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Par Carenews PRO - Publié le 5 septembre 2018 - 10:28 - Mise à jour le 12 novembre 2021 - 13:03
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[ENTRETIEN] Gwenaëlle Thomas-Maire, directrice de Droits d’Urgence

En 2017, Droits d’Urgence a accompagné près de 85 000 personnes en situation de précarité. Depuis plus de 20 ans, l’association, qui compte aujourd’hui une cinquantaine de salariés, accompagne les plus démunis dans leurs procédures administratives et juridiques. Après un séjour à l’étranger et une expérience de journaliste, Gwenaëlle Thomas-Maire, venue du droit et des collectivités, en a pris la direction en 2013. Elle raconte comment Droits d’Urgence intervient au quotidien, et partage son regard sur le secteur de l’ESS.

[ENTRETIEN] Gwenaëlle Thomas-Maire, directrice de Droits d’Urgence
[ENTRETIEN] Gwenaëlle Thomas-Maire, directrice de Droits d’Urgence

 

Pouvez-vous revenir sur votre parcours ?

 

J’ai commencé par des études de droit, puis j’ai débuté mon parcours professionnel auprès d’élus que j’accompagnais sur le montage de dossier dans le département du Morbihan. J’ai ensuite été chargée de mission au Parti Socialiste pour les sujets d’agriculture, de décentralisation et de développement des territoires. Par la suite, j’ai passé un concours de la fonction publique territoriale, et été responsable des affaires foncières de la Mairie de Clamart. Puis dans le cadre d’une expatriation, de 2009 à 2012, je me suis occupée d’un journal francophone, dont j’étais la rédactrice en chef. De retour en France, j’ai eu envie de faire autre chose tout en restant dans l’intérêt général. J’ai rencontré Droits d’Urgence qui cherchait une directrice pour l’association.

 

Avez-vous toujours été attirée par l’intérêt général ?

 

Je pense que c’est en partie lié à mon éducation. J’ai des parents assez investis dans la collectivité, mon père a été maire pendant 18 ans. Ma mère était bénévole dans des associations. Quant à moi, je me suis assez vite orientée vers le droit public.

 

Pouvez-vous nous présenter Droits d’Urgence ?

 

C’est une association fondée par des avocats d’affaires en 1995, sur le constat que les personnes exclues ne se dirigent pas vers les lieux institutionnels pour se faire aider. Or, la question du droit est constitutive de l’être humain. Nous intervenons directement auprès de ces publics dans des lieux d’exclusion, et non là où des permanences juridiques existent déjà, comme les centres d’accueil ou d’hébergement. Notre approche est généraliste : nous allons étudier un droit, et à partir de là “découdre” car derrière, il y a souvent d’autres ruptures de droits, que nous allons essayer de réparer. Nous accompagnons et suivons ces personnes. Nous sommes dans une approche globale, nous allons vers la personne et travaillons avec d’autres partenaires comme des travailleurs sociaux pour avoir le suivi social et juridique le plus complet possible.

 

En quoi vos expériences passées vous servent aujourd’hui à piloter la structure ?

 

Mon profil n’est pas linéaire, je connais le droit, mais aussi le monde des collectivités, et les médias. Aujourd’hui, nous avons beaucoup de relations avec les pouvoirs publics, donc cette dimension de connaissance des pouvoirs publics, rien que pour les processus administratifs, est assez importante. Nous pilotons des actions et des services, c’est important de savoir comment nous envisageons leur évolution sur un territoire donné, et c’est aussi du ressort des élus.

 

Quel est votre regard sur le secteur de l’ESS ?

 

Je pense que l’on doit tous tendre vers l'ESS, aussi bien les pouvoirs publics que le privé. Il faut une meilleure appréhension des sujets sociaux d’une manière générale, et prendre en compte la dimension environnementale qui est aujourd’hui fondamentale. L’ESS ne doit pas être un secteur à part, mais un sujet pris en compte de manière transversale. En France, on voit beaucoup d’initiatives dans le secteur de l’ESS depuis deux ou trois ans, beaucoup d’appels à projets ou de collaborations entre start-ups. Mais le gouvernement doit en faire plus et soutenir davantage la prise de conscience du privé. Le numérique va également être un vecteur, car c’est un formidable outil de transmission des informations.

 

Justement, comment l’utilisez-vous chez Droits d’Urgence ?

 

Nous mettons en place un prototype de plateforme numérique d’accès aux droits. L’idée est de donner des informations pratiques et d’orienter vers les bons interlocuteurs, pour permettre aux gens de s’emparer les services. Nous cherchons à créer plus de solidarité sur les territoires, et c’est vraiment un outil privilégié pour multiplier l’impact, et permettre sur un même territoire de créer des synergies entre les services. Une victime de violences conjugales par exemple va avoir besoin d’une aide psychologique, mais aussi sur les questions de droit et d’hébergement. Avec cette plateforme, tous les services seront centralisés, elle fonctionne comme un guichet unique. C’était déjà notre volonté lorsque nous avons fondé le réseau Renadem en 2006. Nous nous étions rendus compte qu’il y avait vraiment des besoins dans les territoires isolés, où les services ne travaillent pas nécessairement ensemble.

 

Gwenaëlle Thomas-Maire a été élue ministre de la Justice du gouvernement idéal de l’ESS de Carenews par les internautes. Elle a présenté hier ses réformes lors du Conseil des ministres au forum mondial Convergences. Retrouvez-les prochainement dans notre livre blanc !

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