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Par Carenews PRO - Publié le 31 août 2018 - 08:56 - Mise à jour le 5 septembre 2018 - 10:03
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#TunespasseulNicolas : réponse du monde de l’ESS à la démission de Nicolas Hulot

Nicolas Hulot a quitté le gouvernement ce mercredi 28 août en direct sur France Inter. Las des petits arrangements et de s’accommoder “des petits pas”, le désormais ex-Ministre de la transition écologique et solidaire a préféré cesser de “donner l’illusion” et renoncer “au cynisme”. Certes, l’annonce surprise de sa démission laisse sur la table de nombreux dossiers pour la rentrée mais elle a également ravivé la flamme des acteurs de l’ESS, qui avec le mouvement #TunespasseulNicolas lui témoignent leur soutien.

#TunespasseulNicolas : réponse du monde de l’ESS à la démission de Nicolas Hulot
#TunespasseulNicolas : réponse du monde de l’ESS à la démission de Nicolas Hulot

 

 

Militant écolo avant l’heure, Nicolas Hulot bénéficie d'une popularité certaine auprès du grand public, qui lui a permis de devenir l’éminence grise de plusieurs gouvernements avant de finalement accepter de rejoindre celui d’Édouard Philippe au printemps dernier… puis de le quitter à grand fracas ce mercredi 28 août. Pendant plus d’un an, il aura tenté d’imposer ses réformes, entre petites victoires et grandes déceptions. “Sur la table d'un Président, d'un Premier ministre, il y a de telles exigences quotidiennes, de telles souffrances palpables, que, évidemment, le court-terme préempte tout”, a déploré Nicolas Hulot en annonçant publiquement sa démission sur France Inter. S'il a connu durant son mandat un certain nombre de succès, comme l'abandon de la construction de l'aéroport Notre-Dame-des-Landes et le vote d'une loi, en décembre 2017, sur l'interdiction progressive de l'exploitation des hydrocarbures, il a cependant dû faire de nombreux compromis et capituler sur des dossiers capitaux : le retrait du glyphosate et de l'huile de palme, la fermeture progressive de plusieurs centrales nucléaires françaises ou encore le sujet de la transition agricole, autant d’échecs cuisants qui ont conduit l'ancien locataire de l’hôtel de Roquelaure à déposer les armes.

“Je suis tout seul à la manœuvre.”

Le cri d’alarme de Nicolas Hulot a ému les acteurs de l’ESS, qui se sont réunis le lendemain matin. Ce qui devait être une simple réunion de rentrée entre acteurs de l’engagement a finalement pris un virage. Le mouvement #TuNesPasSeulNicolas est né.  

 

Tu n’es pas seul Nicolas, le mouvement de soutien spontané des acteurs de l’ESS

 

“Nous avions prévus avec un certain nombre d’acteurs de l’ESS de nous voir le 29 au matin pour un point de rentrée et réfléchir à la manière dont nous pouvons faire converger des mouvements du secteur. Au lieu d’établir un agenda, nous avons forcément beaucoup parlé de la démission de Nicolas Hulot. Nous avons été touchés par ses déclarations et avons décidé de rebondir, parce qu’il est plus que temps de mettre en visibilité nos actions en matière de protection de l’environnement et d’engagement sociétal”, s’enthousiasme Frédéric Bardeau, co-fondateur de Simplon.co et directeur de FEST, se réjouissant par ailleurs de ce “souffle d’unité spontanée” dans le secteur. Compte rendu ? Alors que le mouvement, qui réunit une vingtaine de structures (Mouves, APF, France handicap, Max Havelaar France, Commerce Equitable France, Makesense, On Purpose, Crédit Coopératif, Le Labo de l'ESS, La Nef, LITA.co, Biocoop, Bleu Blanc Zèbre, FEST, Ashoka France, Finansol, Caritas, Adie France Active, INCO, Simplon.co, Association Aurore, ENVIE, l’Agence du Don en Nature, Enercoop, Fermes d'Avenir, PHENIX et le Social Bar), se manifeste spontanément sur les réseaux sociaux à l’aide des hashtags #TuNesPasSeulNicolas et #NousSommesDemain, une journée de mobilisation a d’ores et déjà été annoncé le 15 septembre, à l’occasion de l’anniversaire des 10 ans de la chute de la banque Lehman Brothers. “Nous souhaitons dire à Nicolas Hulot qu’il n’est pas seul, et que nous allons continuer, avec nos clients et les citoyens, à encourager un modèle plus vertueux en portant des solutions pour lutter contre le réchauffement climatique et favoriser une meilleure répartition des richesses”, conclut Eva Sadoun.

