Investissement forestier : EcoTree veut faire changer les mentalités
Lancée en 2016, la startup EcoTree permet aux individus comme aux entreprises d’acheter des arbres en forêt. Au-delà du bon geste pour la planète, il s’agit aussi d’un investissement financier.
Cet article est issu du Top 50 de l’entrepreneuriat à impact. Initié par Carenews, piloté par HAATCH et l'ESSEC et soutenu par BNP Paribas, ce classement dévoile les 50 structures (entreprises, associations, coopératives) les plus impactantes de 2020.
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EcoTree veut faire évoluer les mentalités et convaincre citoyens et entreprises d’investir en forêt. La jeune startup créée en 2016, et dont le siège est basé dans le Finistère, achète le foncier de massifs forestiers, gère les arbres puis en vend – à partir de 18 euros TTC – à des particuliers comme à des entreprises soucieuses de « verdir » leur RSE : l’initiative est bonne pour la planète, mais promet aussi une petite rentabilité lors de la coupe à long terme de l’arbre. « Notre enjeu aujourd’hui est d’identifier des projets un peu partout, dans la mesure de notre capacité à faire et à réaliser. C’est conditionné aujourd’hui par nos clients. Il y a un cercle vertueux qui s’installe », explique Baudouin Vercken, l’un des cofondateurs et responsable des partenariats.
Séduire les investisseurs d’Europe du Nord
L’initiative est née quelque temps après le voyage de quatre copains d’enfance au Danemark où le système de dépôt des canettes et bouteilles usagées marque cette bande de jeunes professionnels. Pas étonnant dès lors qu’ils ouvrent en 2019 leur premier « hub » dans la capitale danoise, un bureau régional qui comprend désormais une douzaine de personnes et que gère le Franco-Autrichien et Danois d’adoption Thomas Norman Canguilhem.
Depuis ce hub, l’objectif est de traiter l’Europe du Nord très portée sur l’environnement avec la Suède et la Norvège, mais aussi le Royaume-Uni et les PaysBas. L’équipe compte convaincre des acteurs d’investir en France dont la forêt est la quatrième européenne en surface derrière la Suède, la Finlande et l’Espagne. « À travers ce hub à Copenhague, il y a une logique franco-européenne. Si l’on continue à se développer on pourra porter des projets dans lesquels on est installés, avoir une émulation européenne sur ce sujet-là », poursuit Baudouin Vercken.
Levée de fonds de trois millions en 2019
La société avait officialisé à l’automne 2019 une seconde levée de fonds de trois millions d’euros souscrite par un nouvel entrant au capital, le fonds luxembourgeois activiste Accurafy 4, ainsi que ses actionnaires existants, West Web Valley et Finistère Angels pour développer son implantation en Europe. À terme, l’entreprise envisage de proposer des arbres dans les marchés locaux puis de conquérir le marché germanophone (Allemagne, Suisse et Autriche). Rentable, la société qui a une équipe de 35 personnes et avait réalisé deux millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019 devrait terminer l’exercice 2020 à 3,5 millions d’euros. La jeune startup pilote aujourd’hui 900 hectares, en vise 1 500 en 2021 et a notamment des projets dans la Creuse, la Nièvre, en Bourgogne, mais aussi en Île-de-France. Dans l’ensemble, elle mise beaucoup sur le marché des entreprises dont certaines ont ainsi l’occasion de redorer leur blason ou celui de leur industrie, à l’image du récent et large partenariat avec H&M France, le secteur de la mode n’étant pas connu pour être le plus engagé pour l’environnement.
Pierre-Anthony Canovas