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Par Carenews PRO - Publié le 24 janvier 2020 - 09:25 - Mise à jour le 24 janvier 2020 - 09:43
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[Fondation d’entreprise] Trois questions à Miren Bengoa, déléguée générale de la Fondation CHANEL

Alors que se tient cette semaine la Fashion Week, nous avons posé trois questions à la déléguée générale de la Fondation CHANEL, Miren Bengoa. Elle nous explique les activités de cette fondation d’entreprise très discrète, au domaine d’action bien distinct de sa célèbre maison-mère.

Crédit photo : DR.
Crédit photo : DR.
  • Comment est née la Fondation CHANEL ?

J’ai rejoint la fondation en 2011, quand l’entreprise avait pris la décision formelle de structurer son action philanthropique autour d’une fondation officielle. Cela faisait en effet de nombreuses années que la philanthropie faisait partie de l’ADN de Chanel, et ce sous de multiples formes : culturelles, sociales, universitaires, patrimoniales... À partir de 2009, les dirigeants ont voulu organiser un engagement solidaire qui soit plus visible en interne et qui permette aux salariés de la marque à l’international de se retrouver engagés collectivement. 

C’est le défi que j’ai relevé en 2011 en m’efforçant d’écouter ce que disaient l’entreprise et ses collaborateurs par rapport à la thématique qui avait été choisie, l’autonomisation des femmes et des filles, et de le traduire en actions concrètes. Il a été décidé de participer au financement de projets à l’international, mais également de travailler activement à promouvoir des activités d’inclusion économique, de formation professionnelle et d’accompagnement d’entreprises sociales en France.

  • Comment fonctionne-t-elle ?

Nous opérons dans plus de 35 pays avec trois bureaux à Paris, New York et Londres. L’équipe est composée de personnes spécialisées dans les problématiques de terrain sur lesquelles nous travaillons : l’emploi, l’entrepreneuriat, la formation professionnelle et la santé des femmes. Nous développons désormais également l’axe du rôle des femmes dans la préservation des ressources environnementales ainsi que leur intégration sociale par le biais de la culture, des nouvelles technologies et du sport. Le but n’est bien sûr pas d’imposer une vision du monde : nous agissons systématiquement avec une analyse détaillée de chaque contexte, dans chaque pays, en essayant de trouver le domaine d’intervention pour lequel nous sommes les plus pertinents en tant que fondation privée.

La fondation est essentiellement redistributrice. Nous établissons des partenariat de long terme, de trois à cinq ans, structurants et toujours corrélés à d’autres bailleurs — nous ne procurons jamais plus de 30 % du financement global d’une structure. Nous comptons actuellement plus de 80 partenariats actifs dans le monde, et nouons une relation assez étroite avec chacune des associations financées.

Notre portefeuille est très diversifié, à la fois sur les sujets abordés derrière la bannière de l’égalité femmes-hommes, et les activités très différentes de nos partenariats. Nous choisissons toujours un angle d’inclusion, mais cela ne veut pas dire que nous n’établissons des partenariats qu’avec des ONG à l’audience exclusivement féminine : un certain nombre d’entre elles visent à changer les mentalités. 

  • Quels sont les liens entre la fondation et l’entreprise CHANEL ?

Je décris souvent la fondation comme la passerelle entre l’employé et l’entreprise, et l’univers solidaire, l’univers du social. Nous avons le souci de créer ces passerelles qui permettent des transferts de compétences entre ce que l’entreprise est aujourd’hui, à savoir une grande société composée de personnes très diverses, et un engagement de marque pour avancer la cause des femmes. La création d’une fondation, c’est une énorme brèche vers le monde réel pour n’importe quelle institution qui, par défaut, tend un peu à fonctionner en autarcie. Cette ouverture s’est révélée très importante pour notre fondation, puisque nous avons eu plus de 500 collaborateurs de CHANEL impliqués dans nos activités, et que nous en aurons encore davantage dans les prochaines années avec le déploiement du mécénat de compétences. Cela a aussi permis d’ouvrir l’appétit de l’entreprise vers les investissements à impact, notamment dans le domaine de l’entrepreneuriat social — CHANEL a ainsi établi un partenariat avec Ashoka en 2018. De nouvelles passerelles se sont créées parce que nous avons déminé le terrain et rendu les choses plus faciles d’accès. 

Pour préserver et maintenir l’exigence de l'intérêt général qui est la nôtre, nous devons toutefois nous départir de tout risque de lien trop étroit avec de la communication commerciale ou publicitaire. D’ailleurs la fondation communique peu, il est assez rare que nous fassions ce genre d’interview. Pour nous, c’est l’action qui compte, et le fait de se rendre disponibles pour des moments d’expertises. D’autant plus que nos premières années d’existence, il fallait creuser notre sillon dans un secteur assez peu fréquenté par les fondations. En 2018, nous étions au lancement d'une enquête de l'OCDE réalisée auprès de toutes les fondations agissant pour l’aide au développement. Dans ce panel, les flux philanthropiques affectés de manière visible et exprimée par le donateur à l’égard des femmes et des filles n’étaient que de 16 %, une proportion encore très faible. Ces financement ont pourtant un effet de levier démultiplicateur, que ce soit dans l’entrepreneuriat, la microfinance ou l’éducation et la santé. Grâce aux femmes, souvent, c’est toute la communauté qui change.

Propos recueillis par Mélissa Perraudeau 

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