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Par Novapec - Publié le 24 avril 2024 - 09:03 - Mise à jour le 24 avril 2024 - 09:03
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Novapec et Chemins d’avenirs : « Être en pleine possibilité de choisir son emploi, en dépassant le déterminisme territorial »

Lancé en septembre 2023, le programme Novapec créé par l’Apec soutient des projets d’innovation sociale utiles aux territoires. Parmi ses lauréats, Chemins d’avenirs : ses actions s’enrichissent aujourd’hui d’une nouvelle expérimentation baptisée Lance ta Carrière, centrée sur l’accès à l’emploi des jeunes issus des zones rurales et des petites villes. Julie Langlade, responsable du programme Novapec, et Salomé Berlioux, fondatrice et directrice générale de Chemins d’avenirs reviennent en détails sur leur partenariat en faveur de l’égalité des chances.

Novapec et Chemins d’avenirs : « Être en pleine possibilité de choisir son emploi, en dépassant le déterminisme territorial ». Crédits photos : DR.
Novapec et Chemins d’avenirs : « Être en pleine possibilité de choisir son emploi, en dépassant le déterminisme territorial ». Crédits photos : DR.

 

 

 

  • Julie, pourquoi avoir choisi de soutenir Chemins d’avenirs dans le développement de son programme Impact Direct ?

 

Julie Langlade : Notre partenariat est un bel exemple de complémentarité. L’Apec est implantée partout en France dans les grandes villes, là où se trouve son cœur de cible, les cadres et les jeunes diplômés bac +3 et plus. Mais l’Apec a vocation à s’adresser à tout le monde. La force de Chemins d’avenirs est d’accompagner les jeunes des zones rurales et des petites villes dans leur parcours académique et professionnel, dès le collège ou le lycée. Pourquoi en amont ? Parce que plus on agit en amont, plus on a des chances de déjouer les freins qui pourraient s’installer. Chemins d’avenirs a une expertise sur ce public spécifique des jeunes, auprès de qui nous souhaitons faire connaître nos expertises. 

 

  • Salomé, que représente le soutien de Novapec pour l’association ?

 

Salomé Berlioux : D’abord, de manière très concrète, le soutien financier de Novapec est transformateur pour notre structure et ses projets. Ensuite, c’est un signal fort lorsqu’un acteur tel que l’Apec s’engage en faveur de l’accès à l’emploi des jeunes en zone rurale et dans les petites villes. C’est une reconnaissance de leurs difficultés et de leurs problématiques. 

 

  • Quelles sont ces difficultés ?

 

Salomé Berlioux : Les jeunes des zones rurales et des petites villes représentent 60 % des jeunes Français. Or ces jeunes sont confrontés à de nombreux obstacles qui créent un déterminisme territorial – lequel est parfois renforcé par un déterminisme social voire de genre quand il s’agit de jeunes femmes. Dès le collège et le lycée, les empêchements se multiplient – matériels, psychologiques – et les jeunes des territoires, malgré tout leur potentiel, ne peuvent alors pas choisir librement leur avenir. Ils manquent notamment d’opportunités académiques, culturelles et professionnelles à proximité de leur domicile ou de dispositifs pour accéder aux opportunités plus lointaines.

 

Au moment d’accéder à l’emploi, à un stage ou une alternance, que se passe-t-il ? Ces jeunes n’ont pas accès aux offres d’emploi qui se situent sur un autre territoire que le leur, s’autocensurent sur le thème de « c’est pas fait pour moi parce que je viens de la campagne », n’ont pas toujours les bons codes ni les formations attendues, manquent de « rôles-modèles » issus de la ruralité, de confiance en eux, de moyens financiers et logistiques pour se rendre dans une grande ville pour passer un entretien. Tous ces obstacles s’accumulent et portent atteinte à l’égalité des chances entre les jeunes Français. Le travail de Chemins d’avenirs, depuis sa création en 2016, est d’agir très en amont, pour faire la différence.

 

Julie Langlade : Ces jeunes sont longtemps restés dans l’angle mort des politiques territoriales. Pourtant, ils sont 10 millions ! Il est essentiel d’en prendre conscience collectivement pour faire bouger les lignes.

 

  • En quoi votre recherche d’impact direct est-elle une réponse concrète à l’insertion des jeunes issus des zones rurales ?

 

Salomé Berlioux : Nos actions nous ont déjà permis d’accompagner 10 000 jeunes depuis 2016. Nous les soutenons dans la construction de leur parcours académique, professionnel et citoyen, selon quatre axes fondamentaux : la réflexion sur soi, le recours à un mentor individuel, la formation et des opportunités d’interactions professionnelles comme des bourses, des stages, des visites d’entreprises, ou bien des sorties culturelles. Notre approche se veut holistique. Chez Chemins d’avenirs, la notion de potentiel est fondamentale. Ce qui nous guide, c’est la question de la réalisation de soi, le choix du parcours, quel qu’il soit. Notre objectif est de redonner aux jeunes confiance en eux et en leur avenir, de les outiller pour construire leur projet et écouter leurs propres ambitions. En suivant notre programme, ils ont accès à l’information, maîtrisent les outils numériques à des fins professionnalisantes, ont plus conscience de leurs forces, ont un engagement citoyen plus fort, bref : ils deviennent acteurs de leur futur. 

