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Par Carenews PRO - Publié le 31 mai 2018 - 14:16 - Mise à jour le 3 novembre 2021 - 16:23
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Nicolas Truelle, directeur général des Apprentis d’Auteuil

Nicolas Truelle est directeur général des Apprentis d'Auteuil depuis 2014. Il revient sur son parcours et évoque la trajectoire de l'association.

[ENTRETIEN] Nicolas Truelle, directeur général des Apprentis d’Auteuil
[ENTRETIEN] Nicolas Truelle, directeur général des Apprentis d’Auteuil

Diplômé de Polytechnique et de l’École des Mines, Nicolas Truelle a effectué une longue carrière en entreprise avant de rejoindre Apprentis d’Auteuil, dont il est devenu directeur général en 2014. Depuis, il met son savoir-faire et son expérience au profit de la fondation historique, qui a fêté ses 150 ans en 2016. Après le temps des enseignements, vient celui de l’action : Nicolas Truelle aborde l’avenir et les actions de sa fondation avec la même détermination, malgré quelques inquiétudes qu’il partage avec Carenews. 

 

Vous êtes passé chez Sanofi, Via Location et Weinberg Capital Partners. Comment êtes-vous arrivé à Apprentis d’Auteuil ?

 

Après 25 ans passés dans le monde de l’entreprise, j’ai fait la rencontre d’un chasseur de tête missionné par le conseil d’administration d’Apprentis d’Auteuil. Cela s’est fait de manière plutôt pragmatique, jusqu’à ce que je découvre cette grande maison avec plus de 5 000 salariés et 200 établissements. J’ai immédiatement trouvé la mission d’éducation des jeunes les plus fragiles et de travail avec les familles passionnante.

 

Comment mettez-vous à profit votre expérience passée ?

 

D’une part, je m’appuie sur mon expérience de management d’entreprise :  la mission d’éducateur ou de formateur demande beaucoup d’attention aux jeunes, il faut donc une grande attention à la qualité des organisations et à chaque personne qui travaille avec les jeunes. Par ailleurs, Apprentis d’Auteuil est probablement, dans le monde de l’action sociale l’une des structures les plus connectées avec les entreprises, ma propre expérience dans le monde de l’entreprise peut donc renforcer cet échange. Aujourd’hui par exemple, les grandes entreprises sont de plus en plus nombreuses à ne plus réserver leur formation aux plus qualifiés dès le départ, mais à ceux dont le parcours a été le plus difficile. Parler avec ces entreprises est relativement simple pour moi, car je connais ce monde. Enfin, Apprentis d’Auteuil est une fondation catholique, et ceci venait rejoindre mes convictions profondes.

 

Pouvez-vous nous présenter, dans les grandes lignes, les actions de la fondation ?

 

Depuis 150 ans (la fondation a fêté ses 150 en 2016) nous creusons le même sillon autour de quatre verbes : accueillir, éduquer, former et insérer des jeunes confrontés à des difficultés. Nous avons des activités réparties dans quatre domaines : la protection de l’enfance, la formation scolaire, l’insertion sociale et professionnelle, et enfin depuis environ dix ans le travail avec les familles. Dans ce dernier domaine, nous avons ouvert dans les dernières années également des Maisons des Familles, où des parents isolés en rupture de lien social viennent retisser des liens afin de pouvoir reprendre leur rôle de parents. Au total, nous avons un peu plus de 200 établissements, 5 000 salariés et autant de bénévoles, qui prennent en charge près de 25 000 jeunes et 6 000 familles chaque année en France. À l’international, nous avons tissé des partenariats dans une cinquantaine de pays avec des associations œuvrant dans les mêmes domaines que les nôtres. Nous envoyons des jeunes accueillis par Apprentis d’Auteuil en France pour des chantiers de solidarité internationaux, aidons les associations dans la formation de leurs éducateurs, la structuration de leur association, la recherche de fonds… Et nous travaillons de plus en plus ensemble et mutualisons nos connaissances pour faire évoluer nos pratiques.

 

La Fondation Apprentis d’Auteuil est également une fondation abritante (18 fondations abritées). Quels sont les avantages de ce statut ?

 

La Fondation Apprentis d’Auteuil est une fondation reconnue d’utilité publique depuis 1929, et abritante depuis 2009. Nous abritons 18 fondations travaillant autour des mêmes thématiques que les nôtres. Elles trouvent chez nous un support administratif, mais aussi un terrain d’action auprès des jeunes d’Apprentis d’Auteuil. C’est une synergie intéressante car les fondations abritées apportent un angle d’approche différent et des motivations supplémentaires. Les fondations abritées arrivent avec une vraie conviction et sont force de proposition auprès de nos établissements, ce qui est très stimulant. Cela fait un bien fou à tout le monde : aux fondateurs qui voient la dynamique qu’ils impulsent, aux établissements qui se sentent reconnus, et aux jeunes qui doutent souvent d’eux-mêmes et gagnent en estime. C’est une dynamique tout aussi positive avec les fondations d’entreprises qui nous soutiennent, l’effet d’entraînement est fantastique !

 

Quel est votre regard sur le mécénat dans son contexte actuel ? Les entreprises sont-elles réellement de plus en plus nombreuses à s’engager ?

 

Je n’ai que trois ans de recul, mais le développement quantitatif du nombre de partenariats est une réalité. Il est également qualitatif : les entreprises ne donnent plus simplement du temps, un savoir-faire ou de l’argent, on sent désormais un véritable échange. Des collaborateurs d’entreprises participent à des actions de solidarité et l’on sent que ce seul fait représente une source de motivation au sein de leur entreprise. Les jeunes ont quant à eux une image plus humaine des collaborateurs, alors que l’entreprise représente pour nombre d’eux un monde inaccessible. C’est l’une de mes découvertes en arrivant ici : les jeunes et les familles attendent d’être accueillis par le monde de l’entreprise et font confiance à l’école, alors que certains chefs d’entreprise ne s’en remettent plus à l’école pour trouver des jeunes bien formés. Le défi est de réconcilier ces trois pôles : les jeunes et leur famille, le monde de la formation et celui de l'entreprise. Apprentis d’Auteuil donne la possibilité de renouer ce dialogue, et le mécénat est un vecteur essentiel.

 

La disparition de l’ISF fait naître foule d’inquiétudes au sein des fondations et associations. Quelle est votre position sur le sujet ? Craignez-vous de perdre une source de financement significative de la part de vos moyens et grands donateurs ?

 

Bien sûr que cela nous inquiète ! Une partie de nos donateurs sont des donateurs de longue date qui nous continuent de nous soutenir, mais il faut aussi reconnaître qu’un certain nombre de donateurs a donné de manière croissante grâce à la réduction fiscale liée à l’ISF et la disparition de l’avantage fiscal est trop brutal pour permettre un maintien du don. C’est pourquoi nous avons voulu attirer l’attention des pouvoirs publics. Ce changement brutal a des conséquences financières importantes, d’autant plus que le passage au prélèvement à la source a préoccupé les donateurs quant à la déductibilité des dons.

 

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