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Par Le RAMEAU - Publié le 16 juin 2025 - 11:43 - Mise à jour le 16 juin 2025 - 11:46
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Créons de la valeur en Commun(s) !

En ce 14 juin, la Fondation des Territoires fête son troisième anniversaire. Comme chaque année à cette occasion, elle partage une Tribune sur le thème choisi pour incarner le défi commun prioritaire. En 2025, c’est « Créer de la valeur en Commun(s) qui a été retenu. Jean-Paul DELEVOYE, Philippe DA COSTA et Valérie DUMONTET nous en livre leur vision respective.

La Fondation des Territoire prend la parole deux fois par an. La première en juin, à l’occasion de son anniversaire, pour inviter à réfléchir collectivement à un thème qui illustre la valeur des Territoires, et leur diversité pour nourrir une approche féconde des transitions. La seconde en novembre, lors du Salon des maires, pour livrer les fruits de la capitalisation du cheminement de l’année.

La note 2024 « L’innovation territoriale en Actions » invitait à être à l’écoute de la capacité d’initiatives des Territoires pour inventer des solutions au « 1er kilomètre » des besoins, des ressources et des envies d’engagement. Il était cohérent de prolonger la réflexion par l’urgence d’apprendre à valoriser la création de valeur en « Commun(s) ».

Cette année est une année charnière pour la Fondation des Territoires. A l’issue des mandats de trois ans, les fonctions de Président et de Secrétaire général changent de main. Sous l’attention particulière de Valérie DUMONTET, Vice-présidente élue l’an dernier pour assurer une transition dans la continuité, Jean-Paul DELEVOYE passe le relais de la Présidence à Philippe DA COSTA, et Elodie JULLIEN passe le flambeau du Secrétariat général à Charles-Benoît HEIDSIECK.

En raison du partenariat stratégique avec l’ANPP-Territoires de Projet, ce sont le Rencontres à Morlaix des 12 et 13 juin qui ont été choisies pour la transmission du Secrétariat général. C’est sur une remarquable intervention sur les liens et l’articulation entre la puissance des solutions numériques et l’agilité d’action des Territoires » qu’Elodie JULLIEN a achevé sa mission.

Pour la présidence, partenaire de la 11ème Rencontre des pionniers des alliances en Territoire, c’est le 1er juillet prochain que Jean-Paul DELEVOYE et Philippe DA COSTA assureront la transition. Ils vous invitent à participer à cet événement inspirant qui mettra en valeur la diversité des Territoires et leur capacité d’innovation (cf. programme et inscription).

Pour vous mettre en appétit, Jean-Paul DELEVOYE, Philippe DA COSTA et Valérie DUMONTET vous livrent leurs convictions respectives sur l’urgence de créer de la valeur en « Commun(s) ». Inspirons-nous de ce regard croisé.

Jean-Paul DELEVOYE, Président de la Fondation des Territoires (14 juin 2022 – 14 juin 2025)

Nous vivons une période exaltante car nous ne sommes pas en transition mais en rupture. Il ne s’agit donc pas seulement d’accompagner, mais de faire le deuil de l’existant et de créer un monde nouveau. Nos habitudes et certitudes volent en éclats. Toutes nos croyances et assurances sont balayées ; nous laissant face à nous même, en situation de fragilité et d’inconfort.

En ces moments d’incertitude et de doute, ne laissons pas le champ des peurs nous manipuler, ni laisser la technologie réduire la dimension humaine. Ne laissons pas, non plus le champ des espérances aux religieux radicaux qui fanatisent ou aux extrêmes qui hystérisent.

Chaque humain doit retrouver confiance et estime de soi, confiance aux autres et au collectif, être rassuré et mobilisé dans une dynamique positive d’où l’importance de la PROXIMITE et des semblables.

 C’est la force nouvelle des TERRITOIRES comme lieu porteur d’espérances crédibles, compréhensibles, réelles et mobilisatrices, facteur de dynamiques humaines. Ils offrent à chacun la possibilité d’être acteur - donc responsable - et ainsi de pouvoir atteindre un Bien-Être : quitter la société de consommation pour une société de vie et de construction humaine.

