Réforme des retraites : à la manifestation du 7 mars, les jeunes interrogent la place du travail dans la société

Ce 7 mars à Paris, les syndicats professionnels sont tous présents pour défiler contre la réforme des retraites. Les jeunes, dont beaucoup d’étudiants, viennent grossir les cortèges, certains empoignant des pancartes souvent originales : « Tu nous mets 64 ans, on te Mai 68 », prévient l’une d’elles. Une autre se demande : « Comment papi et mami peuvent me faire des crêpes s’ils travaillent ? »

Réorganiser le travail

Vous pensez à la retraite avant même d’avoir commencé à travailler, s'indignent certains observateurs. Mais dans ce cortège, on s’oppose, certes, mais on imagine également une nouvelle société, une nouvelle organisation du travail. Pour Elisa, 23 ans, « Le travail ne devrait pas exister tel qu’il est aujourd’hui ». Travaillant dans une association, elle estime que dans sa société idéale, le travail « serait plus une contribution à la société avec chacun qui participerait à son échelle et avec beaucoup plus de services publics ». Elle souhaiterait notamment que l’on partage davantage les tâches pour plus d’égalité. Et si les managers se mettaient également à faire le ménage ? 

Mais l’une des premières grandes avancées selon elle : passer à la semaine de trois jours. « Je suis pour la réduction du temps de travail, car cela permettrait de lutter contre le chômage et offrir aux gens la possibilité de s’épanouir autrement. »

Réduire le temps de travail ?

Thomas, étudiant, ne va pas aussi loin et évoque la semaine de quatre jours, testée dans plusieurs pays. « Je pense que c’est un point de départ pour rendre le travail plus efficace. Les résultats en entreprise sont équivalents, voire meilleurs avec la semaine de quatre jours qu’avec l’organisation actuelle. À partir de là, je ne vois pas pourquoi on ne l’essaie pas  », estime-t-il. En effet, une enquête britannique récente réalisée à la suite d’une expérimentation montre un gain de chiffre d’affaires et de meilleures conditions de travail pour les employés.

À ses côtés, Emma, étudiante, va dans le même sens. « J’ai pas envie de vivre pour travailler, j’ai pas envie de mourir au travail, de voir mes proches mourir au travail », avertit-elle.

Redonner du sens au travail

L’un des termes revenant le plus dans la bouche des jeunes est celui de sens. Comme pour le jeune Alexis, juriste en administration. Il considère que le travail manque aujourd’hui cruellement de sens. Comment alors prendre une autre trajectoire en la matière ?  « Cela va au-delà de petites réformes par-ci par-là. C’est vraiment remettre en cause collectivement notre conception du travail », considère-t-il. Se poser, et réfléchir au sens du travail. Doit-il être forcément au sein d’une entreprise capitaliste ? Avec un patron ? Selon une étude d’Opinion Way, 95 % des jeunes nés dans les années 2000 souhaiteraient exercer une activité qui ait du sens. En attendant, tous s’accordent à dire que passer l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans ne va pas dans le bon sens.

Théo Nepipvoda