Fondation SNCF – « les jeunes ont en eux une énergie constructive »
Comment construire avec les jeunes un avenir durable ? C’est la question à laquelle la Fondation SNCF entend répondre depuis le début de son nouveau quinquennat, en partant à la rencontre de jeunes de 11 à 30 ans partout en France. Une démarche innovante, menée avec ses partenaires associatifs depuis plusieurs mois. Les explications de Laetitia Gourbeille, déléguée générale de la Fondation SNCF.
- Comment est née la démarche des « Jeunes au cœur » de la Fondation SNCF ?
Tout est parti d’échanges et de questionnements sur la jeunesse lors du premier conseil d’administration de la Fondation, à l’occasion de son nouveau quinquennat en 2021. Comment les jeunes ont-ils traversé la crise sanitaire ? Quel “état des lieux intime” après la vague COVID ?
De cette préoccupation est née une démarche d’écoute et de rencontre : notre nouvelle mission, construire avec les jeunes un avenir durable, nous donnait la légitimité pour le faire sur les sujets portés par la Fondation. Notre parti-pris a été d’aller directement auprès des jeunes en lien avec nos partenaires.
Dès le départ, cette démarche singulière s’est co-construite avec eux. Pendant plusieurs mois, nous avons organisé 12 ateliers partout en France et rencontré près de 150 jeunes accompagnés par nos associations partenaires. Tout en partant du cadre initial de nos deux axes d’intervention – aider les jeunes à trouver leur voie et agir avec eux pour l’environnement –, nous avons à chaque fois laissé un champ d’écoute très libre.
- Qu’avez-vous constaté de la jeunesse sur le terrain ?
Il n’y a pas une seule jeunesse mais des jeunesses, avec des réalités culturelles, territoriales et sociales contrastées, des parcours très différents.
La parole des jeunes est donc singulière en fonction de leur chemin de vie. Nous avons entendu les fragilités qui s’expriment, à la fois économiques, sociales, psychologiques, dues à la période COVID mais aussi à l’éco-anxiété. Leur ici et maintenant peut être pesant, engendrant parfois une difficulté à se mobiliser.
Et en même temps, ils ont des préoccupations et des vécus communs. Tout ce qui tourne autour de l’accompagnement pour construire leur parcours de vie, choisir leur orientation, faire des choix professionnels, était très présent dans les échanges. La préoccupation écologique aussi. Une grande majorité de jeunes interrogent notre modèle sociétal et sa durabilité pour préserver notre planète.
Et ces jeunes ont une motivation à agir. Ils sont porteurs d’espoir. Dès qu’ils sont mis en situation de passer à l’action, on sent toute leur énergie constructive. Dans chaque groupe, nous avons entendu des jeunes conscients que leur avenir est entre leurs mains et que c’est à eux de le construire, non pas seuls, mais collectivement, quitte à ouvrir de nouvelles voies.
- Quels sont les principaux enseignements de ce temps d’écoute en ateliers ?
Le premier enseignement que j’en tire c’est que le chemin parcouru. La manière dont il s’est construit pas à pas avec les différents acteurs est aussi, voire plus important que la “récolte” opérée. Un des éléments les plus marquants de notre démarche a été sa capacité à créer des liens. Nous avons tissé une manière renouvelée de travailler avec nos partenaires, en co-construisant chacune des étapes, chacun des ateliers. Nous leur avons laissé toute la place d’exprimer leur savoir-faire en matière d’animation, en fonction des profils des participants : ce fut vraiment très riche et c’est une matière que nous allons aussi partager avec tous.
Nous avons aussi créé une connexion avec les jeunes en prenant le temps nécessaire pour les écouter, mais aussi en leur donnant l’opportunité de s’écouter entre eux et de converser en profondeur sur ce qui les préoccupe. Chaque atelier a été vécu comme un moment unique, qui leur a donné envie de poursuivre.
L’une des découvertes inattendues de ces échanges, c’est combien les jeunes ont besoin de relations “en présence”, de faire collectif. En plus de toutes les données récoltées, les ateliers ont amené les jeunes à se connecter à eux-mêmes, à leurs pairs et à leur réalité.
- Quelles sont les prochaines étapes ?
Ces échanges avec les jeunes vont nourrir les programmes de la Fondation. Maintenant que nous sommes à la fin de la première étape, le think tank Vers le Haut avec qui nous collaborons depuis le début va rassembler l’ensemble des paroles recueillies et des propositions. Le 24 septembre prochain, une synthèse nourrie et analysée sera présentée à la Fondation, à nos partenaires mais aussi aux jeunes, à qui nous avons proposé lors des ateliers de poursuivre l’aventure avec nous.
Car il ne s’agit pas seulement d’acter leur parole, mais bien de créer un écosystème fait par et pour les jeunes. Nous leur proposerons aussi, avec le CA de la Fondation de penser leur place au sein de notre gouvernance : ceux qui choisiront de devenir « ambassadeurs » pourront y prendre part. Ils participeront également au prototypage des projets répondant aux problématiques remontées lors des ateliers. Ces propositions viendront par la suite enrichir des projets d’associations qui adressent ces sujets, et pourquoi pas, initier de nouvelles dynamiques.