Fibrome : un combat dans l'ombre
Les maladies féminines restent souvent invisibles, entourées de silence et de tabous. Parmi elles, le fibrome utérin est l’une des plus fréquentes : il touche une femme sur quatre et constitue la première cause d’ablation de l’utérus en France. Pourtant, cette pathologie demeure largement méconnue, entraînant des diagnostics tardifs et des souffrances physiques et psychologiques.
Dans un nouvel épisode du podcast Au fil des causes, Callie Bourhis reçoit Angèle Mbarga, fondatrice de l’association Fibrome Info France, elle nous partage son expertise et son combat de plus de 15 ans pour briser le silence autour du fibrome utérin. Elle y explique les symptômes, les impacts sur la vie quotidienne, les difficultés liées au diagnostic et les solutions existantes. Ce témoignage met en lumière l’importance de l’information et du soutien pour les femmes concernées.
Le fibrome qu’est-ce que c’est ?
Le fibrome utérin est une tumeur bénigne qui se développe à l’intérieur ou à l’extérieur de l’utérus. Contrairement aux kystes, qui peuvent disparaître spontanément, le fibrome est récidivant et peut persister durant toute la période hormonale. Les symptômes sont multiples : règles abondantes, douleurs pelviennes, saignements hors cycle, anémie sévère, douleurs lombaires, fatigue intense, troubles de la fertilité et complications pendant la grossesse. Cette diversité explique pourquoi la maladie est parfois sous-estimée. De plus, le fibrome évolue souvent de manière silencieuse : certaines femmes découvrent sa présence après des années, parfois à la suite d’une hémorragie ou d’une douleur aiguë liée à la nécrobiose d’un fibrome.
Défis du diagnostic et enjeux de prévention
Le diagnostic du fibrome reste complexe en raison de l’absence de stratégie nationale de dépistage. Les femmes consultent généralement après des saignements anormaux ou des hémorragies importantes. Certains facteurs augmentent le risque : règles précoces, antécédents familiaux, origine ethnique (les femmes noires sont particulièrement touchées), déséquilibres hormonaux et exposition aux perturbateurs endocriniens. Des études américaines suggèrent un lien entre hypertension artérielle et fibrome, mais la recherche française demeure insuffisante voire inexistante. La prévention pourrait passer par une meilleure surveillance cardiovasculaire, une réduction de l’exposition aux perturbateurs endocriniens et une sensibilisation accrue.
Prise en charge, accompagnement et perspectives
Le traitement du fibrome varie selon la taille, la localisation et les symptômes. L’hystérectomie reste une solution radicale, mais elle entraîne des conséquences psychologiques et un risque cardiovasculaire accru si pratiquée avant 45 ans. Des alternatives existent : chirurgie conservatrice, embolisation, traitements médicamenteux. L’association Fibrome Info France, créée en 2011, joue un rôle clé en informant, accompagnant et soutenant les femmes. Elle milite pour une meilleure reconnaissance de la maladie et des financements dédiés à la recherche.
