Prendre le temps de l'écoute

 

Dans un monde où les informations circulent rapidement et en tous sens, l'attention se dissipe au profit du dernier qui a parlé et la réflexion est reléguée au second plan. En résulte une forme de fragmentation sociale où chacun, pris dans l’urgence de l’échange, perd la capacité d’écouter et de comprendre l'autre dans sa complexité.   

Dégradée, la parole se réduit vite à des slogans, des phrases creuses et surtout, s'enlise dans la démagogie. Simplifier à outrance, manipuler ou flatter, tels semblent être les nouveaux mots d'ordre qui président à nos échanges. La persuasion l’emporte sur la conviction, la séduction sur la raison. Et lorsque les mots versent franchement dans la brutalité, le débat public devient une foire d'empoigne. Le langage devient alors un vecteur de division plutôt que de concorde. Renforcée par nombre d'algorithmes, cette polarisation va de pair avec la radicalité du monde… menaçant jusqu’à notre modèle démocratique !  

Pleinement consciente de ces enjeux, Frédérique Bedos créait Le Projet Imagine en 2010. Loin des petites phrases, nos contenus audiovisuels (« À la Suite… », « De l’intérieur », nos documentaires …) se posent toujours sur un temps long, pour prendre du recul sur des sujets de société – droits des femmes, éducation etc. - approfondis par les mises en perspectives d’experts, afin que chacun puisse forger son opinion de façon éclairée. 

 

 

 

Une même dynamique traverse nos programmes éducatifs : le travail sur la parole y est primordial. "Peux-tu parler un peu plus fort ? Je ne t'entends pas bien..." De l'articulation à l'affirmation de son point de vue, nos ateliers permettent de faire surgir cette parole des jeunes, si souvent étouffée par un système scolaire où les élèves ne sont censés parler que pour donner « la bonne réponse »... À l’inverse, nous leur offrons un espace sécurisé, bienveillant et constructif, dans lequel ils peuvent formuler ce qu’ils ressentent, avec leur vocabulaire et leurs codes (qui parfois nous échappent, il faut bien l'avouer), avec leurs certitudes ou leurs hésitations, mais sans crainte du jugement. Les élèves doivent faire l'effort de se comprendre puisqu’ils vont, in fine, concevoir et mettre en place un projet collectif de développement durable ! Pour coopérer, il leur faut communiquer… 

 

 

Redevenant un outil de lien social et d’émancipation, la parole individuelle se fait collective et les échanges deviennent fructueux. En partageant leurs convictions, des valeurs, les élèves se rendent compte de leurs différences comme de leurs points communs : ils comprennent qu’ils ont une place à part entière dans le groupe et prennent conscience de leur pouvoir d’agir sur le monde qui les entoure.