TERRITOIRE : DES CORPS ET DES CŒURS EN MOUVEMENT !

Le 17^ème Objectif de Développement Durable – les partenariats au service de l’intérêt général – rime de plus en plus avec le 16^ème sur la Paix et l’efficacité des institutions. Choisir de publier notre Gazette mensuelle le jour de la célébration de l’armistice de la « Grande guerre » est tout sauf anodin… Lorsque l’intérêt général est en danger, c’est la démocratie qui est en risque. Le mois d’octobre a été l’occasion de nous préparer à un mois qui marque chaque année la réunion des élues et des élus locaux pour leur Congrès annuel. Celui de 2025 a pour thème « Le meilleur en commun » … tout un programme !

« Le corps en mouvement » : tel était le thème 2025 de l’événement culturel Les Temps d’Art organisé chaque année à Saumur par les étudiants du Master Territoire, Attractivité, Création de l’ESTHUA. Il ne pouvait pas être plus en harmonie avec l’actualité…

La Gazette du mois dernier était consacrée à « l’équilibre de la Maison » à l’occasion du 10^ème anniversaire de l’Agenda 2030 des Objectifs de Développement Durable. Elle nous a rappelé l’urgence de faire alliance pour (ré)inventer des modèles cohérents avec nos défis communs, mais aussi de (ré)investir dans l’intérêt général pour garantir une transition juste et durable. Les trajectoires socio-économiques de tous les acteurs publics et privés sont concernées… et pourtant chacun « regarde ailleurs », convaincu que c’est aux autres de changer en premier ! 

La culture est à l’esprit ce que l’agriculture est au corps. Associer ces deux aspects de la même vitalité qui est en nous a permis d’incarner le « défi en Commun(s) » du mois proposé par l’Observatoire des partenariats. La ligne éditoriale du cycle mensuel l’ODD 17 en pratiques avait ainsi pour objectif de rappeler que le changement systémique que nous vivons n’est pas seulement matériel, il est aussi culturel.

Ce mois d’octobre était donc particulièrement important pédagogiquement. Il marquait une forme de transition entre le mois de septembre où l’urgence de (re)venir au cap et au cadre communs d’un Projet mondial partagé tel que nous y invite l’Agenda 2030 était un appel à la raison, et le mois de novembre où le Salon des maires nous appelle à l’action concrète.

Des 1^ères Assises de l’Innovation Publique remarquablement organisées par le CNFPT à la 23^ème session de dialogue en confiance entre ingénieries nationales & territoriales au service de l’intérêt organisée par la Fondation des Territoires, les retours d’expériences ont été nombreux tout au long du mois d’octobre. Ils ont montré que tous les profils d’acteurs étaient aujourd’hui en mouvement.

De son côté, le 51^ème webinaire mensuel de la plateforme « Trajectoires socio-économiques » a éclairé le thème « Vers de nouveaux modèles pour se nourrir durablement ! ». Il a notamment décrypté le rôle stratégique des Territoires, lieux d’innovation par excellence, et illustré qu’il ne pouvait y avoir d’opposition entre le corps et l’esprit. La Culture et l’agriculture ne sont que les deux faces de la même pièce : permettre au corps de se mettre en mouvement !

C’est dans cet esprit que Le RAMEAU a souhaité débuter le mois de novembre en publiant 3 Récits des transitions. 10 ans – jour pour jour – après la publication du rapport « Intérêt général : nouveaux enjeux, nouvelles alliances, nouvelles gouvernance », il s’agissait de valoriser les cheminements respectifs des « pionniers », des institutions et des acteurs académiques (cf. article « Nouvelles alliances, nouveaux Récits, nouveau Cap ! »). Ces Récits retracent une décennie de recherche empirique avec ces différents écosystèmes pour insister sur la réalité des faits : il n’existe pas d’écosystème qui ne soit pas déjà en mouvement. En revanche, il n’existe pas non plus de moyens simples pour les relier entre eux… Si chacun fait de son mieux, personne n’agit réellement sur l’interaction entre tous.

Pour inviter à interagir, l’article « Quels Territoires en Commun(s) ? » décrypte la manière dont le Territoire « symbolique » de l’intérêt général, les Territoires « physiques » de nos actions au quotidien et le Territoire « numérique » pourraient converger vers de nouveaux modèles plus robustes et résilients face à l’ampleur des transitions que nous avons à mener. La preuve en Actes est que ces trois dimensions ont été illustrée en ce début novembre.

