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Par Le Don en Confiance - Publié le 10 janvier 2024 - 15:22 - Mise à jour le 10 janvier 2024 - 16:06
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Rencontre avec Ann Avril, directrice générale d'Unicef France

Rencontre avec Ann Avril, directrice générale de l’UNICEF France. On y aborde la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE), la participation des jeunes, l'objectif de développement durable 4 qui vise à garantir l'éducation pour tous avant 2030, la loi immigration, l'aide sociale à l’enfance ou encore le Don en confiance car l'unicef France est labellisée « Don en Confiance ». Interview.

Rencontre avec Ann Avril, directrice générale d'Unicef France. Crédit visuel : Don en Confiance.
Rencontre avec Ann Avril, directrice générale d'Unicef France. Crédit visuel : Don en Confiance.

Les enfants sont le présent et l’avenir du monde. Ils ont besoin d’être protégés, de voir leurs droits respectés, et ils méritent que l’on construise, pour et avec eux, un monde meilleur pour demain. L’UNICEF met tout en œuvre pour que chacun d’entre eux puisse vivre, grandir et s’épanouir. Créée en 1946, cette agence des Nations unies est chargée, dans le monde entier, de défendre les droits des enfants, de répondre à leurs besoins essentiels et de favoriser leur plein épanouissement. 

En ce qui concerne la situation des enfants en France, nous avons des raisons de nous inquiéter. La nouvelle loi immigration vient bafouer de nombreux articles de la CIDE. À titre d’exemple, mais il y en a malheureusement beaucoup d’autres, le conditionnement ou la restriction de certaines prestations risque de précariser encore davantage d’enfants, alors que le nombre d’enfants vivant en situation de pauvreté a déjà augmenté de 30 % ces dernières années.

Par ailleurs, l’état des lieux dans les territoires ultra-marins fait frémir. Le niveau de pauvreté, l’accès à l’école, l’absence de service de Protection Maternelle Infantile (PMI) pour les étrangers à Mayotte par exemple met en grand danger de nombreux enfants. Il n’est pas admissible que dans un pays comme la France nous constations qu’à Mayotte 8 enfants sur 10 vivent sous le seuil de pauvreté pour 6 sur 10 en Guyane.

 

  • Vous avez déclaré : « Je suis animée par cette conviction que plus que jamais l’enfance et la jeunesse portent les solutions du futur : plus elles seront dotées des meilleurs atouts, meilleure sera notre planète. l’enfance est la plus belle des causes. » Parlez-nous des actions que l’unicef met en place pour doter la jeunesse des meilleurs atouts possibles.

 

L’UNICEF a des programmes dans 190 pays où les besoins des enfants ne sont bien évidemment pas similaires d’un territoire à l’autre même si notre ambition repose sur le fait que la Convention Internationale des Droits de l’Enfant soit appliquée partout de manière universelle. Il y a donc une gradation dans nos programmes. Dans les pays à faible revenu, nos actions se concentrent surtout sur la santé primaire, l’accès à l’éducation et la protection des enfants.

En ce qui concerne la santé nous mettons en place des campagnes de vaccination, de prise en charge de la malnutrition et de prévention des maladies hydriques.

Pour ce qui est de l’éducation, elle représente un enjeu majeur. On observe un cercle vicieux entre l’éducation et les inégalités. Naître et vivre dans un environnement pauvre obère les chances d’accéder à l’école et de se construire un avenir. À cela s’ajoute, les conflits ; il n’y a jamais eu autant d’enfants vivant dans des zones de conflit depuis la deuxième guerre mondiale générant un recul de l’accès à l’éducation dans les zones affectées. Afin de préserver ce droit inaliénable, les équipes de l’UNICEF mettent tout en œuvre pour permettre aux enfants de poursuivre leur apprentissage. En partenariat avec les acteurs locaux et les autorités, l’UNICEF met notamment en place des lieux sécurisés afin que les enfants puissent recevoir un enseignement en attendant le retour de conditions normales d’accès à l’école.

Enfin, en matière de protection de l’enfance, nous défendons le fait que tous les enfants aient le droit de grandir dans un environnement qui les protège de la violence, de l’exploitation, des abus, de la négligence et de pratiques néfastes comme la mutilation sexuelle ou le mariage précoce. C’est un sujet très vaste et assez peu tangible. S’il parle à beaucoup, il est plus difficile à traiter et encore plus à incarner mais nous y mettons toute notre énergie en nous concentrant sur des actions comme la mobilisation des communautés, des approches préventives, et aussi du plaidoyer auprès des gouvernements.

Dans les pays plus développés nous axons nos missions sur la sensibilisation autour des droits de l’enfant. Pour cela nous travaillons avec un formidable réseau de bénévoles implanté dans 23 comités territoriaux et 70 délégations qui vont dans les écoles pour sensibiliser les enfants à leurs droits en proposant des activités pédagogiques en fonction de leur âge. Enfin l’UNICEF agit au quotidien pour faire de la participation des enfants et des jeunes une réalité, notamment avec la mise en place d’un Conseil des jeunes.

