[ENTRETIEN]Cédric Laroyenne, responsable innovation sociale, Fondation Accenture
Arrivé à Fondation Accenture il y a sept ans en stage, Cédric Laroyenne, après un passage à la RSE, dirige désormais le pôle innovation sociale de la fondation. Avec pour mission le développement d’un chantier d’envergure : Innovation for Society, un programme présenté le 30 mai dernier lors des 22 ans de la fondation, destiné à impulser l’investissement social des entreprises sur les territoires à travers un panel de solutions innovantes et collectives. Entretien.
Quel est votre parcours ?
Lorsque j’étais en école de commerce, j’ai effectué une mission humanitaire à Madagascar qui m’a permis de comprendre que je voulais lier le début de ma carrière à l’intérêt général. Puis en m’intéressant au pouvoir que l’entreprise pouvait avoir sur la structuration du secteur associatif, j’ai découvert les fondations d’entreprises. J’ai donc effectué un stage au sein de la Fondation Accenture, à une période où elle souhaitait renforcer l’engagement des collaborateurs et l’empreinte sociale du groupe. J’ai ensuite intégré l’entreprise au pôle RSE, où j’ai été principalement chargé de mobiliser les collaborateurs en interne et de les sensibiliser à l’ESS. Enfin, je pilote le pôle innovation sociale depuis deux ans. En parallèle, pour garder un pied dans le secteur associatif, je siège au conseil d’administration de COJOB.
Vous êtes passé du pôle RSE à l’innovation sociale au sein de la fondation. Quelles étaient vos motivations ?
Nous vivons dans une époque assez incroyable qui nous permet d’impliquer encore plus l’entreprise dans l’intérêt général. Après avoir travaillé sur l’engagement des collaborateurs, j’ai compris que l’on pouvait aller plus loin en faisant converger sur certains sujets les entreprises classiques et les entreprises sociales pour répondre aux enjeux de la société. C’est d’ailleurs l’une des ambitions d’Accenture : co-construire des modèles innovants conjointement avec le secteur de l’ESS, tout d’abord en utilisant la technologie comme vecteur d’impact, puis en passant d’une collaboration verticale où la fondation met à disposition du tissu associatif de l’argent ou des compétences à une relation horizontale d’alliance des expertises des deux secteurs.
Selon vous, comment être réellement acteur de l’empreinte sociale que l’on a dans son écosystème ?
Comme élément de réponse, nous avons présenté au public le 30 mai dernier Innovation For Society, bien que le projet soit structuré depuis un an et demi. Nous avons développé trois axes : l’action de manière systémique sur les territoires, la technologie comme démultiplicateur d’impact, et enfin le développement de programmes d’open innovation. Et nous avons déjà les premiers résultats. Avec le projet Territoire Zéro Chômeur, nous allons atteindre les 50 salariés, avec un objectif de 150 d’ici fin 2019. Pour le volet technologique, nous travaillons principalement avec ShareIT, et avons recruté notre deuxième promo. Enfin, en ce qui concerne l’open innovation, nous avons créé une joint-venture sociale, Acces (25 salariés en insertion depuis un an et demi), et comptabilisons plus d’un million et demi de chiffre d’affaires généré pour les entreprises sociales avec qui nous collaborons. Et en parallèle, nous engageons toujours nos collaborateurs dans le cadre de Skills to Succeed, intégré à notre stratégie monde. Innovation For Society ne concerne pas seulement la fondation, c’est toute l’entreprise qui devient actrice de son empreinte sociale. J’ignore si c’est l’unique réponse, mais c’est notre conviction.
Plus largement, quel regard posez-vous sur l’essor de l’économie sociale et solidaire ?
Je suis plutôt convaincu qu’aujourd’hui il n’y a pas deux économies qui s’opposent, mais une seule économie qui va se créer, une économie inclusive. Il y aura toujours une distinction en termes de statut entre les entreprises privées, les entreprises à mission, les associations... Mais la finalité des acteurs économiques sera de faire du profit au service de l’intérêt collectif. C’est ce que je désire. Il faut changer le monde dans le bon sens, avec toujours derrière ce modèle économique qui restera en place, qui pour moi ne peut être remplacé, mais que l’on peut tordre pour le rendre plus vertueux et plus inclusif.