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Par Fonds de dotation Kerpape - Publié le 9 janvier 2025 - 12:55 - Mise à jour le 10 janvier 2025 - 09:23
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Voeux fonds de dotation kerpape
Voeux fonds de dotation kerpape

https://youtu.be/YlToG42_rdE?si=NzkoYx53-rUK7QSz

Extraits de Parole d'une ancienne patiente du centre de kerpape en remerciements aux équipes du centre de kerpape 

Un grand Merci à Dominique-Myriam Dornier Ecrivain pour son témoignage et d'avoir accepté de le partager avec nous.

 

« Je dédie ces quelques lignes aux soignants croisés lors de l’été 2023 à Kerpape. » 

- Une patiente à Kerpape, le 27 février 2024

Kerpape ça commence avec les dames de l’accueil : une telle bonté, c’est comme si une porte s’ouvrait d’emblée sur les couloirs de la bienveillance. Cathy rit, surtout si on lui raconte nos affres de gaffeuse d’élite avec une bouteille de jus de grenade qui s’est brisée dans les toilettes, transformant les lieux en boucherie… Mais les toilettes de Kerpape luisent de propreté marquant ainsi le respect profond de ceux qui traversent en silence, leur tragédie.

Alors la patiente maladroite, nettoie, rapidement, consciencieusement... Ici, dans la cité Kerpape, lieu dédié corps et âme, au soin de nos blessures les plus profondes, les gens retrouvent l’humilité, et se lient volontiers très spontanément.

Le mot société fait donc à nouveau sens, nourri de tous ces individus inter reliés. Ceux qui ont été surpris dans leur sommeil existentiel, par l’accident, l’arrêt brutal du mouvement cyclique des saisons, la tragédie. Ceux, qui, brisés en quelques secondes, sont emmurés vivants, ou bien simplement assignés à résidence dans un corps meurtri.

Quand l’édifice est mis à terre, broyé, sans pitié, nous laissant exsangues : il faut donc la présence de l’autre, cette altérité vitale sans laquelle rien n’est possible, encore moins la guérison.

Cela incombe à celles et ceux qui sont ici au service de l’humanité souffrante et qui soignent à tous les étages des nécessités vitales. Ils deviennent marée d’équinoxe, pleine mer bienfaisante, remettant à flots l’espérance, dans ces corps brisés.

Un consensus général, accord parfait majeur orchestre l’ensemble. Sourire, salut, prise en compte, on retrouve nos fondamentaux : tous frères ! Tous égaux et solidaires devant la vie, la mort.

Mais qu’est ce qui fait sens ici ? Qu’est ce qui créé une cohésion entre tous ? Le handicap.

Ça calme la toute-puissance, et l’indifférence à l’autre, ce rejet viscéral, qui souvent sur la route, nous est infligé comme une gifle, une blessure. Un regard, une parole.

C’est le geste premier auquel s’arrimera tout le reste, pour aider, soigner, propulser à nouveau l’être, dans le grand bain de la vie. Si petites sont nos existences dans le temps infini de cet univers immense, où nous avons perdu la conscience du miracle absolu de la vie qui nous est offerte.

Alors que la Terre est en feu, mise à sac par le meurtre et la guerre, par la toute puissance martiale et destructrice des hommes, qui à l’aube de ce XXIème siècle, ne trouvent rien de mieux à faire, que la guerre.

Alors que toutes ces énergies dévouées au soin, offrent assurément, un contrefeu silencieux mais puissant, au chaos obstiné de la haine dans le coeur de l’homme...

Bonjour Je suis écrivain, suivie par le Docteur Marine Rolland et le docteur Estelle Elie, pour une scoliose sévère sur tétraplégie incomplète suite à un accident de la route ayant entrainé en 1990 , une fracture C5 C6. 70 jours d’hopital (CHU Saint Etienne) et une longue rééducation avec un praticien privé en Ardèche, d’où je viens.

À Kerpape, se déploie une solidarité amicale, par le regard, le prénom dont on se souvient tout de suite, ce lien très rapide et spontané casse les codes cruels et brutaux de notre société maltraitante.. Ils semblent couler de source..

On se souhaite de la chance, de la guérison, on s’envoie des énergies positives et sincères, dès lors que l’on passe la porte..Comme si la prise de conscience de la vie sacrée imposait spontanément, sur un plan éthique, un regard d’amour, sur l’ Autre, un regard qui déjà, lui offre prise en compte, donc existence.

Pourquoi, ici plus qu’ailleurs a t-on développé un tel engagement pour remettre en selle ?

Bonheur, malheur, joie et souffrance, le chemin est souvent ingrat, profond si profond, quand il faut descendre dans la nuit, les marches d’une détresse folle, puis revenir à la surface, dans le jour de cette énergie vitale qui nous donnera à nouveau des ailes, de la verticalité, et de la vie dans nos maisons..

Il faudrait écrire un livre entier sur le sourire. L’absence de sourire des gens dehors, .. L’ expression d’un conflit perpétuel .D’un reproche séculaire ! .Ors l’ Autre sur le chemin, est indispensable.

