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Par Carenews INFO - Publié le 17 février 2021 - 12:00 - Mise à jour le 17 février 2021 - 14:32
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Accès à l’eau : 1001fontaines veut faire « changer d’état d’esprit les gouvernements »

Depuis sa création en 2004, l’ONG 1001fontaines travaille, à son échelle, à l’atteinte de l’ODD 6 concernant l’accès à l’eau. Et est convaincue du potentiel des solutions décentralisées comme la sienne.

Crédit photo : regionales.
Crédit photo : regionales.

Le droit humain à l’eau potable a été reconnu pour la première fois en 2010, lorsque l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution reconnaissant « le droit à l'eau potable et à l'assainissement en tant que droit humain essentiel à la pleine jouissance de la vie et de tous les droits humains », avant que le Conseil des droits de l'homme ne la confirme. Cinq ans plus tard, les États membres des Nations unies ont défini leur programme de développement durable à l’horizon 2030, établissant 17 objectifs de développement durable (ODD). Le sixième ? « Garantir l’accès de tous à l’eau et à l'assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau ». La cible 6.1 précise l’objectif « d’ici à 2030, (d’)assurer l’accès universel et équitable à l’eau potable, à un coût abordable »

La tâche est immense : dans leur dernier rapport dédié au sujet, l’OMS et l’UNICEF révélaient qu’en 2017, 2,2 milliards de personnes, soit 29 % de la population mondiale, n’avaient pas accès à des services d’alimentation domestique en eau potable, et 4,2 milliards, soit 55 % de la population mondiale, ne disposaient pas de services d’assainissement gérés en toute sécurité. Huit personnes sur dix n’ayant pas accès aux services de base vivaient en milieu rural, dans les pays en développement. 

Un « modèle économique pérenne »

Propagation des maladies, frein au développement économique, barrière à l’emploi et à l’école… Ce manque d’accès essentiel a des conséquences logiquement dramatiques, comme le rapporte l’ONG 1001fontaines. Fondée en 2004 par un trio notamment constitué de l’ingénieur cambodgien Chay Lo, elle a créé et travaillé à implanter dans quatre pays un prototype de micro-usine de purification de l’eau à énergie solaire : le Water Kiosk. Julien Ancele, directeur général de 1001fontaines, nous a expliqué qu’il s’agissait d’un véritable « système d'infrastructures décentralisées » :

« Nous créons des micro-usines (60 mètres carrés) dans les villages. Nous allons chercher l’eau de la mare, de la rivière, parfois même des réseaux qui existent, que nous potabilisons et rendons apte à la consommation en créant des micro business. Nous formons des entrepreneurs locaux à la gestion et à la vente de l’eau, suivant un modèle économique pérenne : l’eau est vendue à un prix très faible, ce qui la rend accessible, mais permet à l’entrepreneur de tirer des revenus de son activité. »

L’ONG lève des fonds pour subventionner le démarrage des activités, qui s’autofinancent ensuite avec la vente d’eau. « Nous nous inscrivons dans l’action de social business telle que l’a théorisée Muhammad Yunus », revendique Julien Ancele. 1001fontaines est désormais présente au Vietnam, au Cambodge, au Myanmar et à Madagascar. L’Asie concentre « 80 % des problèmes d’accès à eau », explique le directeur général, qui mentionne également l’Afrique, notamment subsaharienne, et l’Amérique latine. 

« Pas tant d’une question de disponibilité que de qualité »

« Quand on parle d’accès à l’eau, précise-t-il, il faut bien avoir en tête qu’il ne s’agit pas tant d’une question de disponibilité que de qualité, puisque, bien évidemment, en Asie, il y a de l’eau partout, mais elle est assez souvent difficile à traiter, non traitée, ou mal traitée. » Et sur les territoires d’action de l’ONG, 2020 n’a pas tant été marquée par la pandémie de Covid-19 que par les effets du réchauffement climatique, particulièrement visibles au Cambodge selon Julien Ancele : « Nous avons travaillé à un plan de résilience pour assurer la continuité de nos opérations quel que soit le phénomène climatique survenant, puisqu’on sait que le pays connaît aussi bien de très fortes inondations que de très fortes sécheresses. »   

La solution de 1001fontaines, fondée sur des panneaux solaires, se veut en outre forcément plus vertueuse que l’utilisation de charbon ou de bois pour faire bouillir — et donc purifier — de l’eau, avec par comparaison une économie de 15 000 tonnes de CO2 au Cambodge en 2020. L’année précédente, l’ONG est entrée dans le cercle des 1 000 solutions qui changent le monde en se voyant décerner le label « Solar Impulse Efficient Solution ». Si Julien Ancele n’hésite pas à évoquer les « hauts et les bas » traversés depuis les débuts de la « grande aventure » de 1001fontaines, l’efficacité de l’ONG ne fait pour lui aucun doute : 

« En 2015, nous avions défini un plan stratégique visant à atteindre en 2020 1 million de bénéficiaires et l’autonomie de notre projet au Cambodge. Nous en avons bien atteint les objectifs, puisque nous avons un peu plus de 900 000 bénéficiaires, et, surtout, que nous avons créé un modèle qui vit de lui-même. Au Cambodge, l'ensemble de nos entrepreneurs génère un chiffre d’affaires cumulé de 3 millions de dollars dans 250 communes. Nous sommes présents dans 25 % des communes rurales cambodgiennes, ce qui fait de 1001fontaines le premier producteur d’eau potable dans le pays. » 

Un objectif de 8 millions de bénéficiaires en 2030

L’ONG a établi un plan de croissance pour poursuivre son développement au Cambodge avec l’objectif d’avoir 8 millions de bénéficiaires à l’horizon 2030. Et elle est persuadée que sa solution pourrait permettre à un bien plus grand nombre d’avoir un accès sécurisé à de l’eau potable, même si l’atteinte de l’ODD 6 en 2030 semble peu probable au vu des chiffres et projections disponibles. « On estime que plus d’1 milliard de personnes pourraient bénéficier d’une solution décentralisée comme la nôtre », avance Julien Ancele, qui précise que 1001fontaines est en recherche constante de partenaires pour pouvoir déployer sa solution à plus grande échelle :

« Nous aurons véritablement réussi notre action dans la durée quand nous aurons fait changer d’état d’esprit les gouvernements, les bailleurs, les organisations de développement, les entrepreneurs sociaux pour s'orienter vers des solutions qui fonctionnent au plus près des terrains. Si on arrive à rediriger 20 ou 30 % de tous les financements des projets d’accès à l’eau vers des solutions comme la nôtre, plus durables et plus proches du terrain, nous aurons réussi notre travail. »

 

Mélissa Perraudeau 

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