Nous sommes au bout d’un système qui épuise les ressources naturelles mais aussi humaines. Aucun système économique ou politique ne peut se construire et durer sur la désespérance ou la détresse humaine. Il faut arrêter cette course suicidaire ; mais le paradoxe c’est que nous assistons à une volonté d’accélération : la fuite plutôt que la réalité. L’urgence tue le futur, le présent écrase le passé et aveugle l’avenir.

A nous d’éveiller l’intelligence collective, d’imposer un débat sur les bonnes questions au lieu de s’écharper sur des réponses souvent superflues, de privilégier le compromis à l’intransigeance et le partage à l’individualisme. Cela ne peut se concevoir, se développer et se construire que sur les TERRITOIRES. Ils développent une solidarité en période de développement et non uniquement de crise.

Nous sommes à un moment crucial : est-ce que la technologie dominera l’homme ou l’inverse ? Est-ce que nous imposerons des limites à un système capitaliste pour respecter la Nature et l’Humain ? Jusqu’où les peuples accepteront les inégalités ou les excès de pouvoir sans révolte qui alors seront incontrôlables ? Les Territoires sont le lieu unique offrant une capacité de résilience, de réparation, d’écoute et de projet mobilisateur. Les Territoires s’imposeront de plus en plus.

Espérons que le rôle des Territoires soit mieux reconnu... cela dépendra des élites et donc de leur clairvoyance ou de leur aveuglement.

Philippe DA COSTA, Président de la Fondation des Territoires (Depuis le 14 juin 2025)

La première moitié de cette décennie a mis en lumière nos profondes vulnérabilités face à la montée des incertitudes, aux ruptures et à des crises de nature diverses et mouvantes.

Ces crises s’accélèrent, à l’image des catastrophes climatiques qui rythment désormais nos fils d’actualité. Elles se complexifient aussi, à mesure que nos interdépendances économiques, environnementales, politiques ou encore informationnelles s’entrelacent bien au-delà des frontières. Enfin, à l’image de la santé mentale ou de l'épidémie de solitude qui fissurent notre tissu social, les défis de demain détiennent en eux une part d’invisibilité, non moins redoutable.

Dans ce contexte, une conviction s’impose : c’est à l’échelon territorial que doivent se construire les réponses. Cette proximité permet d’anticiper, de préparer les populations et de s’adapter à des réalités inédites et en mouvement. Piloter les solidarités ou orchestrer les résiliences depuis un maillon lointain, désincarné, relève non seulement d’un contre-sens en termes d’efficacité, mais aussi d’un déni de légitimité. Le syndrome du conseil de défense, qui nous amène à prendre nos décisions stratégiques dans des cercles restreints et opaques, n'est plus adapté. 

Parce qu’il connaît ses habitants, sa géographie, ses fragilités comme ses forces vives, le Territoire est le lieu où l’alliance devient possible : celle de l’État, des collectivités, des acteurs économiques et associatifs. Ensemble, ils doivent co-construire une vision commune, se répartir les missions, et répondre, avec agilité et intelligence, aux tensions et aux chocs présents et à venir.

C’est cette alliance, celle des premiers répondants et des forces vives du quotidien, qui fait la richesse du maillage territorial : sa capacité à libérer les énergies, à partager les connaissances, à organiser les solidarités.

C’est ainsi que naissent les innovations sociales les plus justes et les plus ancrées : que ce soit les dispositifs d’« aller-vers » et de mobilités, l’hybridation des structures et des métiers, ou encore les parcours de solidarités pour repérer puis accompagner les vulnérabilités. Toutes ces réponses prennent sens à l’échelle locale, là où le pouvoir d’agir permet d’aller à la rencontre des besoins et des aspirations de sens et d’humanité.

C’est cet élan du premier kilomètre — celui qui part du besoin, et qui donne à chacun la capacité de devenir le premier maillon de la résilience et du lien social — qu’il nous faut remettre au cœur de nos politiques publiques, de nos stratégies d’alliance, et, au-delà, au cœur de notre regard sur les acteurs des Territoires.

Valérie DUMONTET, Vice-président de la Fondation des Territoires (Depuis novembre 2024)

Ce qui nous relient, avec Jean-Paul Delevoye et Philippe Da Costa, malgré nos parcours et profils bien différents, c’est cette conviction profonde que l’action par, pour et avec « les TERRITOIRES[1]», espaces polymorphes et protéiformes[2], est une voie déterminante pour s’emparer du pouvoir d’agir et prendre part aux nécessaires transformations du monde.