Ce mois est donc stratégique pour anticiper et préparer 2026, et notamment les élections municipales qui représentent le cœur battant de notre démocratie. Elles sont l’incarnation de la Nation au plus près des femmes et des hommes qui la composent. Ce sont en effet les élections locales qui fondent le socle commun d’un contrat social renouvelé vers un Cap commun. Si l’échelon national a pour rôle d’en fixer le cadre, ce dernier n’est légitime que s’il est fondé sur le Cap du « 1^er kilomètre » des besoins, des ressources et des envies d’engagement. Ces dernières décennies nous avaient fait croire que la richesse venait « d’en haut », et qu’il suffisait d’en cueillir les fruits ; mais tout agriculteur – de la Terre comme des Cœurs – sait que ce sont des racines que nait la valeur de l’arbre qui pousse pour produire ses fruits. Nous avons perdu le sens du prendre soin des Territoires pour nous focaliser sur des débats - sous stériles - sur le partage de la valeur qu’ils créent. Nous avions oublié que pour en partager des fruits, il fallait déjà commencer par les produire… Le réveil est douloureux, et certains ne sont pas encore conscients du ré-enracinement nécessaire pour revitaliser la démocratie. Aux stratégies de « ruissèlement » qui ont pu être efficaces par le passé, nous devons aujourd’hui privilégier celles « d’enracinement » au plus près des réalités de terrain. Ceux qui sont bien placés pour en témoigner sont les élues et les élus locaux qui vivent ce décalage au quotidien. Saurons-nous les écouter ?

Dès mars dernier, un Appel et un hommage ont été adressé aux femmes et aux hommes de terrain qui sont les garants de l’intérêt général. La lettre ouverte aux élu(e)s locaux et le kit pratique « Réussir ensemble la territorialisation des transitions » leur étaient destinés. Lors du Salon des maires, ce ne sont pas moins de 7 nouveaux outils qui leur seront remis pour les aider au quotidien à créer de la valeur en « Commun(s) » et à accélérer l’innovation territoriale.

Après que l’ANPP-Territoires de Projet nous ait invité l’an dernier à Agir ensemble pour cultiver notre bonheur local, l’AMF nous invite cette année à partager « le meilleur en commun ». Nous nous devons tous d’être au rendez-vous !

C’est sur les Territoires que se joue notre Avenir en « Commun(s) ». C’est là, dans la diversité de nos réalités locales métropolitaines et ultramarines, que les femmes et les hommes s’engagent, et que les organisations publiques et privées agissent au « 1^er kilomètre » des besoins, des ressources et des envies d’engagement. Nos fragilités deviennent alors des moteurs de transformation, et la créativité devient innovation pour (ré)concilier économie et intérêt général.

C’est au cœur des Territoires que nous pouvons articuler « les trois corps » dont nous sommes tous constitués :

• Le corps physique des femmes et des hommes engagées qui (ré)inventent des solutions à l’ampleur des transitions, ancrées et incarnées dans les réalités de chacun, et en capacité de répondre concrètement à nos fragilités individuelles et collectives,
• Les corps sociaux des organisations publiques et privées qui font émerger des réponses concrètes pour articuler réduction des fragilités et invention de nouveaux moteurs socio-économiques durables et inclusifs, en tenant compte des spécificités et de la diversité des domaines d’actions, des profils d’acteurs et des échelons territoriaux,
• Les corps sociétaux de nos Territoires qui incarnent la Nation dans sa diversité, lieux de vie et d’action où s’articule l’ensemble des acteurs qui permettent de garantir l’intérêt général, au travers d'un Projet de Territoire en « Commun(s) ».

Ces trois corps – physiques, sociaux et sociétaux – sont parfois en résonnance, mais souvent en dissonance en raison de l’ampleur des transformations à mettre en œuvre et la successions de crises que nous vivons. C’est une priorité non seulement démocratique mais aussi ontologique de se mettre à l’écoute de ces différents corps en mouvement pour comprendre le sens de la lente métamorphose que nous vivons.

Cette métamorphose est déjà plus avancée que nous ne la conscientisons. Ce n’est pas du haut qu’elle s’observe, mais « à portée d’hommes et femmes » dans la fragilité qui est la nôtre.  Nos points d’observation ont du mal à capter les « signaux faibles » et plus encore à rendre compte des avancées au « 1^er kilomètre » de nos réalités locales. Ces dernières sont pourtant significatives et permettent de nous (re)donner confiance dans notre Avenir en « Commun(s) ».

C’est à cette écoute et à cet hommage que nous invitent les élues et les élus locaux du 18 au 20 novembre prochain. Serons-nous au rendez-vous de l’histoire à leur côté ? Les prochains mois nous le diront, et la qualité des campagnes municipales 2026 sera un bon indicateur de la qualité de nos corps et de nos cœurs pour porter les valeurs que notre Nation a su patiemment co-construire au fil du temps.

Serez-vous au Salon des maires pour soutenir nos représentants de la Nation ? L’ANPP-Territoires de Projet, la Fondation des Territoires, le Fonds ODD 17, le Réseau des Catalyseurs territoriaux, l’Observatoire des partenariats et Le RAMEAU vous donnent rendez-vous le mardi 18 novembre à 17h sur le stand GRDF pour partager les nouveaux outils qui seront remis à nos élu(e)s locaux pour répondre aux besoins qu’ils avaient exprimés l’an dernier dans l’étude « IMPACT & TRAJECTOIRE » réalisée auprès d’eux par l’Observatoire des partenariats.

D’ici-là, pour nous y préparer, bonne lecture de la newsletter « Nourrir le corps et l’esprit ».

Charles-Benoît HEIDSIECK, Président-Fondateur du RAMEAU