Changement climatique : le BTP en première ligne
Le changement climatique représente un enjeu majeur pour de nombreux secteurs, et celui du BTP n’échappe pas à cette réalité. Comment construire et rénover en tenant compte des enjeux de développement durable ? Quels sont les freins à la transformation écologique du bâtiment ? Éléments de réponse avec Maximilien Rouer et Morgan Iafrate.
Canicules, inondations, sécheresses… En France plus qu’ailleurs, le changement climatique questionne la vulnérabilité de nos bâtiments, et leur capacité à subir des événements de plus en plus intenses et aléatoires.
« Nous entrons dans un monde VUCA : vulnérable, incertain, complexe, ambigu »
Maximilien Rouer, ingénieur agronome et expert en développement durable chez Mazars.
« Dans un futur proche, les températures extrêmes pourraient devenir fréquentes, même dans les zones habituellement tempérées. Nos bâtiments vont devoir résister à un climat plus instable : sécheresse, phénomène de retrait-gonflement des argiles, tempêtes… L'impact du réchauffement climatique sur le bâti est bien réel, et les écarts thermiques fragilisent les structures et les matériaux de construction. Le secteur du BTP doit tenir compte de ces nouveaux risques, et s’y adapter sans tarder. Il doit réinventer sa manière de produire et de consommer les ressources ».
Construire autrement : vers un bâtiment plus vertueux
Rappelons qu’en France, le BTP figure parmi les industries les plus émettrices de gaz à effet de serre, juste derrière le transport routier, l’agriculture et l’industrie. « Pour atteindre la neutralité carbone, il faut construire autrement, en tenant compte de la nouvelle réglementation environnementale (RE 2020), réhabiliter quand c’est possible, réutiliser l’existant », souligne Morgan Iafrate, expert en conseil immobilier chez Mazars.
« Aujourd’hui, nous pouvons mener des projets immobiliers plus vertueux, respectueux de la biodiversité. L’analyse du cycle de vie (ACV) est devenue une approche incontournable pour concevoir en limitant les impacts environnementaux d’un bâtiment ». Il s’agit aussi de réduire les consommations énergétiques en améliorant le confort thermique, été comme hiver : « Le confort d’été devient un sujet avec les canicules et le choix des matériaux est crucial, souligne Maximilien Rouer. Des solutions comme les peintures de toit anti-chaleur peuvent être mises en œuvre très facilement. »
Transition écologique du BTP : la fin d’un tabou
Pour Morgan Iafrate, la question du coût de la transition est primordiale : « Les constructeurs aimeraient pouvoir privilégier les matériaux biosourcés, comme la laine de bois, plus vertueuse que la laine de roche, mais leur coût reste dissuasif. Il faut massifier les travaux pour faire baisser les prix, privilégier les circuits courts… C’est toute la chaîne d’approvisionnement qui doit se coordonner pour réaliser des économies d’échelle, qui bénéficieront à l’ensemble de la filière. Construire bas carbone, c’est aussi réfléchir autrement ».
« La bonne nouvelle, c’est que les acteurs du secteur s’organisent de mieux en mieux pour faire face à ces enjeux si importants, conclut Maximilien Rouer, qui voit se dessiner « une forme d’intelligence collective du bâtiment, via des transformations des filières. C’est aussi la fin d’« L’enjeu de sobriété énergétique, la préservation de la biodiversité deviennent des sujets sérieux pour toutes les entreprises, sans exception. On entre dans une logique coopérative, et cela permet de faire progresser les actions beaucoup plus rapidement ».
Article de la série Transformations durables, réalisée par Mazars en partenariat avec La Tribune.