 

La tribune commune des fondations agissant pour l’environnement  

 

Ils sont dix : la Fondation pour la nature et l'Homme (fondée par Nicolas Hulot en 1990), Agir pour l'environnement, France nature environnement, Générations futures, les Amis de la Terre, le réseau Sortir du nucléaire, l’Action des citoyens pour le désarmement nucléaire, l’association pour la protection des animaux sauvages, Virage énergies et la Société nationale de protection de la nature. Ensemble, ils signent cette semaine une tribune sur franceinfo, appelant le gouvernement à “changer de cap”. "Cette démission est l'occasion de rappeler que l'homme providentiel n'existe pas et qu'un ministre, fût-il déterminé, est et demeure un homme seul. Au regard des tensions que suscite la transition écologique, il est nécessaire de créer et entretenir une mobilisation citoyenne et populaire", écrivent-ils avant d'interpeller le chef de l'état : "Face aux menaces climatiques, militaires et à l'effondrement des écosystèmes, l'action n'est plus une option mais une nécessité, une urgence, une éthique". 

 

Entre admiration et inquiétude, les pontes de l’écologie réagissent

 

Si la démission de Nicolas Hulot semble pour un temps avoir fait oublier les guerres de chapelle entre les acteurs de l’ESS, elle a également réussi à mettre d’accord les figures de l’engagement sur plusieurs points. Le premier concerne son intégrité, louée par Audrey Pulvar, désormais présidente de la Fondation pour la nature et l'Homme. “C’est un homme courageux, intègre, sincère”, a-t-elle commenté sur C News. “La volonté pour Nicolas Hulot ce n’était pas d’aller vite, c’était d’aller loin, profondément dans les mesures et dans la transformation”, a-t-elle ajouté. Un avis partagé par David Cormand, secrétaire national EELV, qui a salué dans Paris Normandie un “écologiste sincère” et le député européen Yannick Jadot, qui assure n’avoir “jamais douté de la sincérité de Nicolas Hulot”. “Nicolas Hulot a eu du courage d’essayer de faire changer les choses à l’intérieur de ce gouvernement anti-écolo, c’est la fin d’une illusion et du bal des Tartuffes”, a conclu le candidat d’Europe Écologie les Verts à l’élection présidentielle de 2017.

Le second point de ralliement concerne le manque d’ambition de gouvernement d’Édouard Philippe en matière d’engagement dans les réformes environnementales, qui indigne autant qu’il inquiète. “Si Emmanuel Macron avait concrétisé son “Make our planet great again”, s’il l’avait impulsé dans l’ensemble de sa politique menée de la transition écologique, je pense que Nicolas Hulot serait encore au gouvernement”, a regretté Audrey Pulvar, préconisant la création d’un “super-poste de vice-Premier ministre, qui aurait la main et l’autorité sur l’ensemble des ministères du gouvernement”. “L’État aujourd’hui n’est pas organisé pour produire la transition écologique à l’échelle dont on a besoin, a de son côté soutenu Pascal Canfin, directeur de WWF France, sur France Inter. (...) La responsabilité d’Emmanuel Macron, c’est de faire le Big Bang qui, s’il n’a pas lieu, sera le signe de l’échec de n’importe quel autre ministre de l’Environnement.” Oxfam France, désormais présidée par Cécile Dufflot, ne dit pas le contraire dans une tribune publiée sur son site internet : “La décision de Nicolas Hulot confirme tristement le manque d’ambition flagrant du gouvernement sur les problématiques écologiques et sociales. L’engagement et la conviction de Nicolas Hulot n’auront pas suffi à changer la teinte de la politique du gouvernement qui aura été une succession de renoncements.” Elle reproche notamment à Emmanuel Macron son hypocrisie, sa proximité avec les lobbys et son manque de fermeté face au partisans du “modèle agricole dominant”. “Il aura essayé mais n’a jamais pu s’imposer dans un gouvernement pour lequel l’écologie n’est qu’un vernis”, a enfin réagi Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, avant de partager son inquiétude quant aux ambitions nucléaires du gouvernement. "C'est la porte ouverte à un entêtement sur ce sujet, redoute-t-il sur franceinfo. S'il était le seul à porter cette idée, qui va le faire désormais ? Personne. Il y a un risque de retour en arrière ou d'immobilisme."

 

Le mot de la fin revient à Gilles Vermot-Desroches, directeur du développement durable de Schneider Electric, qui appelle sur Twitter l’ensemble de la société civile à tirer des leçons. “Bas les masques. Le message de Nicolas Hulot s’adresse autant à la société civile, dont les entreprises, qu’au pouvoir : mobiliser pour faire surgir la prospérité d’investissements et de comportements porteurs de l’urgence d’habiter autrement la planète”.

 

 

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