Cécile Galoselva, l’éthique de responsabilité
Patronne-fondatrice de l’entreprise ETIC qu’elle a lancée il y a dix ans dans l’Est lyonnais et qui crée, finance et gère des espaces dédiés aux acteurs du changement, Cécile Galoselva s’apprête à voir doubler la surface de volumes louée par ses soins. Un défi pour celle qui veut montrer qu’on peut grandir tout en restant vertueux.
Cet article est issu du Top 50 de l’entrepreneuriat à impact. Initié par Carenews, piloté par HAATCH et l'ESSEC et soutenu par BNP Paribas, ce classement dévoile les 50 structures (entreprises, associations, coopératives) les plus impactantes de 2020.
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Objectif : doubler le chiffre d’affaires en 2021
L’année 2021 s’annonce chargée pour Cécile Galoselva, la patronne-fondatrice d’ETIC – Foncièrement responsable. La structure qu’elle a fondée il y a dix ans, qui crée, finance et gère des espaces (bureaux, commerces…) de haute qualité sociale et environnementale à loyers modérés et visant les acteurs du changement, devrait voir doubler ses volumes en 2022. Trois projets majeurs verront le jour : l’un dans le quartier de Bellefontaine à Toulouse, l’autre nommée La LOCO à Lille et le dernier intitulé Wiki Village Factory dans le 13e à Paris. Tous les trois sont des tiers-lieux qui ont des visées hybrides et se veulent écologiques. Ils viendront s’ajouter à la dizaine de lieux inscrits à l’actif de ETIC, de Montreuil à Nanterre en passant par Lyon, Garches, Grenoble ou encore Paris XVII.
« Ne pas perdre son âme »
Ce changement d’échelle va nécessiter un gros travail en amont pour la société, mais surtout constitue un challenge quasi philosophique. « Le défi est de montrer que l’on peut faire des choses à plus grande échelle sans perdre son âme » confie la dirigeante lyonnaise de 47 ans. En ligne de mire ses parties prenantes qui estiment qu’il faut que la société grandisse davantage tandis que d’autres s’interrogent sur la perte conséquente de valeurs. Elle en est persuadée : on peut grandir sans perdre son âme. Une philosophie qu’elle insuffle au quotidien au sein de son entreprise à la lucrativité limitée qui devrait compter bientôt 25 salariés et réaliser 2,8 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020.
Une quête de sens qui n’est pas nouvelle chez cette Lyonnaise. « J’ai toujours eu un fort intérêt pour l’environnement et pour mon prochain », confie-t-elle. À la sortie de ses études de commerce, elle rentre dans le monde du travail, évolue en Allemagne, aux États-Unis puis atterrit au Royaume-Uni où son entreprise la sponsorise pour un MBA à Oxford. Elle y découvre alors le « social business », une véritable « révélation » dit-elle avec un enthousiasme communicatif. Elle rejoint la jeune boîte The Ethical Property Company, une société lancée en 1998 qui gère des lieux à travers le Royaume-Uni pour les acteurs du changement, un concept qu’elle exporte ensuite dans l’Hexagone. Elle choisit d’installer sa nouvelle entreprise à Vaulx-en-Velin dans l’Est lyonnais, un choix qui n’est pas anodin : il s’agit des quartiers de son enfance, connus pour ne pas être les plus faciles…
J’ai toujours eu un fort intérêt pour l’environnement et pour mon prochain
« Vous êtes une capitaliste anglo-saxonne ? »
À l’époque de la création d’ETIC, la France n’est pas aussi avancée qu’outre-Manche dans le domaine du social business, les mentalités diffèrent. « En France, tout est très politisé », rigole-t-elle aujourd’hui en rappelant qu’ici on demande plutôt « qui es-tu ? pour qui tu votes ? » avant de savoir « ce que l’on fait ». Elle se remémore aussi ces réunions où on lui demandait si elle n’était pas, au fond, qu’une « capitaliste anglo-saxonne ». Elle constate aujourd’hui une vraie prise de conscience de la nécessité d’impact et de changement et se félicite de la volonté des jeunes générations d’agir.
Pierre-Anthony Canovas