[ENTRETIEN] Alain Villez, Président des petits frères des Pauvres
Le 1er juillet dernier, le Conseil d’Administration de l’association les petits frères des Pauvres a élu un nouveau Président, Alain Villez. Son prédécesseur, Michel Chegaray était en poste depuis 2008. En quelques chiffres, les petits frères de Pauvres ce sont 11 000 bénévoles et 558 salariés pour 36 400 personnes aidées. Le financement est réalisé à 74% par des legs et dons qui représentent 38 millions d’euros en 2014.
Un Président impliqué dans l'association depuis ses 17 ans
Alain Villez est impliqué chez les petits frères des Pauvres de « longue date » puisqu’il est arrivé « en 1969, à 17 ans. » Jeune, certes, mais « à l'époque, ce n'était pas si rare que ça, on avait plus d'étudiants voire de lycéens. Il s'agissait surtout de donner des coups de main ponctuels (à Noël, pendant les vacances). » Pourquoi a-t-il choisi cette cause ? Car « la vie est faite de hasards... » Il voulait se rendre utile pendant les vacances et il avait entendu parler des petits frères des Pauvres. Il a participé à un séjour de vacances pour personnes âgées en situation d'isolement et de précarité. Il y a travaillé comme permanent à partir de 1981, à la fraternité de Lille puis en 2002 au sein du conseil d'administration jusqu'à devenir président en juin.
Les premiers moments l’ont marqué, il dit que ce qu'il « y a découvert était suffisamment fort » pour y être encore « quelques années après. » Il a apprécié qu'on lui donne des responsabilités et a bâti des relations très fortes avec les personnes. C'est une expérience humaine très impliquante, jamais il n'avait connu cela.
Une fonction d'animation d'une très grande structure caritative
Les petits frères des Pauvres sont une très grande structure. Il y a le bureau, le Conseil d'Administration et puis bien sûr la déléguée générale et les directions régionales pour épauler le Président. Alain Villez a une fonction « d'animation de cet ensemble » et veille à ce que « chacun puisse exercer ses missions et donner son point de vue. » Sa connaissance du milieu associatif et de tout ce qui concerne l’accompagnement et l’encadrement des personnes âgées est sans doute pour lui un atout dans cette nouvelle charge.
L’une des nouvelles missions consiste à intégrer les associations "Amis des petits frères des Pauvres", ce qui fait passer le nombre de membres actifs de quelques 500 à 2100. De nouveaux statuts ont permis la fusion de la Fédération des associations « Amis des petits frères des Pauvres » avec l’Association de Gestion des Établissements des petits frères des Pauvres. Ce regroupement en une seule et même entité associative permet d’harmoniser le fonctionnement et le développement de l’association sur l’ensemble du territoire. De plus, La fondation va pousser celle-ci à s’élargir.
Il compte mener une politique volontariste pour développer le bénévolat et les actions territoriales. L'expérimentation de nouvelles formes de logement est également un sujet qu’il souhaite faire avancer.
Des donateurs fidèles et un discours optimiste sur les récoltes de fonds
L'association fait appel à la générosité du public et c'est un point sur lequel il est « relativement optimiste. » Les petits frères des Pauvres sont en effet « suivis fidèlement » par beaucoup de personnes et reçoivent « beaucoup de legs et de successions car leurs actions touchent la sensibilité et l'intérêt du public. » Les perspectives de développement sont bonnes car le public « est toujours au rendez-vous. » Alain Villez situe son discours aux « antipodes » du défaitisme. Les bénévoles comme les donateurs se félicitent de l'implication et du soutien de chacun. Il poursuit en expliquant que « cela peut paraître fragile, mais il y a une contrat moral avec les donateurs. » La force de ce fundraising : « on les tient beaucoup informé (rapports d'activité, mailings). Par rapport au budget, l'équipe n'est pas si grande. Une vingtaine de personnes pour la national, mais « tout le monde participe. »
Pour la fondation abritante, il s'agit surtout de dons de particuliers. Avec les fondations abritées, ils ont reçu le soutien d'entreprises mécènes. Parfois, les petits frères des Pauvres reçoivent tout de même des soutiens d'entreprises mais de façon ponctuelle ou locale, beaucoup par du don en nature. Mais le mécénat d’entreprise n'est pas du tout une majorité du budget. Les chargés de récolte de fonds suivent beaucoup les donateurs, c'est par exemple le métier des testateurs que d'être en relation avec les personnes et de suivre toutes les informations.
Concernant les évolutions du secteur, Alain Villez s'intéresse de près à l'encadrement et à la structuration du bénévolat, pilier des petits frères des Pauvres.
Crédit photo : Les petits frères des Pauvres