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Par Carenews INFO - Publié le 4 novembre 2019 - 10:28 - Mise à jour le 26 novembre 2019 - 15:17
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C'est quoi, la finance solidaire ?

En quoi consiste la finance solidaire ? Faire travailler son argent au service de l’intérêt général, est-ce vraiment à la portée de toutes les bourses ? S’il n’est pas toujours facile de se repérer parmi les différents produits bancaires classiques, force est de constater que le « solidaire » ajoute une couche de complexité. Alors que débute aujourd’hui la semaine de la finance solidaire, nous avons interrogé Patrick Sapy, le directeur de Finansol. L’organisme, le seul à labelliser les produits d’épargne solidaire en France, est également à l’origine de cette campagne de sensibilisation.

Crédit photo :Nastco
Crédit photo :Nastco

Quelle définition donnez-vous de la finance solidaire ?

C’est une finance dont l’objectif est d’assurer aux épargnants que leur argent est bien utilisé pour des causes qui leur importent. Leur épargne est donc investie dans des structures (des associations, des coopératives...) qui privilégient l’impact social et/ou environnemental, à la recherche du profit. 

La logique est différente du don alors ?  

Oui parce que lorsque vous épargnez, vous mettez à disposition des fonds pendant une période x, pour qu’ils soient investis dans des structures de l’économie sociale et solidaire. Vous espérez retrouver votre mise initiale, voire plus. Mais il existe des produits d'épargne solidaire qui fonctionnent avec le don. Ce sont les livrets de partage : ils permettent de transformer les intérêts générés par l’épargne en dons pour des associations. 

La finance solidaire recouvre quel type de produits ? 

Il existe une gamme qui va des livrets de partage, les plus simples, aux assurances-vie, les plus complexes. Les vendeurs d’assurance-vie vont d’ailleurs devoir proposer à partir de 2022 au moins une unité de compte solidaire à leurs clients. Grâce au numérique, il se développe aussi de plus en plus ce qu’on appelle l’actionnariat solidaire ou le capital citoyen. Les entreprises sociales mettent sur le marché une partie de leur capital : des parts sociales, des titres associatifs... Elles font un appel public à l’épargne pour que les gens puissent souscrire à leur capital. Des plateformes comme Miimosa ou Lita, par exemple, jouent le rôle d’intermédiaire entre les particuliers et les structures qui cherchent à lever des fonds. Je suis convaincu que ce type de finance solidaire va se développer.   

Quelle est la différence entre finance solidaire et investissement socialement responsable (ISR) ? Les fonds 90-10, qui mélangent ISR et finance solidaire, ça brouille les lignes, non ?

Dans le cas de l’investissement socialement responsable, vous investissez dans des titres, des actions ou des obligations qui sont cotés sur des marchés. On parle d’investissement socialement responsable car les entreprises dans lesquelles vous investissez ont développé  en interne une stratégie de développement durable. Elles sont donc évaluées non seulement sur leurs performances financières mais aussi sur leurs performances extra-financières (leur politique sociale, environnementale, leur gouvernance). Mais ça reste des entreprises cotées et leurs titres sont soumis à des variations de marché. Dans la finance solidaire, c’est différent car les titres ne sont pas cotés en Bourse. La finance solidaire est une finance de la patience. On peut plus difficilement revendre des parts d’une entreprise sociale, par exemple. À la différence des entreprises du CAC40, elle sert à développer des entreprises à finalité sociale. 

Pour comprendre les fonds 90-10, on peut prendre la métaphore du pastis. Dans un verre, vous mettrez peut-être 10 % de pastis et 90 % d’eau mais la boisson aura un goût anisé… C’est la même chose avec les fonds 90-10, qui sont étiquetés solidaires mais qui comportent en réalité 10 % de solidaire et 90 % d’ISR… Dans ces fonds, si on schématise, dix euros iront à une association, par exemple pour l’insertion de chômage longue durée. Vous savez qu’ils permettront de créer cinq emplois dans votre quartier, vous obtiendrez alors une performance sociale, mais pas forcément financière. En revanche, les 90 euros investis en ISR vous rapporteront un peu financièrement. Donc ces fonds permettent d’allier performance sociale et rendement. 

Comment faire pour épargner solidaire ?

Il ne faut pas hésiter à en parler à sa banque. Si le commercial ne sait pas vous renseigner, n’hésitez pas à vous rendre sur le site de Finansol, qui répertorie les produits solidaires. Enfin si vous êtes dans une entreprise qui a souscrit à un plan d’épargne salariale, sachez que la loi oblige les établissements qui constituent l’épargne salariale à proposer au moins un support solidaire. 

Est-ce que ça rapporte financièrement ?

L’épargne solidaire rapporte autant que les produits d’épargne classique. Le livret A propose une rémunération de 0,75 % par an et un livret d’épargne solidaire rapporte de 0,5 % à 0,75 %. La finance solidaire est une finance résiliente, elle est aussi moins sensible aux à-coups de marché. Et surtout, elle délivre un véritable impact social. 

Propos recueillis par Hélène Fargues 

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