[TRIBUNE] « Numérique solidaire : construisons ensemble une société innovante et inclusive »
Dominique Lambert, déléguée générale de la Fondation Sopra Steria-Institut de France rappelle l'importance du numérique en cette période de crise. Pour elle, « il est urgent de faire du numérique une chance pour tous, ensemble, collectivités, entreprises et acteurs sociaux en conjuguant nos savoir-faire ».
Dans notre monde de plus en plus connecté, l’acquisition et l’utilisation de compétences numériques sont des facteurs incontournables d’intégration dans la société, qu’il s’agisse d’insertion sociale, professionnelle ou encore culturelle. Levier d’insertion puissant pour les publics vulnérables, le numérique est également une opportunité pour les acteurs sociaux de répondre aux enjeux d’intégration des populations fragilisées. Nous devons pourtant aller plus loin : alors que les effets néfastes de la crise Covid-19 se font durement ressentir, tant sur le plan économique que social et humain, il est urgent de faire du numérique une chance pour tous, ensemble, collectivités, entreprises et acteurs sociaux en conjuguant nos savoir-faire.
Agir en faveur d’un numérique responsable et solidaire
La technologie peut être un accélérateur d’insertion, encore faut-il accompagner les personnes fragiles et les acteurs sociaux dans l’accès au numérique et dans son utilisation.
Nous l’avons vu, la période de crise sanitaire a renforcé et accéléré la dématérialisation d’un grand nombre d’activités et de procédures. Or, si des millions de Français ont pu travailler depuis leur domicile durant le confinement, la situation extraordinaire a également exacerbé les inégalités face à l’accès au numérique.
Comment, alors, aider ces publics « oubliés » du numérique à accéder à leurs droits, à accomplir leurs démarches, à développer leur parcours vers la formation et l’emploi pour être acteurs de leur vie et dans la société ? Car, en France, ce sont ces populations auprès desquelles il faut favoriser l’accès au numérique, en développant notamment des parcours d’accompagnement social, mais aussi de prise en mains des outils. Cela passe par la compréhension des enjeux de l’inclusion numérique et l’identification des principales ressources sur lesquelles s’appuyer, au cas par cas, pour amener les publics les plus éloignés du numérique à en intégrer l’usage.
Au-delà de l’illettrisme numérique, certaines populations fragilisées n’ont pas pu poursuivre leurs activités lors du confinement, faute d’équipement. Ainsi des millions d’élèves à travers le monde ont été dans l’incapacité de suivre un programme éducatif : l’UNESCO a dévoilé en avril dernier que 826 millions d'élèves n'ont pas d'ordinateur, tandis que 706 millions d'élèves n'ont pas accès à Internet à la maison. Face à ce constat, de nombreuses initiatives ont vu le jour en France, afin de permettre aux élèves de poursuivre leur apprentissage et, ce faisant, de lutter contre les inégalités face à l’éducation. Saluons ainsi les soutiens à travers toute la France, qui ont permis de fournir des équipements tels que des ordinateurs aux élèves, afin qu’ils puissent suivre leurs cours à distance.
Collectivités, entreprises et acteurs sociaux : une responsabilité collective en faveur de l’inclusion numérique
C’est ensemble que nous pouvons construire une société où le numérique profite à tous et de nombreuses initiatives l’ont déjà démontré.
Des mouvements d’entraide sont nés grâce au numérique. A titre d’exemple, pendant le confinement la Fondation Simplon a lancé une formidable initiative appelée « #GardonsLeLien » qui, grâce à des dons, a permis de distribuer des tablettes numériques aux malades touchés par la Covid-19, afin qu’ils puissent rester en lien avec leurs proches. Le mouvement « Tous (dé) confinés, Tous Engagés » initié par Vendredi a également suscité un incroyable élan de solidarité. Grâce à sa plateforme d’engagement solidaire, 50 000 salariés et citoyens viennent en aide à des associations pour améliorer la logistique de distribution de repas aux plus démunis ou encore augmenter la visibilité de leurs actions sur les réseaux sociaux, grâce à leurs compétences dans le numérique.
Le numérique permet aussi à des personnes en difficulté d’accéder à des services facilitant leur quotidien. L’association Adiléos, par exemple, met plusieurs services à disposition des personnes en situation de grande précarité et de leurs accompagnants sociaux, tels qu’une consigne numérique solidaire ou encore des logiciels de gestion de domiciliation et de courrier.
Plus que jamais, les associations ont besoin de soutien pour intégrer le numérique dans leurs actions et le rendre accessible aux publics fragilisés. Une responsabilité qui incombe à la fois aux collectivités, aux entreprises et aux acteurs sociaux. C’est en agissant ensemble que nous pourrons construire une société innovante et inclusive où le numérique profite à tous.
Ensemble, nous pouvons imaginer des solutions et usages alliant l’humain et la technologie, pour lutter contre l’isolement de publics vulnérables et faciliter leur insertion dans la société. Ensemble, nous pouvons et nous devons rendre le numérique accessible à tous et en faire un levier pour construire un avenir positif.
Dominique Lambert, déléguée générale de la Fondation Sopra Steria-Institut de France