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Par Le RAMEAU - Publié le 5 mars 2024 - 18:57 - Mise à jour le 6 mars 2024 - 17:00
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« L’esprit des lieux » !

Comme chaque mois, Le RAMEAU fait la « gazette de l’ODD 17 en pratiques ! ». Le mois de février a été consacré à l’innovation territoriale. Qu’en retenir en synthèse ?

Face à l’ampleur des crises que nous traversons, il est urgent de sortir de la logique gestionnaire dans laquelle nous nous sommes enfermés depuis le milieu des années 1990. Après l’effondrement du « bloc de l’Est », pensant que la vision partagée et l’action collective transformatrice étaient devenues des leviers d’intérêt général acquis, seule la gestion régulatrice a fait l’objet d’un pilotage rigoureux. Pire, nous avons laissé les outils de gestion devenir nos guides et nos repères… 20 ans après les effets de la « planche à billets » sur l’économie, nous avons laissé alors la « planche à lois et à normes » avoir exactement le même effet sur la démocratie ! Comment ne pas y voir un parallèle fulgurant. Si nous ajoutons que vingt ans plus tard, fin des années 2000, nous laisserons la « planche à outils numériques » avoir elle aussi le même effet sur nos relations individuelles et collectives, comment nous étonner que nous soyons aujourd’hui dans un doute systémique profond ?

Dès 2015, avec les Objectifs de Développement Durable, la prise de conscience des 193 Nations-Unies était claire : nous devions retrouver « l’Esprit des Lois », retrouvant ainsi la Sagesse que Montesquieu avait mis 14 ans à écrire en 1648 ! Pour la première fois dans l’histoire, un Cap et un cadre systémique étaient collectivement définis ; nous donnant 15 ans pour le réussir. Conscients du défi systémique qui s’ouvrait alors, le 17ème Objectif était posé : « Comment allons-nous inventer ensemble ce qu’aucun ne peut réussir seul ? ». A « mi-chemin » du parcours, certains veulent reculer et renoncer à cet engagement pris alors par l’ensemble de l’Humanité ? Mais qui peut légitimement dénoncer ce que les 193 Nations ont alors défini ensemble ? Qui peut prétendre avoir l’arrogance de décider qu’il serait pertinent ou non de poursuivre ? Seuls les 196 Nations d’aujourd’hui, si elles le décidaient ensemble en auraient le légitime pouvoir… Dans le cas contraire, jusqu’au 31 décembre 2030, nous sommes « condamnés » à respecter cet engagement si nous voulons préserver la démocratie. Car tel est bien l’enjeu de l’intérêt général, la démocratie n’est pas un jouet que l’on utilise lorsque cela nous arrange… C’est un principe fondateur de notre « contrat social ». Les mêmes qui se vantent d’en défendre les vertus sont bien souvent les premiers à ne pas en respecter les règles… Là encore, « l’Esprit des Lois » doit venir remettre un peu d’ordre dans des débats qui sont loin de toutes racines d’intérêt général, pourtant bien souvent et abusivement utilisées pour se parer de vertus. Il est possible d’aimer ou non les institutions, mais elles restent les seules garantes de l’intérêt général. Personne d’autre n’a le pouvoir de se l’arroger !

Les « usagers » doivent donc (re)devenir des « citoyens », et les institutions les garantes d’un Cap et un cadre « Commun(s) » dans une dynamique démocratique dont chacun respecte les principes fondateurs. Le puit étant remis au milieu du village, et les institutions légitimement repositionnées, il reste à définir la méthode de pilotage du changement.

La méthode est simple : à « l’Esprit des Lois » doit répondre « l’Esprit des Lieux »

L’universalité du cadre ne doit en effet pas cacher la diversité de la pratique ; bien au contraire, il doit la valoriser. Tel un port dont les phares rouges et verts indiquent le périmètre d’entrée et de sortie en « Commun(s) », mais laissent à chacun la liberté de naviguer selon son cap.

Si la méthode est simple… la pratique l’est beaucoup moins ! Nous devons nous réapproprier « le savoir faire-alliance ». Convaincu que la performance seule était la balise qui dirigeait nos caps, nous avions oublié que tout équilibre durable nécessite de s’articuler avec son écosystème. L’étude d’impact du faire alliance en France, réalisée entre 2018 et 2022, en a clairement établi les conséquences : si chacun est aujourd’hui convaincu de la triple valeur des coopérations en matière d’articulation de la performance, de l’innovation et de la confiance, chacun est aujourd’hui conscient que nous devons réapprendre à « jouer collectif ». La crise sanitaire en a été un accélérateur, mais les systèmes organisationnels ne s’y sont pas encore adaptés. La Gestion régulatrice doit réapprendre à se nourrir de l’Action collective transformatrice.

Nous avons longtemps cru qu’il était suffisant de mettre une majuscule pour représenter la diversité des situations, mais il en va de même des Jeune(s), des Territoire(s), des Entreprise(s), des Valeur(s) ou des Trajectoire(s)… si nous n’ajoutons pas un « s » et que nous n’en déclinions pas la diversité, nous risquons de nous enfermer dans une « moyennisation » qui ne correspond à aucune réalité, et qui devient rapidement « hors sol ». Les Lois devenues progressivement de plus en plus normatives en sont des illustrations malheureusement beaucoup trop concrètes aujourd’hui. Ce qui était supposé protéger les plus fragiles d’entre nous est bien souvent devenu vecteur de « double peine ». Nous devons urgemment répondre à « l’Esprit des Lois » par « l’Esprit des Lieux ».

Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ? Tout simplement qu’il nous faut (ré)apprendre à comprendre la diversité des réalités, et à partir du « premier kilomètre des besoins » plutôt que des « derniers kilomètres des solutions » pour répondre avec pertinence à nos défis « Commun(s) ». C’est dans ce cadre de (ré)invention de nos modèles que les Territoires jouent un rôle structurant. Le cahier de recherche « ODD 17 : Economie(s) et Territoire(s) » en rendait compte en décembre dernier. Il invitait à prendre en compte les 4 C pour Construire ensemble notre Avenir en « Commun(s) » : la Connaissance, la Capitalisation, la Compétence et la Capacité d’investissement.

Le mois de février nous a permis de mettre en débat la diversité de ces composantes.

Connaissance, Capitalisation, Compétences et Capacité d’investissement au service de l’innovation territoriale

La Connaissance des pratiques innovantes a été mise en lumière lors des Etats Généraux des Pays et PETR sur le thème « Autonomie, Résilience et Bonheur local ». Ces derniers permirent de rappeler les enseignements de 18 ans de recherches sur la co-construction du bien commun, et son ancrage territorial. Ce mois de février fut aussi l’occasion d’illustrer l’innovation territoriale au travers de l’exemple du Département de l’Aude avec le témoignage de sa Vice-présidente, Valérie DUMONTET, lors de l’interview du mois des « Jeudis de l’ODD 17 ». Le webinaire mensuel en a fait la pédagogie au travers de l’exemple de l’Alliance pour la Jeunesse Audoise, et le podcast « l’innovation territoriale, source de bonheur pour tous ! » en a fait la promotion.

Dans ce contexte, la Capitalisation pour tous a mis en valeur le travail d’analyse et de suivi des Contrats de Réussite et de Transition Ecologique (CRTE) lors de la session mensuelle d’embarquement à la (re)découverte de la base IMPACT-Alliances. Véritable GPS pour se situer dans son écosystème, cette dernière permet d’avoir accès à plus de 1.000 exemples inspirants et aux contacts de 350 catalyseurs territoriaux pour comprendre la diversité des solutions existantes sur les Territoires, en fonction de leurs spécificités. Cette réalité de terrain est capitalisée pour en modéliser des méthodes et outils adaptés à chaque situation. Dans la fiche ACTION Co-construire en Territoire, vous pouvez en retrouver l’esprit ainsi que l’accès libre aux différents outils disponibles pour s’informer, se former et agir efficacement.

Du côté de la diversité des Compétences, le mois de février a été l’occasion de travailler sur le module « trajectoires socio-économiques » à destination des gouvernances des acteurs, actions et alliances d’intérêt général, ainsi que sur celui sur « l’innovation territoriale » à destination des agents et alliés des Collectivités locales et territoriales. Ils seront bientôt librement accessibles.

Enfin, la Capacité d’investissement dans l’ingénierie d’intérêt général a été renforcée au travers de la validation du plan d’investissement 2024 du Fonds ODD 17. 2 M€ supplémentaires seront affectés afin de compléter les 4 M€ déjà investis dans l’ingénierie du « premier kilomètre des besoins » depuis 2020.

L’audition au conseil économique, social et environnemental sur le financement des associations a été l’occasion de rappeler les enjeux des « petits et moyens » territoires faiblement dotés en ingénieries locales. Plus qu’ailleurs la force du « jouer collectif » entre collectivités, associations et entreprises locales crée une valeur ajoutée et une frugalité que nous devons valoriser. La faiblesse de l’infrastructure est alors compensée par la force de l’engagement. Nous devons prendre collectivement conscience de la valeur spécifique des solutions qui émergent alors. Créatrices de valeur et frugales, elles incarnent très concrètement l’ODD 17 en pratiques. Au-delà des mots… ce sont des Actes pour guérir nos maux !

Ce sont de nos Territoires que l’énergie de transformation nous permettra de réussir les transitions. Comme nous l’avons vu en début de propos, il ne s’agit pas de délégitimer les institutions en prétendant faire mieux qu’elles… c’est au contraire en démontrer la pertinence en inventant ensemble les articulations nécessaires. Nous devons écouter et valoriser ces démarches qui réencastrent la capacité d’Agir de chacun avec la légitimité de notre Cap commun.

Alors oui, forts de cette conscientisation de la « juste place » de chacun dans la transformation systémique, nous apprendrons à observer qu’elle est déjà partout présente dans nos Territoires, même ceux que nous qualifions avec arrogance de « fragiles ». Car oui, la fragilité n’est plus aujourd’hui une faiblesse, c’est au contraire une force collective pour nous inciter à inventer ensemble ce qu’aucun ne peut réussir seul. Dans ces conditions, nous pouvons ensemble faire le « pari de la confiance ». N’hésitons plus à aller à la rencontre de cette innovation territoriale transformatrice qui éclaire « l’intérêt général à portée de main ».

Pour apprendre à mieux la cerner, le mois de mars sera consacré au thème « Transitons : Théorie(s) et Pratique(s) ». Nous vous invitons à le vivre concrètement dès demain, mercredi 6 mars, à 17 heures à l’Ecole des Mines de Paris. A l’occasion du 10ème anniversaire du partenariat de l’Ecole de Paris et du RAMEAU autour du séminaire « économie et sens », venez écouter les co-fondatrices de la Maison de l’apprendre, Tiphaine BONNET et Angélique FIGARI. Vous (re)découvrirez à cette occasion ce que l’alliage entre l’Education (ODD 4) et le « faire alliance » (ODD 17) peut rendre possible pour notre Avenir en « Commun(s) ».  N’hésitez pas à vous inscrire.

D’ici-là, bonne lecture de la Newsletter du RAMEAU, gazette rétrospective des avancées de février sur l’ODD 17 en pratiques !

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