L’insertion professionnelle, en quoi ça consiste ?
On en parle beaucoup, mais qu’est-ce que l’insertion professionnelle ? Quelle est la différence entre une entreprise d’insertion et une association intermédiaire ? Réponses avec Ali Taleb, responsable emploi, insertion et formation au sein de la Fédération Envie.
Selon le Pacte d’ambition pour l’insertion par l’activité économique remis à Muriel Pénicaud, ministre du Travail, par Thibault Guilluy le 10 septembre 2019, deux millions de personnes sont éloignées d’une activité professionnelle en France. Face à ce constat, près de 4 000 structures d’insertion par l’activité économique (SIAE) œuvrent pour permettre aux personnes éloignées de l’emploi une insertion professionnelle durable.
Qu’est-ce que l’insertion professionnelle ?
L’insertion professionnelle est un terme générique. Il y a l’insertion professionnelle des jeunes diplômés qui vont intégrer le marché du travail. Et il y a la forme entendue par le secteur de l’ESS qui est, selon Ali Taleb, responsable emploi, insertion et formation au sein de la Fédération Envie, « une insertion vers l’emploi durable des personnes en précarité et en difficulté sociale ».
Ayant émergée dans les années 70 et entérinée par la loi de 1988 sur le RMI (revenu minimum d’insertion), l’insertion professionnelle concerne toutes les personnes de 18 ans à l’âge de la retraite en difficulté face à l’emploi. « On va distinguer plusieurs catégories selon l’âge, le statut social ou le statut démographique », précise Ali Taleb. Les publics concernés sont, selon le Pacte d’ambition pour l’insertion par l’activité économique :
- Les chômeurs de longue durée,
- Les bénéficiaires de minima sociaux,
- Les chômeurs en situation de handicap,
- Les jeunes sans emploi et hors du système scolaire,
- Les personnes sans ressources,
- Les personnes vivant dans un territoire fragile,
- Les parents isolés ou encore les personnes récemment arrivées en France
3 843 structures d’insertion par l’activité économique (SIAE)
En 1991, la démarche d’insertion par l’activité économique (IAE) est reconnue et les structures d’insertion par l’activité économique (SIAE) voient le jour. On distingue quatre catégories de SIAE : les ateliers et chantiers d’insertion, les associations intermédiaires (AI), les entreprises d’insertion (EI) et les entreprises de travail temporaire d’insertion (ETTI). Selon la Direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques (Dares), rattachée au ministère du Travail, le secteur de l’IAE compte 3 843 SIAE en France en 2019.
Les SIAE sont conventionnées par l’État. « L’agrément qui est révocable, s’obtient sur l’étude du dossier et prend en compte les critères d’impact à l’emploi, la nature du public recruté, les critères sociaux du public recruté, le modèle économique et l’activité qu’elle produit », détaille le responsable de la fédération. Les entreprises s’engagent sur un nombre de salariés en équivalent temps plein qu’elle va recruter. Les SIAE accueillent 134 300 salariés en parcours d’insertion soit 82 700 emplois en équivalent temps plein (ETP) selon la Dares.
Comment rendre une insertion professionnelle facilitée ?
Le salarié en parcours d’insertion est donc employé dans le cadre d’un CDDI, un contrat à durée déterminée d’insertion, allant de quatre mois à deux ans maximum. Le CDDI, renouvelable par l’entreprise, peut aller jusqu’à cinq ans pour les personnes en situation de handicap, celles dont la formation et la fin du contrat se chevauchent et les personnes de plus de 50 ans. « À la fin du contrat, soit la personne a trouvé une sortie positive, c’est-à-dire une formation qualifiante ou une nouvelle structure d’insertion, soit une sortie dynamique, c’est-à-dire un accès à l’emploi durable, un CDD de plus de six mois ou un CDI. » Dans le cas contraire, la personne quitte le parcours d’insertion professionnelle et est de nouveau accompagné par Pôle emploi.
À la suite du parcours d’insertion par l’activité économique, six personnes sur dix trouvent un emploi durable ou une formation qualifiante, en 2019, selon la Dares. « Pour autant, cela veut dire que trois personnes sur dix éprouvent encore des difficultés », rappelle Ali Taleb.
Réforme de l’IAE en 2021
La rentrée 2021 a été marquée par de grandes avancées très attendues par le secteur. Deux décrets du 30 août 2021 sont venus compléter la loi relative au renforcement de l’inclusion dans l’emploi par l’insertion par l’activité économique et à l’expérimentation « territoire zéro chômeur de longue durée » promulguée le 14 décembre 2020. Parmi les changements, la mise en place de la plateforme de l’inclusion. Cet outil en ligne met en relation les employeurs de SIAE avec les candidats éloignés de l’emploi. L’éligibilité des candidats est désormais vérifiée a posteriori. « On facilite le recrutement », salut Ali Taleb.
Autre point de la réforme : la mise en place du CDI inclusion visant à lutter contre le chômage des seniors. Ce nouveau contrat permet aux structures d’insertion de recruter des salariés de plus de 57 ans en CDI. La prolongation de la réforme de l’IAE a également permis la mise en place d’un plan d’investissement dans les compétences (PIC), un fonds dédié à la formation pour le secteur de l’IAE. Ce PIC IAE sera ainsi mobilisé pour le personnel encadrant les salariés en parcours d’insertion. Une avancée saluée par le secteur comme en atteste Ali Taleb :
La formation est à la fois l’outil obligatoire, mais aussi efficace pour faire monter en compétences les personnes que l’on recrute. C’est un levier fort pour l’accès à l’emploi durable.
- 3 questions sur l’insertion professionnelle à Pierre Coppey, président d’Aurore
- 8 incubateurs à vocation sociale
- Les fondations engagées pour l'insertion professionnelle
- Insertion professionnelle : l’épineuse question de la mobilité
- 5 dates à connaître sur l'insertion professionnelle
Lisa Domergue