 

Julie Langlade : Les jeunes accompagnés par Chemins d’avenirs ont une idée beaucoup plus claire de leur projet académique et professionnel. L’objectif de Chemins d’avenirs est de leur transmettre toute la palette des possibles, pour qu’ils puissent choisir le chemin vers lequel ils veulent se diriger.

 

  • En quoi consiste le nouveau programme « Lance ta carrière » ?

 

Salomé Berlioux : Chemins d’avenirs est un laboratoire d’innovation sociale et territoriale. Le programme Lance ta carrière est une expérimentation, que nous venons de lancer le 9 mars 2024. Ce nouveau dispositif cible le moment-clé de la recherche d’emploi, d’alternance ou de stage. Il s’adresse à 20 jeunes accompagnés par Chemins d’avenirs, en âge d’entrer sur le marché du travail, pour les aider à trouver une première expérience professionnelle en fonction de leur projet individuel. Il est organisé autour de deux modalités. D’une part, quatre masterclass virtuelles collectives, animées par des experts de l’insertion professionnelle, pour travailler le profil candidat, l’organisation de la recherche, la prise de parole en entretien et la mobilisation du réseau. D’autre part, un mentor individuel dédié à chaque jeune, travaillant dans le milieu qui les intéresse et avec qui échanger chaque semaine durant six mois. Les binômes disposent d’un support méthodologique et d’une équipe dédiée au sein de Chemins d’avenirs pour que tout se passe dans les meilleures conditions. Pendant toute la durée du programme, nous programmons également des rendez-vous mensuels pour que les jeunes puissent se retrouver et échanger sur les problématiques rencontrées.

 

Julie Langlade : Les thèmes des masterclass sont au cœur de nos expertises. D’ailleurs, la première masterclass sur la thématique « Organiser ses recherches » a été animée par une consultante en développement professionnel de l’Apec. Nous avions à cœur d’accueillir les jeunes et leurs mentors au sein de notre centre de Gare de Lyon à Paris pour le lancement du programme début mars. Les jeunes, qui ne nous connaissent pas forcément, ont découvert l’accompagnement que nous pouvons leur proposer. Ce parcours de six mois donne le temps de construire et d’accompagner le jeune dans son projet. Son aspect expérimental est très intéressant. Nos actions s’imbriquent et on se nourrit mutuellement. 

 

  • Quels sont les objectifs et les prochaines étapes ?

 

Salomé Berlioux : Les quatre masterclass ont eu lieu. Nous avons également mis en place dès le départ une mesure d’impact, qui va nous permettre au bout du cycle de 6 mois de constater l’efficace de nos méthodes et les améliorations à lui apporter. Parmi les objectifs quantitatifs, nous souhaitons qu’au moins 16 jeunes sur 20 trouvent un emploi. Nous avons également établi des indicateurs plus qualitatifs, comme le développement de compétences transversales ou la prise de confiance en soi.

 

Julie Langlade : Notre soutien financier est d’une durée d’un an et il y a une vraie volonté de suivre ensemble la réalisation des objectifs. Pour répondre à l’aspect expérimental du programme, Novapec va venir se positionner là où Chemins d’avenirs a besoin de nous quand cela est possible et que cela a du sens par rapport à nos actions, dans une co-construction permanente. Nous restons très ouverts. Au-delà du programme Lance ta carrière, nous avons pour objectif d’aider Chemins d’avenirs à accompagner financièrement 2 900 jeunes supplémentaires en 2024. 

 

  • Quelle portée donnez-vous à l’expérimentation de Lance ta carrière ?

 

Julie Langlade : C’est l’aboutissement de tout ce qui a été mis en place depuis le lancement de Chemins d’avenirs. Le programme est une façon concrète de voir en quoi l’accompagnement permet à ces jeunes d’accéder à des emplois qu’ils n’auraient pas envisagés. L’idée n’est pas du tout que les jeunes quittent les zones de ruralité ou les petites villes, mais véritablement de leur donner les clés et une méthodologie pour une insertion professionnelle réussie. Chacun d’entre eux doit pouvoir suivre ses propres ambitions.

 

Salomé Berlioux : Depuis 2016, nous mettons toute notre énergie dans la lutte contre le déterminisme géographique et social, mais il y a encore une marche supplémentaire à franchir au moment de l’accès à l’emploi des jeunes ruraux. C’est tout le sens de ce projet-pilote, dont nous sommes convaincus qu’il va s’avérer transformateur pour les 20 jeunes concernés. Si nous le déployons ensuite, ce dispositif aura un impact positif à l’échelle individuelle, mais aussi à l’échelle de la société en termes économique, politique et social. Ce qui est central, rappelons-le, c’est la question du choix. Que ces jeunes aient envie de rester au sein de leur territoire ou de bouger, ils doivent être en pleine possibilité de choisir. C’est ça l’égalité des chances. Même si nous sommes encore loin du compte et que la lutte contre les fractures territoriales est loin d’être finie !

 

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