Tous les deux ont décrit le contexte mondial de crises et de ruptures. Dans la proximité, les conséquences sont palpables : essoufflement du modèle démocratique, perte de repères et de confiance dans les institutions, difficulté à trouver comment juguler les colères naissant de la dégradation des conditions de vie. Des facteurs multiples produisent des fractures, tant dans les zones urbaines que rurales. S’installe une certaine fatalité, un sentiment d’impuissance à agir (notamment des élus municipaux) et des incertitudes qui nourrissent les peurs, les fragilités, les tensions.

Cette situation me fait penser à une citation d’Antonio Gramsci dans ses cahiers de prisons, « le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaitre, et dans ce clair-obscur surgissent les monstres » (traduction en français communément utilisée).

L’ampleur des mouvements de mutation complexifie la capacité à agir des élus, acteurs économiques, citoyens, associations…Pourtant ce contexte offre un terrain propice sur les territoires pour se saisir du pouvoir d’agir, expérimenter, innover, impulser des cercles vertueux, de nouveaux modèles de développement, transformant la vie sur les territoires, améliorant le bien-être humain.

Au travers l’engagement et la capacité d’hommes et de femmes - de la sphère privée et publique - à ne pas baisser les bras, des alliances peuvent se former pour co-écrire des projets refondant « des COMMUNS », des communautés de destin, un passage du JE à un NOUS négocié[3]. Au travers la mobilisation de l’intelligence collective, émergent des solutions, de nouveaux process multi-acteurs, des gouvernances revisitant les écosystèmes démocratiques[4].

Du monde aux territoires – ou l’inverse – les défis sont communs et les solutions sont diverses. C’est un des enseignements de la mise en œuvre des Objectifs de Développement Durable (ODD) dans l’agenda 2030.

Dans le concert national et international, il est fondamental de reconnaitre la capacité des territoires à agir, à innover, à transformer. A être cet espace de rencontres entre l’universel et le spécifique, entre le global et le local, entre le descendant et l’ascendant[5].

Mais pour cela, il faut sortir des approches trop normées, cloisonnées par des règlements, descendantes. Reconnaissons la force du singulier pour servir l’intérêt collectif. Réenracinons les politiques publiques, en les articulant avec les initiatives citoyennes et associatives, ainsi qu’avec l’engagement territorial des entreprises. Réinventons le modèle français qui fait coexister la déconcentration et la décentralisation, confrontons-le à d’autres modèles dans le monde, pour s’en nourrir, s’en inspirer.

La liberté d’inventer des COMMUNS à chaque territoire qui le désire, peut donner du souffle, de la confiance, de l’énergie aux acteurs qui s’allient[6]. Et ce n’est pas forcément budgétivore, si telle est la préoccupation. Et au-delà des moyens financiers, posons l’enjeu des profils « catalyseurs » de l’ingénierie pour accompagner ces dynamiques.

Si nous voulons un monde plus juste et solidaire, nous devons faciliter et accompagner les territoires à être les acteurs de la transformation, à porter l’espérance et l’optimisme pour construire un monde nouveau et renvoyer les monstres aux ténèbres. C’est la « voie-x » que veut porter la fondation des territoires.

La Fondation des Territoires vous donne rendez-vous le 1er juillet prochain pour la 11ème Rencontre des pionniers des alliances en Territoire. Ne manquez pas cette occasion d’écouter la richesse de la diversité de nos Territoires métropolitains et ultramarins, et surtout celle de vivre ensemble l’opportunité concrète de créer de la valeur en « Commun(s) » !

 

[1] « Territoires », notion plurielle qui désigne espaces géographiques et acteurs d’un périmètre choisi Note « Définition(s) des Territoires » (Fondation des Territoire, novembre 2022)

[2] Note « Définition(s) des Territoires » (Fondation des Territoire, novembre 2022)

[3] Charte du faire alliance co-construite avec une diversité de Territoires, du local à l’international (Fondation des Territoires, novembre 2022)

[4] Plateforme « L’innovation territoriale en Actions », copilotée par la Fondation des Territoires

[5] Note « Compétences des Territoires » (Fondation des Territoires, novembre 2023)

[6] Résultats de l’étude d’impact 2018-2022 du « faire alliance » en France qui incarne l’ODD 17 en pratiques, Observatoire des partenariats

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