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Par Carenews PRO - Publié le 4 avril 2018 - 16:23 - Mise à jour le 9 avril 2018 - 08:04
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[ENTRETIEN] Stéphane Latxague, directeur général de Surfrider Foundation Europe

Investi auprès d’ONG depuis plus de vingt ans, Stéphane Latxague est depuis 2003 à la tête de Surfrider Foundation Europe. Fondée en 1990, l’organisation se déploie aujourd’hui dans pas moins de neuf pays, et affiche plus de 12 000 adhérents. Sa mission ? Protéger le littoral et les océans. Soucieuse d’accompagner au mieux les transitions écologiques de son époque, elle multiplie notamment les actions de mobilisation et d’éducation avec et pour le grand public. Quelques semaines après la clôture de la 24e édition des Initiatives Océanes, l’une des opérations phares de l’ONG, Stéphane Latxague revient sur son action au sein de Surfrider Foundation Europe, et livre son regard sur le mécénat.  

[ENTRETIEN] Stéphane Latxague, directeur général de Surfrider Foundation Europe
[ENTRETIEN] Stéphane Latxague, directeur général de Surfrider Foundation Europe

 

Quel est votre parcours ?

 

J’ai reçu une formation universitaire pluridisciplinaire, puis j’ai exercé plusieurs emplois dans différents milieux comme l’art contemporain, le sport et la glisse, le commerce… Je suis ensuite devenu logisticien dans une ONG (i.e. : Télécoms Sans Frontières), puis directeur des opérations et du développement. J’ai enfin rejoint, en 2003 Surfrider Foundation Europe en tant que directeur général. Depuis, j’ai accompagné le développement de la mission et de la structure.

 

Quels sont les principaux champs d’intervention et actions de Surfrider Foundation Europe ?

 

Nous avons trois grands programmes : autour de la lutte contre les pollutions de l’eau, de la problématique du plastique, et de l’aménagement du territoire littoral. Nous travaillons aussi la question de l’océan et du climat comme un enjeu prééminent et transversal. Contrairement à la majorité des autres ONG, nous n’avons pas de mode opératoire unique, nous faisons aussi bien de la communication d’influence que de l’activisme de terrain, en passant par l’éducation des enfants et le lobby. Nous pensons que la problématique des océans est complexe et que faire face aux enjeux nécessite de savoir activer tous les leviers d’action simultanément.

 

Comment s’articulent vos différents partenariats ?

 

Nous avons de nombreux partenaires multisectoriels, et nous avons un processus particulier pour travailler avec ceux issus du secteur privé. Il y a d’abord un processus d’identification des partenaires avec lesquels on veut ou ne veut pas s’associer. Puis, comme nous avons la conviction que la transition sociétale doit se faire avec la participation de l’entreprise, nous entamons ensuite le dialogue avec l’entreprise pour déterminer le format de collaboration le plus pertinent : dialogue sans engagement, mécénat en direct ou via des fondations, partenariat, sponsoring, prestations… Concernant la partie prestation, l’idée est d’aider les enjeux de RSE à se propager auprès des salariés des entreprises, aussi nous organisons donc des team building sur l’environnement avec le personnel d’entreprise.

 

Vous êtes intervenant dans des universités et école de commerce sur la RSE. Pourquoi cette démarche ? Quant aux étudiants, sont-ils réceptifs ?

 

Pour avoir élaboré des partenariats entre les ONG et les entreprises depuis plus de 20 ans, j’ai constaté qu’il y avait souvent un problème de compréhension du potentiel du sujet, voire du cadre global RSE, dans la formation initiale de mes interlocuteurs. Pour le moment, j’ai l’impression que, pour de nombreux étudiants, la RSE reste parfois une « matière » parmi d’autres. C’est un sujet qui cherche encore sa manière d’être enseigné dans les écoles et universités pour être, comme dans les entreprises modernes, intégré au cœur des enjeux de la stratégie. Aussi, en tant que directeur d’ONG, je voulais essayer de contribuer à former au plus tôt les futurs cadres ou entrepreneurs. Par ailleurs, enseigner me permet à titre personnel de me tenir à jour sur des fondamentaux et des problématiques qui évoluent en permanence.

 

Vous êtes également au conseil d’administration de fondations et d’autres associations européennes sur la protection des océans (1 % For The Planet). Dans quel but ?

 

Je travaille pour une ONG, car je crois en la nécessité de changer le monde. Notre défi est celui d’une transformation sociétale globale, et il est difficile. Aussi, je m’empare de tous les outils qui sont à ma disposition. L’idée est de pouvoir regarder un même sujet à partir de postes d’observation différents. Tout comme l’enseignement me sert à réviser des fondamentaux théoriques, ma présence aux conseils d’administration me permet d’être au cœur d’autres écosystèmes.

 

Un rapport sur la pollution par les biomédias vient d’être publié par la Surfrider Foundation Europe. Pouvez-vous revenir sur ses principaux enseignements ?

 

La pollution par le plastique est incroyablement symbolique de la difficulté de changer nos sociétés. Le biomédia (i.e. : des petites rondelles de plastiques qui servent à fixer les bactéries et les produits dépolluants), c’est la pollution par le plastique à travers un outil de dépollution. Je suis très fier de notre action sur ce sujet, car non seulement il s’agit d’une pollution que personne n’avait détectée ni identifiée avant l’intervention de Surfrider, mais qui plus est je crois beaucoup à l’action citoyenne et ce sont nos bénévoles qui sur le littoral ont remarqué leur présence, et mené leur enquête. Au final, voici donc un problème de pollution qui va être résolu grâce à l’action conjuguée de nos bénévoles et de nos experts : c’est un bel exemple de ce que notre organisation peut produire de meilleur ! Cette pollution est aussi particulièrement intéressante, car l’homme croit avoir innové techniquement, pourtant, parce qu’ils sont mal utilisés, les biomédias finissent par millions dans les mers et les océans. Elle est symbolique de notre besoin de changer en profondeur nos actions, mais aussi notre état d’esprit : par exemple, de ne plus croire seulement au fantasme technologique pour faire face aux nécessaires enjeux de transition.

 

Quel regard portez-vous sur le mécénat aujourd’hui ?

 

Le mécénat, s’il est bien pensé, peut non seulement avoir un impact positif sur des actions d’intérêt général, mais il peut aussi produire une subversion positive des mécènes ! Ainsi, s’il va donner les moyens aux ONG de remplir leur mission et d’essayer d’être à la hauteur de leur responsabilité croissante ; si l’entreprise donatrice a intégré son mécénat au sein d’une politique de RSE au cœur de sa stratégie, alors l’action que va produire l’ONG pourra alors nourrir aussi ses dynamiques de transition.

 

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