Panorama EY - Les entreprises pour la Cité : hybridation des modèles économiques
EY et Les entreprises pour la Cité ont publié leur 3e Panorama des fondations et des fonds de dotations créés par des entreprises mécènes. Depuis 2014, ce panorama s’attache à dresser un état des lieux de ces structures philanthropiques. Cette nouvelle enquête, menée auprès de 83 fondations et fonds de dotation et illustrée par des témoignages d’Antoine Sire (directeur de l’engagement d’entreprise chez BNP Paribas), Frédéric Bardeau (co-fondateur de Simplon.co) et Antoine Broto (responsable innovation et entrepreuneuriat social à la Fondation VINCI pour la Cité), s’attarde sur “l’hybridation des modèles économiques”. Conclusion ? Les frontières s’estompent entre les structures à but lucratif et non lucratif, réunies par la volonté grandissante de trouver un modèle économique à impact positif.
Des structures qui ont gagné en maturité
La création du nombre de fondations d’entreprises et de fonds de dotation enregistre une hausse conséquente par rapport à 2016 (+ 14 % et + 63 %). Le budget annuel, moyen (1,4 million d’euros) comme médian (740 000 euros) semble un peu modeste pour être stratégique, mais il augmente encore. 73 % des structures disposent désormais d’une politique de mécénat formalisée, et une large majorité des sondés affirme que l’intérêt général peut répondre à des enjeux stratégiques pour l’entreprise. L’heure est donc à l’expérimentation, avec la pratique répandue du mécénat croisé, un recours plus fréquent à la détection des projets en interne ou encore l’ouverture au mécénat collectif, sur la base d’un co-financement avec d’autres mécènes. Ces mutations s’accompagnent d’un repositionnement stratégique. Traditionnellement attachée à leur indépendance par le passé, les fondations sont aujourd’hui 61 % à avoir un objet social en lien avec le coeur d’activité de leur entreprise fondatrice. Un mouvement qui se traduit par la hausse régulière du nombre de structures rattachées opérationnellement à la présidence et à la direction générale (+ 25 % depuis 2014).
Véhiculer une image positive en interne comme en externe
C’est l’un des chiffres clés de cette étude : 90 % des 83 structures interrogées réalisent que leurs actions ont une répercussions positive (52 %), voire très positive (38 %) sur l’image de leur entreprise. De fait, elles n’hésitent pas à investir dans la communication : huit structures sur dix communiquent à la fois en interne et en externe. Les collaborateurs de l’entreprise, eux aussi, sont de plus en plus engagés. Les fondations sont en tout cas nombreuses à les solliciter, puisque 83 % d'entre elles ont mis en place des dispositifs ou programmes visant à les mobiliser. Ce chiffre devrait aller en s’accroissant, puisque 10 % des structures ont pour projet de faire appel à leurs salariés dans un avenir proche. Les dispositifs sont variés et témoignent de la volonté des entreprises de stimuler l’engagement au sein de leur fondation : proposition de projet (70 %), mécénat de compétences (57 %), actions collectives ponctuelles (54 %) et dons en nature (42 %) sont désormais des pratiques courantes. Les fondations souhaitent également mettre en valeur leur impact : près d’un tiers d’entre elles envisagent désormais mettre en place des démarches d’évaluation, contre 18 % en 2016.
Quid et enjeux de l’hybridation des modèles ?
Comment coordonner les activités des organismes d’intérêt général et des entreprises au service de l’intérêt général ? Faire fusionner le monde du lucratif et du non lucratif pour le bien commun ? À l’heure actuelle, 53 % des structures considèrent les fondations et fonds de dotation comme un outil d’expérimentation. En revanche, une grande majorité ne travaille pourtant pas avec les services de l’entreprise dédiés à la recherche/développement ou à l’innovation. La preuve que si l’hybridation des modèles apparaît comme une opportunité pour la majorité des structures, le mouvement manque encore de fondations solides. L’hybridation des modèles, par la diversité de ses enjeux comme des formes qu’elle peut épouser, n’est donc pas encore une réalité tangible. Il faut que les les structures parviennent à relever les principaux défis qui s’imposent à elle : acquérir une connaissance pointue des mécanismes existants, développer des synergies en interne (passerelles entre les différents organes philanthropiques) comme en externe (soutien aux autres acteurs de l’ESS, création de joint-ventures sociales…), et à gérer les risques liés à la question de la fiscalité. Le mouvement semble toutefois déjà en marche, puisque si 89 % des structures soutiennent des organismes “classiques” d’intérêt général (fondation, associations…), près d’un quart n’hésitent plus à se tourner vers d’autres acteurs de l’ESS (entreprises ESUS, Scop, Scic…).
[#LEPCLIVE] Conclusion de cette belle matinée de lancement du #PanoFonda18 par Philippe-Henri Dutheil Avocat associé Responsable national du département ESS @EYFrance "Affirmez fièrement que vous êtes acteurs du secteur social et solidaire, quel que soit votre modèle économique!" pic.twitter.com/sfe7ldB6Ls
— EntreprisespourCité (@LepC_France) 25 septembre 2018