« Nous défendons un projet social et solidaire depuis 79 ans », explique Matthias Savignac, président de MGEN
Créée en 1946, la Mutuelle générale de l’éducation nationale (MGEN) est devenue la première mutuelle santé et prévoyance de la fonction publique. Dans un entretien accordé à Carenews, son président, Matthias Savignac, affirme son ancrage dans l’économie sociale et solidaire et explique ce que cela change dans les pratiques de l’entreprise.

MGEN, première mutuelle de santé et prévoyance de la fonction publique, est l'une des mutuelles fondatrices du groupe VYV, le plus important groupe de protection sociale mutualiste en France. Elle s’affirme depuis longtemps comme une organisation majeure de l’économie sociale et solidaire (ESS), porteuse de certaines valeurs comme la solidarité, la proximité, l'émancipation des individus et la démocratie. Elle s’inscrit également dans une logique de coopération avec les autres acteurs de l’écosystème.
Matthias Savignac, président de MGEN depuis 2021, explique à Carenews en quoi faire partie de l’ESS est un véritable marqueur identitaire pour la mutuelle, qui a abouti à la définition d’une raison d’être en 2021 et à la mise en œuvre d’une politique RSE exigeante, bâtie autour de cette raison d’être.
- De quelle manière MGEN s’affirme-t-elle comme faisant partie de l’ESS et qu’est-ce que cela change dans vos pratiques ?
La mutuelle MGEN s’inscrit pleinement dans l’économie sociale et solidaire. En tant que mutuelle santé et prévoyance, nous avons toujours revendiqué notre appartenance à cette forme d’économie. Nous défendons depuis près de 79 ans un projet social et solidaire fondé sur le principe de non-lucrativité, de gouvernance partagée et d’utilité sociale. À ce titre, nous nous considérons comme des acteurs de l’intérêt général.
Face à un monde qui se fracture, il est essentiel pour notre mutuelle d’être ancrée dans les territoires, de contribuer à renforcer le lien social, de porter des causes qui la dépassent, au service de l’intérêt général. Notre choix collectif, cela a toujours été de mettre notre performance économique au service d’une performance sociale. C’est un choix éminemment politique.
Face à un monde qui se fracture, il est essentiel pour notre mutuelle d’être ancrée dans les territoires, de contribuer à renforcer le lien social, de porter des causes qui la dépassent, au service de l’intérêt général.
Comme organisation de l’ESS, nous soutenons aussi l’écosystème de l’ESS. Par exemple, nous privilégions les structures de l’ESS pour nos prestations. Par ailleurs, MGEN a été à l’initiative, avec d'autres partenaires, de la création de la chambre régionale de l’ESS (Cress) de Mayotte, pour soutenir le développement et l’action des structures face à la situation très difficile de ce département.
En 2023, j’étais intervenu à l’Organisation des Nations-Unies (ONU), à New York pour promouvoir l’ESS avec d’autres acteurs, en vue du vote de la résolution qui a permis de reconnaître la contribution de nos structures aux objectifs de développement durable (ODD). Lors de cette intervention, j’avais qualifié l’ESS d’économie « de la poignée de main », de la coopération. Nos structures coopèrent naturellement les unes avec les autres ; cela fait partie de notre ADN.
Cela se traduit d’ailleurs concrètement dans nos réponses aux appels d’offres dans le cadre de la protection sociale complémentaire (PSC) des trois fonctions publiques : nous répondons chaque fois que c'est possible en coopération avec d’autres mutuelles de fonctionnaires.
- Qu’en est-il de vos engagements plus larges en faveur de la société mais aussi de l’environnement ?
Je crois que le fait de penser le temps long est là aussi caractéristique de l’ESS. De notre côté, nous avons mis en œuvre une politique de responsabilité sociétale (RSE) exigeante, fondée sur la raison d’être que nous avons définie collectivement, avec l’ensemble de nos parties prenantes (adhérents, élus et militants, salariés, partenaires, fournisseurs…) en 2021.
Le fait de penser le temps long est caractéristique de l’économie sociale et solidaire.
Cette raison d’être se définit ainsi : « Engagés pour le progrès social et la santé de tous, nous, collectif mutualiste au service de l’intérêt général, prenons soin les uns des autres tout au long de la vie ». Elle est désormais inscrite dans nos statuts, comme la loi Pacte de 2019 incite les entreprises à le faire pour affirmer leur responsabilité sociétale et environnementale. Elle nous permet aussi de prioriser certaines actions par rapport à d’autres.
Comme entreprise engagée, actrice de la proximité territoriale, nous avons fait le choix de conserver tous nos emplois en France, et de disposer de points d’accueil dans tous les départements. Nous avons également décidé d’héberger toutes nos données en France, pour mieux les protéger et par souci de réduire leur impact environnemental.
Nous avons des responsabilités vis-à-vis de nos adhérents. Nous ne vivons que grâce à leurs cotisations. Cela nous permet d’être incessibles, ce qui est une vraie force. Cela implique notamment de rester à l’écoute de nos adhérents et de chercher à répondre au mieux à leurs attentes.
- Vous avez adopté une raison d’être en 2021, mais pour autant, vous n’avez pas souhaité devenir société à mission, autre possibilité offerte par la loi Pacte : pour quelles raisons ?
Essentiellement pour deux raisons. D’abord parce que depuis 2021, MGEN a été confrontée à la nécessité de se transformer profondément, avec la mise en œuvre de la réforme de la PSC qui généralise les contrats collectifs obligatoires dans la fonction publique, avec participation de l'État employeur.
Ensuite parce que cette qualité nous semble être utilisée par beaucoup d’entreprises comme un outil de communication, sans que cela soit toujours suivi d’actions très contraignantes. Peut-être que nous ferons le choix de devenir société à mission plus tard, mais cela n’est pas une priorité pour le moment.
- L’une des caractéristiques des structures de l’ESS est d’avoir une gouvernance démocratique. Comment s’organise la gouvernance de MGEN ?
Notre gouvernance prend sa source dans les territoires. Dans chaque département, les adhérents MGEN élisent des représentants. Environ 500 de ces représentants sont des délégués mandatés pour voter à l’assemblée générale (AG) de la mutuelle. Ces délégués élisent des représentants au conseil d’administration (CA), qui lui-même élit le président et le bureau national, sorte de commission permanente du CA.
L’AG, c’est à la fois le lieu de l’impulsion des décisions stratégiques, et l’instance à laquelle le CA et le bureau national rendent des comptes sur leur mandat. Mais nous échangeons aussi en permanence avec nos comités départementaux, pour partager des informations, prendre le pouls des adhérents….
Ce système fait que nos adhérents sont impliqués dans la vie de leur mutuelle. Nous avons par exemple un taux de participation aux élections des représentants de 25 à 30 %, ce qui est plutôt élevé pour des élections de ce type.
Propos recueillis par Camille Dorival