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Par Carenews PRO - Publié le 1 mars 2018 - 10:15 - Mise à jour le 1 mars 2018 - 11:59
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[ENTRETIEN ] Joël Tronchon, délégué général du Fonds de dotation SEB

Le Fonds de dotation SEB, doté d'environ 780 000 euros chaque année pour ses interventions sur le sol français - un budget qui triple au niveau mondial - a fait de la lutte contre l'exclusion sa priorité. Prônant le « mieux vivre pour tous », il se distingue notamment par la forte implication des collaborateurs du Groupe dans les actions solidaires soutenues par le Fonds, à toutes les étapes des projets. Pour Joël Tronchon, délégué général du fonds et par ailleurs directeur du développement durable du groupe, l'objectif est donc clair : continuer à fédérer et motiver les collaborateurs, afin de bâtir des partenariats solides sur le terrain et de mieux identifier les défis de demain. À la clé, Joël Tronchon espère pouvoir apporter des réponses concrètes dans le champ de l’innovation sociale.

[ENTRETIEN ] Joël Tronchon, délégué général du Fonds de dotation SEB
[ENTRETIEN ] Joël Tronchon, délégué général du Fonds de dotation SEB

 

Pouvez-vous revenir sur votre parcours ?

 

J’ai commencé comme Responsable des Relations Entreprises à la Fondation Agir Contre l’Exclusion. J’y suis resté 5 ans, puis je suis parti apprendre les Ressources Humaines chez L’Oréal durant cinq ans, avant de prendre d’autres postes de RH, nationaux et internationaux au sein du groupe Casino. J’ai ensuite intégré TEFAL au sein du Groupe SEB en tant que DRH Activité Articles Culinaires, et enfin, je suis devenu Directeur du Développement Durable du Groupe SEB, ainsi que Délégué Général du Fonds de dotation.

 

Pourquoi avoir décidé de retrouver le secteur philanthropique en prenant la direction du Fonds de dotation du groupe SEB ?

 

Je ne l’ai jamais vraiment quitté, car je pilotais déjà des projets d’insertion dans mes différentes fonctions chez L’Oréal, Casino et TEFAL où j’ai d’ailleurs contribué à créer EIDRA, une entreprise d’insertion. EIDRA réalise des activités de sous-traitance industrielle (reconditionnement de produits) et de conciergerie d’entreprise. En tant que RH, j’ai toujours tenu à mener une politique d’ancrage local et territorial, en m’investissant dans des projets ayant un impact positif en termes d’emploi.

 

Pouvez-vous revenir sur la création du Fonds de dotation ? Quelles sont ses principales missions, et ses objectifs pour les prochaines années ?

 

À l’origine, c’était une fondation, créée en 2007. Les salariés avaient été questionnés sur l’axe d’intervention qu’ils souhaitaient voir la fondation soutenir, et avaient choisi l’action contre l’exclusion. Nous avons donc gardé nos valeurs et nos axes d’intervention, mais avec un véhicule juridique différent, qui permet une plus grande souplesse en termes de gouvernance et de gestion de projets. Le Fonds de dotation nous donne la possibilité de faire cotiser des partenaires d’origines très différentes, de cofinancer des projets, et d’être plus flexible en termes de dotation, ce qui n’est pas possible avec une fondation. En clair, le Fonds de dotation nous permet de pouvoir réévaluer les dotations de manière flexible, selon la santé économique du groupe et les opportunités. Quant à nos missions et nos objectifs, ils restent les mêmes. Nos axes d’intervention sont l’insertion professionnelle, l’éducation et la formation, l’équipement du logement et l’accès à l’alimentation saine, et enfin depuis 2015, l’aide aux personnes en difficulté pour des raisons de santé. Nous soutenons entre 10 et 15 gros projets par an, et 15 avec API’Sol (Appel à Projets Internes Solidaires). L’objectif, c’est dans un premier temps de garder ce lien fort avec nos sites et nos territoires. Ensuite, de contribuer à l’innovation sociale, en repérant de nouveaux projets et de nouvelles tendances, afin d’apporter des solutions vraiment différentes. Et bien sûr, de continuer à fédérer et motiver les collaborateurs.

 

 

Comment sont d’ailleurs sollicités les collaborateurs du Groupe par le Fonds de dotation ?

 

De plusieurs manières. Déjà, douze collaborateurs élus par le conseil d’administration, qui constituent un panel représentatif de nos différents sites en France, participent à la validation des projets financés par le fonds. Nous décidons tous ensemble des projets soutenus. Par ailleurs, nous avons multiplié au fil des ans plusieurs formes d’engagement des salariés. Nous avions dès le départ un noyau dur d’une centaine de personnes déjà très investies dans la vie associative, mais nous voulions mobiliser les autres. Alors nous avons créé la “Charity Week”. L'an dernier, plus de 48 filiales partout dans le monde ont participé à des journées solidaires qui s’étendent sur une semaine en soutien à des associations locales, pas nécessairement partenaires du fonds. Une partie du budget du fonds (ie : 780 000 euros en France en 2017, 2,7 millions d’euros pour le mécénat mondial, filiales inclues) est également dédiée au programme API’Sol, qui permet de financer à hauteur de 500 à 3500 euros des projets de moindre envergure, à impact local, sélectionnés par des salariés. Enfin, tout au long de l’année, nos collaborateurs sont sollicités pour du mécénat de compétences, qui n’est pas défiscalisé. Et nous avons lancé l’an dernier le team-building solidaire, qui fonctionne très bien.

 

Au quotidien, quel est votre rôle au sein du Fonds ? Votre activité est-elle complémentaire avec celle de Directeur du Développement Durable ?

 

Je travaille avec une responsable du mécénat, avec laquelle j’ai structuré une politique de mécénat international, qui sert à fixer les règles en termes de mécénat pour les nouvelles filiales lors du rachat par SEB. Le fonds, c’est 20% de mon activité. Le reste du temps, je m’occupe du développement durable du groupe. Et bien qu’il faille faire la part des choses entre le social business et le mécénat du Fonds de dotation, oui, nous solidifions de plus en plus de relations avec des partenaires rencontrés par l’intermédiaire du fonds. Nous coopérons par exemple avec Handicap International sur l’inclusion des consommateurs ayant un handicap. Nous réfléchissons depuis au design « inclusif» de produits pour les personnes aux besoins particuliers liés à leur handicap.

 

Quel est votre regard en général sur le secteur philanthropique ? Que pensez-vous de son évolution ces dernières années ?

 

Je trouve qu’il évolue très bien. J’observe un mouvement de concentration, où des structures associatives fragiles fusionnent avec des plus grosses ou plus robustes : cela permet de mieux amortir les coûts fixes, ce sont des mouvements de rapprochement intelligents. Par ailleurs, depuis environ cinq ans, on assiste à une vraie professionnalisation des associations, ce qui était leur point faible. Les profils des dirigeants sont de plus en plus entrepreneurs, ils co-construisent avec le public et adoptent des méthodes entrepreneuriales. Ce n’est pas un hasard si ce secteur attire des profils de plus en plus diplômés. L’impact social intéresse aussi davantage les entreprises, ce qui conduit ces deux mondes à se rapprocher.

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