 

  • Selon vous, qu’est-ce qu’être jeune aujourd’hui ? Pensez-vous que la « jeunesse » affectée par les dégâts moraux et financiers de la crise sanitaire, en proie à l’éco-anxiété, happée par les réseaux sociaux et les informations angoissantes qu’ils véhiculent en permanence a suffisamment de résilience pour envisager de sauver la planète ?

 

Quelle que soit l’époque être jeune c’est avoir l’avenir entre ses mains en y adossant un passé parfois lourd à porter. Jamais la santé mentale des jeunes n’a fait autant parlé d’elle. Alors que l’adolescence et le début de l’âge adulte sont des périodes charnières où les personnalités se construisent, les jeunes ont aussi à faire face à l’éco anxiété, à la peur beaucoup plus affirmée de l’autre générée par les migrations climatiques et économiques, à des troubles dépressifs voire suicidaires de plus en plus marqués, à des formes d’addictions nouvelles comme les écrans  ainsi qu’à une pression énorme pour se frayer un avenir. Pourtant la jeunesse a toujours selon moi trouvé des ressources pour avancer et les adultes sont aussi là pour l’accompagner. Je suis pour ma part résolument optimiste et j’affirme que partout où je voyage je ne vois que des jeunes avec des solutions et de l’enthousiasme me rendant assez sereine pour l’avenir.

 

  • La Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) vient de fêter ses 34 ans le 20 novembre 2023. Que prévoit ce texte et quelles ont été les avancées majeures depuis sa création ?

 

Ce texte est éminemment ambitieux. Il couvre l’ensemble des droits des enfants, à savoir le droit à la santé, à l’éducation, à un refuge, à jouer… inscrits dans 54 articles à découvrir ici.

Globalement beaucoup de choses ont avancé depuis sa création dans presque tous les domaines mais ces progrès masquent de grandes disparités territoriales. Par ailleurs de nouveaux problèmes ont surgi justifiant à mon sens d’inscrire d’autres droits de l’enfant à la convention. Je pense en particulier à deux (pourtant sous-jacents) qui constituent aujourd’hui un enjeu majeur à savoir celui lié à l’environnement avec le changement climatique et celui lié au numérique avec le risque de cyber-harcèlement, le porno accessible et les effets pernicieux des écrans sur la santé.

 

  • Quels sont les pays les plus en retard sur la question ? Y-a-t-il encore beaucoup à faire pour que les droits de l’enfant soient appliqués ?

 

Il y a aujourd’hui 400 millions d’enfants qui vivent dans un pays en crise ou en conflit. Ces territoires, pour beaucoup localisés en Afrique centrale et de l’Ouest, en Asie du centre ou encore au Moyen-Orient, sont déjà identifiés par l’opinion publique.

En ce qui concerne la situation des enfants en France, nous avons également de nombreuses raisons de nous inquiéter. La nouvelle loi immigration vient bafouer de nombreux articles de la CIDE. A titre d’exemple, mais il y en a malheureusement beaucoup d’autres, le conditionnement ou la restriction de certaines prestations risque de précariser encore davantage d’enfants, alors que le nombre d’enfants vivant en situation de pauvreté a déjà augmenté de 30% ces dernières années.

Par ailleurs, l’état des lieux dans les territoires ultra-marins fait frémir. Le niveau de pauvreté, l’accès à l’école, l’absence de service de Protection Maternelle Infantile (PMI) pour les étrangers à Mayotte par exemple met en grand danger de nombreux enfants. Il n’est pas admissible que dans un pays comme la France nous constations qu’à Mayotte 8 enfants sur 10 vivent sous le seuil de pauvreté et 6 sur 10 en Guyane.

 

  • L'éducation est un droit inaliénable, c’est un puissant vecteur de développement, meilleur moyen de réduire la pauvreté ainsi que les inégalités entre les femmes et les hommes. Pensez-vous qu’il soit possible d’atteindre l’objectif de développement durable 4 (ODD 4) qui vise à garantir l’éducation pour tous avant 2030 ?

 

Clairement non. D’après les estimations, près de six enfants sur dix à travers le monde sont touchés par la pauvreté des apprentissages et ne sont pas capables de lire ni de comprendre un texte simple à l’âge de 10 ans. Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, sept enfants sur dix seraient même concernés par cette pauvreté.

Or, la pandémie a exacerbé la crise de l’apprentissage. L’objectif premier de l’UNICEF est donc déjà de rétablir le niveau de scolarisation d’avant la pandémie puis d’envisager la progression en mettant par exemple des moyens pour rendre attractive des zones aujourd’hui désertées par les enseignants ou encore en misant sur la qualité de l’éducation.

[...]


Retrouvez l'intégralité de l'interview en cliquant-ici.


 

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