et des besoins qu’ils exprimaient que nous avons défini avec Basiliade la partie “action” du projet. Le fil rouge dans leurs témoignages était la précarité d’hébergement. Nous avons donc décidé de créer des appartements partagés à destination de personnes LGBTQI+ et de compléter ce dispositif par un accompagnement psycho-social de Basiliade avec des professionnels : psychologue, assistante sociale, juriste, spécialiste de l’insertion professionnelle, médecin, infirmières… Au-delà du logement, ce dispositif répond également à la problématique de l’isolement grâce aux espaces communs qu’ils et elles partagent.  

Des jeunes bénéficiaires du dispositif dans leur appartement partagé.
Des jeunes bénéficiaires du dispositif dans leur appartement partagé.

 

Quelles sont les spécificités de la recherche-action ?

La première particularité, c’est que l’on démarre, au-delà du travail de bibliographie, par le recueil des besoins sur le terrain en faisant parler les personnes concernées puis en construisant un projet “sur-mesure” pour elles. Par ailleurs, dans notre cas, on a réussi à faire en sorte que les personnes qui participaient à la recherche initiale soient aussi les bénéficiaires de l’action qui en découle, ce qui est rare en recherche. Et puis dans mon cas, l’avantage de cette recherche-action est qu’elle dure trois ans et que je peux suivre les jeunes sur le long terme et observer leur évolution et l’impact du projet sur eux.  

Que vous apporte ce projet en tant que chercheuse ?

Ce qui me plaît, c’est que la recherche-action a un impact concret plus visible et plus rapide. C’est un projet que l’on construit avec les bénéficiaires, ils vont tout de suite avoir un suivi, un hébergement, des réponses tangibles. Quand on est chercheur, on veut changer les choses mais on ne voit pas toujours le résultat de notre travail.

Ce qui me motive aussi dans cette démarche c’est le fait d’avoir un peu plus d’horizontalité dans la démarche académique. Dans ce projet, j’ai un double rôle : je suis à la fois chercheuse et à la fois membre d’une équipe de terrain, je participe aux réunions avec Basiliade, je participe à des décisions pratiques… C’est nouveau pour moi avec d’un côté la vie universitaire et de l’autre le travail à l’association.  

Comment analysez-vous l’impact du projet maintenant que la partie “action” est lancée ?

Nous prenons en compte le suivi de chaque professionnel avec chaque jeune pour faire l’analyse de l’impact du projet sur leur vie. Et nous nous basons également sur l’évaluation des bénéficiaires eux-mêmes, avec leur point de vue, grâce aux entretiens que je mène avec eux. Concrètement, nous allons par exemple regarder si les démarches administratives ont été faites et si les bénéficiaires ont obtenu le statut de réfugié pour obtenir un logement autonome. S’ils se sont autonomisés en gérant leur quotidien dans ces appartements partagés. S’ils ont trouvé un travail, une formation ou s’ils ont fait du bénévolat, même si tout cela est compliqué en ce moment avec la crise sanitaire. Si leur suivi médical a évolué, s’ils vont voir la psychologue et ce que ça leur apporte. Si leur vie sociale a évolué, s’ils se sentent moins isolés grâce aux activités proposées par Basiliade…  Ils sont impliqués dans le processus du début à la fin : ils ont conçu le projet avec nous, ils évaluent aussi eux-mêmes l’impact sur leur santé mentale, leur capacité à trouver un emploi, etc…  

Quel résultat attendez-vous de votre travail ?

Mon but est de mettre en lumière la spécificité de ce public, les problématiques auxquelles il fait face et lui donner une voix auprès de l’opinion et des politiques. Concrètement, j'espère que le projet fera ses preuves, que les bénéficiaires en auront une expérience positive et que ce dispositif pourra être déployé. Comme tout doctorant, j’aimerais que ma thèse soit lue par le plus grand nombre ! Le fait de travailler avec une association donne un peu plus de visibilité. Et puis cela permet de vulgariser ce qui a été découvert et de partager avec le plus d’organismes et d’institutions possibles.

 

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Comment nous accompagnons le projet L’Escale de Basiliade ?

La Fondation Paris Habitat soutient financièrement le projet pour permettre la mise en œuvre concrète de la recherche-action (loyers des appartements, frais de gestion, achat de nourriture pour les personnes hébergées, assurance…).

 

Découvrez l'interview de Nicolas Bonlieu, Trésorier de Basiliade, et Noemi Stella, doctorante à l'ENS et à l'EHESS, réalisée à l'occasion des Rencontres de la Fondation Paris Habitat en 2020 :

 

Retrouvez les autres lauréats du premier appel à projet de la Fondation, en vidéo, sur la chaîne YouTube de Paris Habitat

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