[CNJ] L’association Surfrider, en lutte contre la pollution des océans
Depuis 1990, Surfrider Foundation Europe lutte pour la sauvegarde des océans. Qualité de l’eau et santé des usagers, aménagement et changement climatique, déchets aquatiques sont les principaux domaines sur lesquels l’association travaille. La lutte contre la pollution des océans, notamment les déchets plastiques, est d’ailleurs son combat majeur. Surfrider tente de sensibiliser aussi bien les citoyens que les entreprises et les pouvoirs publics à la défense des océans.
10 millions de tonnes de déchets terminent chaque année dans les mers et océans du globe, dont 80 % sont en plastique. « Ce que nous retrouvons sur les plages, ce sont d’abord des mégots, ensuite des emballages alimentaires plastiques en tout genre » confirme Sarah Hatimi, responsable du bureau Méditerranée de l’ONG Surfrider.
Pour sensibiliser le grand public, l’association organise chaque année depuis 25 ans les « initiatives océanes », des collectes de déchets un peu partout en Europe. « Ces derniers temps, nous nous sommes concentrés sur les bouteilles plastiques pour mesurer leur quantité et leurs impacts », poursuit Sarah Hatimi. « Notre objectif est de rassembler des données qualifiées pour faire du lobbying et entraîner des évolutions de la loi ». Sur chaque collecte, les participants doivent ainsi renseigner le temps qu’a duré le ramassage, sur quelle surface, combien ils étaient et la quantité de déchets récoltés. Il faut ensuite renseigner certains items comme les bouteilles plastiques, les sacs, les canettes ou les cotons-tiges, les principaux déchets retrouvé sur les côtes françaises. À partir de ces ressources, Surfrider produit chaque année un rapport sur les façades maritimes européennes qui permet d’établir des comparaisons. « Nous ne constatons pas de diminution des déchets ces dernières années, mais il n’y a pas de hausse non plus », avance la responsable de Surfrider.
Pour l’association, mieux traiter et recycler les déchets n’est pas une solution. Son ambition tient en un slogan du zéro déchet : réduire, réutiliser, recycler. « Nous prônons des changements de comportements et des politiques publiques. Nous vivons dans une société où nous consommons toujours plus, et à usage unique, surtout dans l’alimentation. Mais des solutions existent ! Arrêter d’utiliser des bouteilles plastiques est à la portée de tous ». Une bouteille plastique, l’association rappelle qu’il y en a 25 millions utilisées chaque jour en France, et que seules 30 % sont recyclées. C’est l’un des principaux déchets que l’on retrouve sur les plages françaises. Surfrider est ainsi particulièrement engagée pour mettre fin au plastique unique, et cela passe par une sensibilisation des citoyens, mais surtout des actions des institutions politiques, des communes aux instances européennes.
Mais pour en arriver là, l’association travaille aussi énormément à comprendre d’où viennent les déchets. Surfrider a d’ailleurs constitué une équipe scientifique en 2013, autour du projet Riverine Input, pour étudier le trajet et et les vecteurs des déchets vers les côtes. Les travaux donneront lieu à la publication d’un rapport en 2020. Son, ambition : donner des solutions concrètes d’action aux collectivités locales et au grand public en réglant le problème à la source. Car comme le rappelle l’association dans sa campagne 2019, à propos des déchets plastiques dans les océans : « On ne les voit pas, mais on sait qu’ils sont là ».
Ocean’s Zero, application zéro déchet
En novembre 2018, l’association Surfrider a lancé l’application « Ocean’s Zero », imaginée lors d’un hackathon par les collaborateurs de Bouygues Telecom. L’objectif : développer un outil numérique attractif pour sensibiliser les citoyens à la question des déchets aquatiques. L’application mobile propose 25 défis pour apprendre à réduire ses déchets au quotidien. Car pour rappel, 80 % des déchets retrouvés dans les mers et océans proviennent de l’intérieur des terres et sont parfois jetés très loin du littoral ! Pour chaque défi, Ocean’s Zero présente le problème et une solution simple pour le résoudre. Par exemple : « J’ai toujours un sac de course en tissu avec moi. » Il est rappelé qu’un sac plastique est utilisé en moyenne 20 minutes et reste des centaines d’années dans les océans. Conséquence : un million de mammifères marins meurent chaque année à cause de l’ingestion du plastique. La solution : refuser ces sacs et en utiliser des renouvelables en tissu. L’application propose ainsi des défis pour les bouteilles en plastique, les pailles, la fabrication de cosmétiques zéro déchet ou la réduction des emballages ménagers. Chaque utilisateur peut ainsi contribuer, à son rythme, à réduire les déchets des océans. Car l’association le rappelle : le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas.
Crédit photo : Surfrider Foundation Europe.
Article extrait du Carenews Journal n°13, été 2019, consacré à la pollution plastique.