Les entreprises face à la crise du Covid-19 : les engagements de la Fondation Financière de l'Échiquier
La crise sanitaire liée au coronavirus a généré un immense élan de solidarité dans toute la société. Média des acteurs de l’engagement, nous avons voulu en savoir plus sur les actions des entreprises dans ce contexte si particulier. Mécénat, mobilisation des collaborateurs, dons financiers ou en nature, réorganisations… Comment se sont-elles adaptées et comment imaginent-elles leurs engagements futurs ? Bénédicte Gueugnier, Directrice de la Fondation Financière de l'Échiquier détaille ses actions.
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Comment votre entreprise a-t-elle réagi face à la crise sanitaire du Covid-19 ?
Dès le début de la crise, la Fondation Financière de L'Échiquier s’est mobilisée en rejoignant le mouvement « Tous unis contre le virus » lancé par la Fondation de France, l’Institut Pasteur et l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris.
En participant à cet effort collectif à hauteur de 50 000 euros, débloqués exceptionnellement dans un contexte d’urgence, la Fondation Financière de l’Échiquier et le groupe Primonial dont elle fait partie ont souhaité apporter un soutien immédiat aux deux priorités du moment : l’aide aux équipes soignantes et à la recherche médicale.
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Comment votre équipe a-t-elle été sollicitée et par qui ?
Hormis les appels de la Fondation de France (qui abrite la Fondation Financière de L'Échiquier) pour l’alliance « Tous unis contre le virus », personne ne nous a sollicités et nous avons décidé de prendre les devants. Au tout début du confinement, notre seul « driver » a été de répondre à la question suivante, en regardant déjà dans le rétroviseur une fois la crise passée : « Qu’avons-nous fait pendant cette période inédite ? Comment avons-nous manifesté notre solidarité ? Comment notre action s’est-elle inscrite au-delà de son fonctionnement habituel ? ».
Les réponses à ces questions ont entraîné une mobilisation immédiate, une forte créativité et aussi, le déblocage d’un budget exceptionnel « spécial Covid », afin de ne pas empiéter sur le budget annuel de la fondation dont auront bien besoin les associations à la sortie de la crise.
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Quelle est votre réponse et les actions concrètes mises en place ?
La fondation a mené un travail de proximité auprès des associations qu’elle connaît bien et dont les bénéficiaires sont aujourd’hui particulièrement touchés : sans-abri, malades, femmes vulnérables, migrants, détenus, mais aussi enfants et jeunes des quartiers défavorisés et des zones rurales.
Dès les premiers jours, à travers un questionnaire, la fondation s’est rapprochée de ses associations partenaires pour évaluer les besoins engendrés par la crise. Face aux surcoûts exprimés par la plupart d’entre elles et pour leur permettre de renforcer leur action auprès des plus vulnérables, la fondation a décidé de leur allouer un montant d’urgence, sans passer par une « instruction de demande de soutien », habituelle en temps normal et avec l’appui et la confiance aveugle du comité stratégique.
En parallèle, pour maximiser l’impact de cette initiative, la fondation a appelé sa communauté de donateurs à faire un don au profit de ces associations. Pour récompenser la générosité de ses donateurs, la fondation s’est engagée à doubler chaque don effectué.
Les associations partenaires de la fondation ont donc bénéficié d’un montant d’urgence + de dons en provenance de la communauté des donateurs de la fondation + d’un abondement de cette dernière. Un soutien apprécié par les associations qui ont toutes souligné la réactivité et l’accompagnement concret de la fondation dans cette période difficile.
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Comment vos collaborateurs sont-ils associés à votre engagement ?
Les trois comités d'engagement, composés de collaborateurs de la Financière de L'Échiquier, prévus initialement le 20 mars, sans que la crise soit connue, ont été maintenus et organisés à distance durant le mois d'avril. La fondation a donc poursuivi son activité de financement de projets dans les domaines de l'éducation, de l'insertion et de la lutte contre l'exclusion grâce à l’implication des collaborateurs membres de ces comités.
Leur engagement sans faille pendant le confinement a permis de valider le financement de quatre nouvelles associations : Le Village des Enfants Extraordinaires, J’ai un rêve, Café Joyeux et Extramuros, et de renouveler le financement de cinq autres : Aux captifs la libération, La Salle à Manger, La Bergerie de Berdine, ACINA et Coexister.
En revanche, les missions de mécénat de compétences ont été suspendues. Toutefois, sur l’intranet de la Financière de l'Échiquier à destination des collaborateurs, la fondation a multiplié des offres d’engagement pour rejoindre, par exemple, le mouvement #Poureux qui propose de cuisiner à la maison une part en plus pour une personne dans le besoin, ou encore pour trier ses vêtements au profit de la Cravate Solidaire ou pour participer à l’une des actions proposées par la plateforme de la Réserve Civique.
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Quels sont les changements que cette crise va engendrer ?
Les changements vont surtout être d’ordre économique. Les élans de solidarité et de générosité envers les malades, les soignants et les personnes vulnérables, ceux qui subissent une « double peine » et dont la fondation s’occupe, sont notables et remarquables, mais ne doivent pas occulter les conséquences économiques et donc sociales engendrées par l’arrêt total de l’économie pendant deux mois.
Le secteur associatif et celui du mécénat vont-ils faire les frais des coupes sombres que va devoir s’imposer l'État après la prise en charge de 12 millions de salariés du secteur privé et de pans entiers de l’économie ?
Les Français vont-ils suspendre leurs dons aux associations, mus par un principe de précaution face à un avenir économique incertain ? Les grands donateurs, pour certains fragilisés par la mise en péril de leurs entreprises-outil de travail, vont-ils continuer à être généreux ? Les entreprises elles-mêmes ne vont-elles pas utiliser leur budget de mécénat comme variable d’ajustement, au profit de l’emploi par exemple ? Ces questions, sans réponses à ce jour, augurent, selon moi, de lendemains difficiles…
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Pouvez-vous nous décrire une action de solidarité qui vous a particulièrement marquée ?
« Habiter au cœur des cités et quartiers populaires français, pour accompagner les jeunes et leurs familles : c’est le choix que font les salariés et volontaires de l’association Le Rocher (neuf antennes en France) ». Ce choix n’a pas été remis en cause avec la crise sanitaire afin de maintenir le lien dans un environnement fortement impacté par les conditions du confinement (logements petits et surpeuplés, sous-équipement numérique, mauvaise compréhension des consignes gouvernementales, montée des tensions…) : un engagement admirable selon moi !
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Comment imaginez-vous l'après ?
L’après donnera une place prépondérante à la santé où se manifeste déjà une coopération inédite au niveau mondial pour lutter contre le virus. Plus largement, l’un des enseignements de la crise est la place prépondérante que nos sociétés accordent au « bien-être physique, mental et social, au-delà même de l’absence de maladie ou d’infirmité », comme le souligne l’OMS dans sa définition de la santé. La question de la prévention en matière de santé va donc être un sujet de première importance.
Dans son évolution prochaine et grâce à l’arrimage de la Financière de L'Échiquier au Groupe Primonial, La Fondation Financière de L'Échiquier va adjoindre à ses axes de soutien historiques (éducation, insertion, exclusion), un axe santé. L’objectif est de participer activement à des financements de projets de recherche et d’innovation dans le secteur médical.