On ne fait rien seul, et notre vie quand un peu de lumière lui a redonné de feu, de l’amour, pour continuer sur le chemin, c’est grâce à une rencontre.. Alors c’est vrai, nous sommes dans la société, dans un véritable champ de bataille, où l’on ne se regarde plus. « Patience dans l’azur ! » .

Nous sommes créés dans une perfection et une intelligence infinies. Et quand l’accident survient, nous sommes vite ramenés à l’essentiel !

Et c’est au service de cet essentiel que les blouses blanches officient, petite armée solide et pacifiante , comme un corps soudé qui avance, dans l’adversité, marée montante d’un flux constant, bienfaisant, vital...

A Kerpape, chacun est ramené à une certaine humilité, amputation, tétraplégie ou paraplégie, des mois pour être simplement verticalisé, pour bouger un doigt, puis toute la main, et fêter cette victoire absolue sur l’adversité.

Commencer par une latéralisation après deux mois couchée, sans pouvoir ne serait ce , se retourner seule, dans son lit ! Dépendre du jour au lendemain de tous et de chacun pour boire manger, se laver, et être sondée. Rester 60 jours dans un lit , immobile, à plat, corps de pierre….

Oublier de respirer le lendemain de l’accident, coeur cessant presque de battre, frôler la mort, et vivre les deux semaines de réanimation , sous respiration artificielle.

.Avoir encore en mémoire, 33 ans après, la douleur des poumons que le kiné vient tous les jours « aspirer ». Du papier de verre sur la peau à vif ! Sortir, changer de service, et s’arrêter brutalement de s’alimenter, tant le choc post traumatique a été violent... Puis peut être, un jour, malgré le diagnostique assassin : « Elle ne marchera plu jamais », un jour, se lever. Et partir, fuir, retrouver les sommets, le dehors, la vie qui bruit juste en silence dans les arbres de cette fin d’aôut...

Etre ici maintenant dans la plus totale plénitude... Rien de plus.

Je dédie ces quelques lignes aux soignants croisés lors de l’été 2023 à Kerpape.

Respirer, Marcher... Aimer. Remercier. Etre dans la louange, sidérée de capter d’un coup, l’absolue et silencieuse beauté du monde vivant, dont je fais à nouveau partie.

C’est Einstein, astrophysicien, qui avait découvert, sur la fin de sa vie, que c’était l’énergie d’amour qui structurait l’univers. Peut-être que ce jour là, après 70 jours d’hôpital, je ressens intimement la profondeur de cette belle intuition pour un scientifique !

..La société idéale est à Kerpape.

C’est une société bienveillante, attentive, qui, mue par on ne sait quelle harmonie secrète, génère en son sein, des femmes et des hommes au service de l’humanité souffrante.

Pas dans quelque chose de l’omniscience médicale, qui veut à tout prix déposer chez le patient, les ors et les arcs de son savoir imposant.

On parle peu, on entend peu de choses, et cependant tout vit. Tout circule. . Sur le plateau sportif le chef discret du pôle, parle de ses jeunes animateurs , qui prennent en charge enfants et patients souvent très lourdement handicapés.

On sent leur bonté, leur persévérance. Lui, dans sa fonction, sait cela. Il devine si un tel ou une telle est fait (e) pour le métier ou pas. Il faut avoir le sens du service, une cohésion profonde, un engagement total. Et ils l’ont, souvent très jeunes. Comme un appel du fond de leur humanité, de cet amour de l’humain qui nous structure tous et que nous avons perdu dans le chaos du tout permis et d’un matérialisme totalitaire. Océane, Margot, Pierre, et les autres, bien formés, sans ostentation, sous de bons auspices.

« Patience dans l’azur », semblent -ils dire aux patients, du fond de cette gentillesse profonde qui les anime.

Pas de débordement émotionnel, pas de surinvestissement, ils s’effacent et agissent , en insufflant chez ces êtres emmurés vivants, un peu de leur feu vital....

Les accompagnent de leur énergie. La persévérance , chez de si jeunes gens, semble sortie d’une autre époque, d’un autre espace.. Comme si ils retrouvaient les qualités qui fondent l’être..

Ici, dans cet immense établissement, pas moins de 70 métiers sont représentés pourvoyant aux besoins des patients : enfants, adolescents, adultes.. Alors que des protocoles sophistiqués, innovants, sont mis en place à leur service, quelque soit la pathologie...

 Un homme passe, paraplégique, verticalisé dans un appareillage complexe et trois aide soignante…Lentement il retrouve la simple jouissance d’être debout. Les patients sont aussi des agriculteurs, des maçons, des marins pécheurs...

Certains n’ont jamais vu un médecin et se réveillent un matin avec des hernies discales, des pathologies de la colonne graves. Alors ils décident de se battre pour leurs enfants, ne laissent pas le désespoir les envahir..

Dominique Myriam DORNIER

 

 

 

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