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Par Carenews PRO - Publié le 4 octobre 2017 - 15:46 - Mise à jour le 9 octobre 2017 - 13:37
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[OCTROSE] [ENTRETIEN] Camille Ropert, lauréate de la bourse Déclic Jeunes

Quand l’art se met au service de la bonne cause… (ou l’inverse ?) Carenews a rencontré Camille Ropert, lauréate lilloise de la bourse Déclic jeunes de la Fondation de France pour son projet de photographie « Reprendriez-vous bien un peu de thé ? ». Son projet met l’accent sur le corps après le cancer à travers un procédé photographique à base de mise en scène esthétisées. Pour ce faire, la photographe formée en communication et en audiovisuel a rencontré 10 personnes, 9 femmes et 1 homme (1 % des cancers du seins concerne les hommes), qu'elle a appris à connaître afin de construire les mises en scène par rapport à leur univers.

[OCTROSE] [ENTRETIEN] Camille Ropert, lauréate de la bourse Déclic Jeunes
[OCTROSE] [ENTRETIEN] Camille Ropert, lauréate de la bourse Déclic Jeunes

Parlez-nous de votre projet.

 

On ne fait pas un projet par hasard : ma mère a eu un cancer du sein. Ce qui m’a tout de suite intéressée, ça a été de savoir comment les gens rebondissaient lorsque le corps médical recule et qu’on dit aux victimes « vous êtes en rémission ». Du jour au lendemain, le quotidien fait de soins permanents change pour basculer dans un « retour à la normale ». J’ai voulu voir comment chacun et chacune se réappropriait son quotidien et son corps mutilé, et d’autre part, quel impact cela avait dans la famille. C’est une démarche artistique qui s’intéresse à la reconstruction psychologique. Un grand travail en amont a donc été nécessaire. J’ai commencé à rencontrer des gens via des hôpitaux. On m’a mis d’abord en contact avec des oncologues, des psychologues, des psychiatres, qui m’ont ensuite conduite vers des patientes qui seraient susceptibles de vouloir témoigner. Il y a aussi eu de belles rencontres par hasard. Je me suis vraiment immergée dans leur quotidien, aux côtés de leur entourage.

 

Que pensez-vous de ce qui est fait pour les victimes du cancer du sein par les associations et les fondations ?

 

De plus en plus de choses sont faites. Octobre rose est une action belle et positive, Le cancer du sein parlons-en ! et la Ligue contre le cancer sont de grosses structures qui font un travail incroyable. Concernant les plus petites, je pense également à Émeraude. Toute cette mobilisation permet aussi de faire communiquer les personnes qui ont vécu la même chose. D’après la plupart des témoignages que j’ai eus, cette possibilité d’échanger est une aide précieuse. Mais il y a un travail d’humanisation à faire également à l’hôpital : certaines femmes m’ont parlé de cette impression d’être un numéro en milieu médical – malgré le travail incroyable en matière d’accompagnement que réalise le personnel médical dans certains lieux. Enfin, il y a également besoin d’aide lorsque le corps médical se retire. Je pense surtout que ce qui pèse encore et qui n’est pas encore très clair dans les mentalités, c’est le regard porté sur une femme lorsque son corps a changé suite à la maladie. Par exemple, une personne que j’ai rencontrée ne comprenait pas pourquoi une femme pouvait hésiter à propos de la reconstruction mammaire. Je pense qu’aujourd’hui on devrait penser qu’une femme reste femme même avec un sein en moins, et que le choix lui appartient. Le corps change après des expériences de vie et doit être accepté comme tel, il n'y a pas de bon ou mauvais choix et une femme n'est pas forcement obligé de passer par une reconstruction physique pour se reconstruire psychologiquement : c’est ce message que je cherche à faire passer dans mes photos. Ce qui est dommage, c’est la présentation d’images de femmes trop lisses et trop superficielles sans lien avec la complexité de l’être humain et de la maladie. J’essaie de proposer de montrer le corps tel qu’il est vraiment après la maladie.

 

 

Que vous a apporté la bourse Déclic Jeunes ?

 

Elle m’a permis tout simplement de faire ce projet (rires) ! Elle m’a aidé à financer du matériel, mes tirages, le contre-collage… Toutes sortes de dépenses impossibles à assumer seule, le matériel audiovisuel étant très cher. D’autre part, la bourse m’a apporté une légitimité, forcément. Dans toutes les démarches que j’ai dû effectuer pour présenter mon projet, auprès de toutes les personnes que j’ai contactées, le fait d’être suivie par la Fondation de France m’a apporté du crédit. On m’a plus facilement fait confiance. Grâce à cette fondation, je peux tenir dans la durée. Enfin, c’est surtout un soutien moral : le fait que quelqu’un croie en nous permet de faire de grandes choses.

 

Quels sont vos futurs projets artistiques ?

 

Une exposition à côté de Bordeaux dans une dizaine de jours (du 12 au 18 octobre), à Andernos. Elle se déroulera dans la salle Louis David, et exposera les deux premières séries de mon projet « Reprendriez-vous bien un peu de thé ? ». Je recherche d’ailleurs activement d’autres salles pour exposer à Paris et à Lille notamment. D’autre part, j’ai réalisé un clip pour la chanteuse Brisa Roché qui devrait bientôt sortir. Enfin, je suis quelqu’un qui voyage beaucoup, et je vais partir vivre à Montréal puis à Vancouver pour de nouveaux projets de photographie documentaire cette fois.

 

Camille Ropert et ses projets sont à retrouver sur sa page facebook.

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