Quitter la prostitution ? C’est possible ! Présentation des parcours de sortie prostitution
Depuis 6 ans, des parcours de sortie de prostitution permettent aux personnes victimes de traite des êtres humains de s’extraire de l’exploitation sexuelle pour s’insérer dans la société. Aux captifs, la libération, nous accompagnons depuis 4 ans des personnes victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle dans ces parcours, explications.
Lors du premier confinement du printemps 2020, avec l’arrêt de leur activité au Bois de Vincennes et à Paris, et l’absence de revenus, beaucoup de femmes en situation de prostitution ont pris conscience qu’une autre vie était possible. Elles souhaitent désormais s’en sortir : 36 personnes sont ainsi venues vers notre association Aux captifs, la libération avec un désir de quitter leur situation d’exploitation.
Aujourd’hui, dans certaines antennes, les demandes d’entrées en Parcours de Sortie de Prostitution (PSP) sont en constante augmentation : les femmes se rencontrent, se passent le mot et elles sont de plus en plus nombreuses à envisager cette solution. Pour une majeure partie, ce sont des femmes nigérianes recrutées, transportées et exploitées sexuellement dans la rue en France, en Allemagne et en Italie, sous la coupe de réseaux de proxénètes violents.
Le parcours de sortie de la prostitution et d’insertion sociale et professionnelle est un dispositif ouvert aux personnes adultes, victime de prostitution, de proxénétisme ou de traite des êtres humains aux fins d’exploitation sexuelle qui souhaitent sortir de la prostitution et accéder à des alternatives.
Ce dispositif, applicable depuis le 15 avril 2017, a été instauré par la loi du 13 avril 2016 visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées (loi complétée par le décret n° 2016-1467 du 28 octobre 2016 relatif au parcours de sortie de la prostitution et d’insertion sociale et professionnelle et à l’agrément des associations participant à son élaboration et à sa mise en œuvre et la circulaire du 31 janvier 2017).
Il repose sur les commissions départementales de lutte contre la prostitution, le proxénétisme et la traite des êtres humains et des associations agréées chargées de la mise en œuvre de ce parcours.
L’entrée dans le dispositif est accordée à la victime par le préfet de département, après analyse de sa situation par une association agréée comme Aux captifs, la libération, et avis de la commission départementale de lutte contre la prostitution, le proxénétisme et la traite des êtres humains. L’entrée dans le dispositif est accordée pour une période de 6 mois renouvelable dans la limite de 24 mois et offre aux victimes un accompagnement assuré par l’association et l’octroi de droits spécifiques tels qu’une autorisation provisoire de séjour pour les victimes étrangères et une aide financière.
En 2021, 27 personnes suivent actuellement ce parcours, d'autres doivent attendre. Ce parcours de 2 ans implique un engagement fort de la part des personnes : elles doivent cesser leur activité au Bois, être accompagnées vers le logement et l’emploi, et reçoivent une allocation et une autorisation de séjour en échange. En 2022, l’objectif est d’accompagner 8 personnes de plus dans ces parcours, et 12 sorties sont attendues, pour une nouvelle vie hors de l’exploitation sexuelle et de l’univers de la Traite. Le défi va bien au-delà des 2 années de parcours "officiel". Il faut parfois des années pour se relever d'une situation d'emprise, pour passer de victime à survivant.
Article écrit en collaboration avec Gilles Badin, directeur opérationnel du pôle prostitution et Baudoin de Fromont, chargé des partenariats. A retrouver en entier sur Contre la traite des êtres humains.
A lire également : Plaidoyer « Tolérance zéro pour le travail des enfants, le travail forcé et la traite des êtres humains » du Collectif « Ensemble contre la traite des êtres humains » dont les Captifs sont membres.
Merci à la DRDFE (Direction Régionale aux Droits des Femmes et à l’Egalité) de la Préfecture de Paris, à la Fondation Notre Dame, à la Fondation Cesarini, à la Fondation Moral d’Acier, au Secours Catholique Caritas France, à la Fondation Isabelle et Hubert d’Ornano, et à AXA France de financer ce projet.