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Par Solthis - Publié le 8 juillet 2020 - 16:35 - Mise à jour le 8 juillet 2020 - 16:42
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Entretien avec le professeur Yazdan Yazdanpanah sur la pandémie COVID-19

“Comme dans la réponse à Ebola, les organisations partenaires ont un vrai rôle à jouer dans l'accompagnement des populations et professionnels de santé dans la mise en place de ces changements.“

Pr YAZDAN
Pr YAZDAN

Nous nous sommes entretenus avec le Pr Yazdan Yazdanpanah, chef de service en infectiologie et maladies infectieuses à l’hôpital Bichat à Paris, membre du Conseil scientifique français et administrateur de Solthis.

Quelle est votre vision de la situation actuelle en Afrique ?

Fort heureusement, l’impact de l’épidémie est moins important que prévu. Cependant, il est difficile de savoir “pourquoi”, il y a différentes hypothèses. N’y a-t-il pas beaucoup de cas parce qu’ils ne sont pas diagnostiqués ? Même s’ils ne sont pas diagnostiqués, il semblerait qu’il n’y ait pas beaucoup de formes graves dans les hôpitaux. Peut-être est-ce parce que la population est beaucoup plus jeune par rapport aux pays européens ? D’autre part, la faible incidence peut également être le résultat des modes de vie et de l’environnement en Afrique subsaharienne (les gens vivent dehors, tout est ouvert, les espaces sont moins confinés…). Les pays africains ont mis en place un certain nombre d’interventions, ils ont beaucoup fait, et d’autre part, de la même manière qu’en Europe, l’épidémie va avoir un impact sur les modes de vie dans les mois à venir. Ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est que cet impact ne sera pas seulement sanitaire, il y a d’autres facteurs à prendre en compte : économiques, politiques…

 

” La coordination interne et la circulation de l’information sont essentielles pour améliorer les pratiques de riposte.”

 

Selon vous, quel est l’impact de COVID-19 aujourd’hui, notamment sur la continuité des soins ?

Il est encore trop tôt pour évaluer réellement l’impact de la pandémie sur la continuité des soins, mais il est clair qu’il faut y travailler. En Europe, il ne fait aucun doute que malgré la téléconsultation, elle a eu un impact qualitatif sur les patients suivis. Je pense que nous devons être extrêmement vigilants sur la continuité des soins : pendant les épidémies, tout ce qui est “autre chose” est moins bien fait et c’est pourquoi nous devons être prudents. Il y a un impact sur la morbidité des autres maladies.

 

Qu’avez-vous mis en place à l’hôpital Bichat pour améliorer la réponse et la continuité des soins ?

Nous avons très vite lancé des téléconsultations pour continuer à suivre les patients et nous avons maintenu des consultations en face à face quand c’était urgent. Cependant, nous n’avons toujours pas de retour sur l’impact de ces modes de prise en charge en termes de qualité et de ressenti des patients. Il y a des patients qui ont souffert pendant la crise. Si nous interrogeons les patients, peut-être que cela a eu un impact qualitativement plus que quantitativement. Dans la pathologie du VIH, nous sommes parfois les seuls à savoir ce que les gens ont, les gens ont besoin de parler et au téléphone ce n’est pas la même chose.

Nous avons demandé aux soignants de parler aux patients, de communiquer, c’était un point très important. Nous avons essayé de mettre en place des choses pour évaluer ce que nous faisions parce que nous devions améliorer les soins rapidement quand nous avions de plus en plus de patients. Nous apprenions des choses au fur et à mesure. C’est là que la communication et la transmission étaient très importantes, il fallait que les gens se parlent pour s’organiser. La coordination interne et la circulation de l’information sont essentielles pour améliorer les pratiques de riposte.

 

“Comme dans la réponse à Ebola, les organisations partenaires ont un vrai rôle à jouer dans l'accompagnement des populations et professionnels de santé dans la mise en place de ces changements.“

 

Vous êtes administrateur de Solthis, à votre avis, quel peut être le rôle d’une ONG en temps de crise sanitaire ?

Solthis fait un excellent travail et je pense qu’en général, les organisations comme Solthis ont un rôle important à jouer dans l’avenir car cette épidémie va aussi changer les pratiques en Afrique. Comme dans la réponse à Ebola, les organisations partenaires ont un vrai rôle à jouer dans la mise en œuvre et le soutien des personnes dans ces changements.

Ces changements sont le résultat d’une capitalisation d’expérience, comme l’ont fait les pays d’Asie du Sud-Est après les premières épidémies de maladies respiratoires au début des années 2000. C’est ainsi que les pratiques des populations mais aussi dans les hôpitaux vont changer. Cela se traduira par le port beaucoup plus systématique des masques, la mise en place de gestes de barrière dans les espaces publics, et plus de téléconsultation lorsque cela est possible. L’hygiène générale va changer et il est important de prendre en compte un certain nombre de choses suite à cette épidémie, sans pour autant exagérer.

 

Interview réalisée le 22 juin 2020, à Paris

En savoir plus les actions de Solthis contre la pandémie covid-19 en Afrique de l’Ouest

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