Les Mirauds Volants, seule association au monde à former des pilotes non-voyants
Comme chaque lundi, Carenews vous présente une initiative inspirante pour bien commencer la semaine. Aujourd’hui, découvrez Les Mirauds Volants, l’association grâce à laquelle les personnes déficientes visuelles et aveugles pilotent des avions ! Ses 40 membres s’envolent au côté d'un instructeur ou d'un pilote-assistant avec l’aide d’un outil innovant.
En 2016, Patrice Radiguet, déficient visuel profond, a réussi à piloter un avion en totale autonomie. Une prouesse à laquelle l’ancien enseignant de braille croyait depuis plus de 20 ans. En 1999, il fonde à Labège, près de Toulouse, l’association Européenne des Pilotes Handicapés Visuels (AEPHV), surnommée Les Mirauds Volants, avec Éric Vanroyen, pilote instructeur, et Jean-Claude Laporte, pilote privé récemment atteint de cécité. « Je pilotais alors depuis plus de dix ans déjà, et beaucoup de mes amis, mirauds comme moi, m’enviaient et avaient envie de partager mon expérience », a-t-il raconté pour PANDA Guide.
Un tableau de bord sonore et vocal innovant
L’association vise à permettre à des personnes atteintes de cécité ou fortement handicapées de la vue de piloter des avions, des planeurs ou encore des ULM en toute sécurité et de façon aussi autonome que possible. Une mission rendue possible grâce au Soundflyer, un système imaginé par un groupe d’ingénieurs de THALES, groupe d'électronique spécialisé, notamment, dans l'aérospatiale, et développé par la société SyNext. Basé sur un gyromètre et un GPS, il s’agit d’un véritable tableau de bord sonore et vocal centralisant les données et les envoyant sous forme de notes de musique dans le casque du pilote.
« Quand l'avion monte, les notes diffusées sont plus aiguës, quand l'avion descend, elles deviennent de plus en plus graves. Quand l'avion tourne à droite, le son est diffusée dans l'oreille droite. Il tourne à gauche, la diffusion change de côté », a expliqué Patrice Radiguet à France 3. Le ou la pilote peut également commander vocalement le GPS intégré pour obtenir des informations sur sa position.
Comme l’association, le dispositif n’a pas d’alternative connue. Il permet aux élèves-pilotes d’être autonomes à 80 %, peut-être bientôt davantage grâce à la nouvelle version actuellement en cours de développement selon France Bleu.
« C'est la liberté. (...) C'est grisant. »
Les élèves formés à l’outil par Les Mirauds Volants s’en montrent en tout cas déjà largement satisfaits, comme Patrice, malvoyant de 72 ans, l’a détaillé à France Bleu :
« C'est la liberté. Et puis c'est le fait de pouvoir avoir quelque chose entre les mains. Étant donné qu'on ne peut pas conduire sur route, on a la chance de pouvoir voler. Et voler, c'est une sensation... On est comme un oiseau quoi... Avec un moteur. C'est grisant. »
Les Mirauds Volants, pour certains titulaires de la partie théorique du brevet de pilote d'avion, volent en binômes avec un instructeur ou un pilote-assistant, la France n’autorisant pas des personnes handicapées visuelles à piloter seules. Une expérience également concluante pour les professionnels, comme Habib, instructeur de vol, l’a assuré à Handicap.fr :
« Je ne fais actuellement plus aucune différence entre mes élèves bien voyants et les mirauds ; les uns voient avec leurs yeux et les autres avec leurs oreilles. Mais dans l'un et l'autre cas, mon instruction est maintenant identique. »
40 % des membres de l’association sont des femmes
Les formations de l’association, très active, sont réalisées un peu partout en France, l’objectif étant aussi que les Mirauds Volants puissent s’intégrer dans les aéroclubs proches de chez eux. « Nous n'avons pas voulu créer un aéroclub spécifique aux malvoyants qui nous aurait ghettoïsé », a expliqué Chantal Rialin, secrétaire adjointe des Mirauds Volants, au journal Le Populaire du Centre. Qui note également que 40 % des membres de l’association sont des femmes, alors que celles-ci ne représenteraient que 8 à 10 % des pilotes d’avion professionnels.
Mélissa Perraudeau