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Par Carenews INFO - Publié le 9 avril 2024 - 14:31 - Mise à jour le 9 avril 2024 - 14:31 - Ecrit par : Camille Dorival
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Associations : des modèles socio-économiques fragilisés

On comptait 1,4 million d'associations en 2020, selon la dernière édition du « Paysage associatif français » de Lionel Prouteau et Viviane Tchernonog. En une quinzaine d'années, leur structure de financement a profondément évolué, le modèle de la subvention publique étant progressivement remplacé par celui de la commande publique. 

Le paysage associatif français, 4e édition, de Lionel Prouteau et Viviane Tchernonog, est paru aux éditions Lefebvre Dalloz.
Le paysage associatif français, 4e édition, de Lionel Prouteau et Viviane Tchernonog, est paru aux éditions Lefebvre Dalloz.

 

On comptait 1,4 million d'associations en 2020, nous apprend la 4e édition de l'ouvrage Le Paysage associatif français (éd. Lefebvre Dalloz, 2023), réalisé sous la direction de Lionel Prouteau et Viviane Tchernonog, chercheurs universitaires spécialistes de ces sujets. Parmi ces structures, seules 10,5 % employaient des salariés, soit 144 000 structures. 

 

Des structures très présentes dans le sport, la culture et les loisirs 

 

Les associations sont présentes dans des secteurs d'activités assez variés, mais sont particulièrement présentes dans cinq secteurs : 

  • Le sport : ce secteur d'activités concerne 24 % des associations, les clubs sportifs, fédérations, ligues sportives, etc., étant le plus souvent constitués sous forme associative. 
  • La culture, qui constitue l'activité principale de 21 % des associations.
  • Les loisirs, qui concernent 20 % des associations. Il s'agit surtout d'associations sans salariés (21 % de celles-ci évoluent dans la culture, contre seulement 8 % des associations employeuses). 
  • La défense des droits, des causes et des intérêts, qui concerne 13 % des associations. 
  • L'action humanitaire, le social et la santé, qui constituent l'activité de 12 % de l'ensemble des associations, mais de 19 % des associations employeuses. 

 

Le paysage associatif français, d'après Viviane Tchernonog et Lionel Prouteau. Crédit : Carenews.

 

Des subventions publiques en forte baisse 

 

L'ouvrage s'intéresse notamment aux modèles socio-économiques des associations, qui a assez nettement évolué depuis une quinzaine d'années. Si la part des financements publics dans les ressources des associations reste globalement stable, la nature de ces financements a changé : alors qu'en 2005, les subventions publiques représentaient 34 % des ressources des associations, elles n'en constituent plus que 20 % en 2020 ; a contrario la commande publique (c'est-à-dire une contractualisation dans le cadre d'un marché public) est passée de 17 à 29 %. 

Ce qui n'implique pas le même mode de relation entre les pouvoirs publics et les associations : « les subventions publiques privilégient plutôt un soutien de l'initiative associative tandis que les commandes publiques utilisent davantage les associations comme des outils de politiques publiques », expliquent ainsi Viviane Tchernonog et Lionel Prouteau dans leur ouvrage. Les associations deviennent donc de plus en plus des prestataires de l'État et des collectivités, plutôt que d'être considérées comme des partenaires dont les pouvoirs publics veulent soutenir le projet, et avec qui une relation de long terme est mise en place. 

Cette évolution s'explique notamment par l'accentuation, depuis une vingtaine d'années, de la logique de « nouvelle gestion publique », qui vise à améliorer la performance publique. Cela s'est traduit par une tendance à externaliser certains services publics à des associations, via des commandes publiques et des appels d'offres, dans un contexte de restrictions budgétaires à toutes les échelles et une logique de réduction des coûts. 

Ces tendances ont eu des conséquences sur la structuration du tissu associatif : « certaines associations, notamment de taille moyenne, ont été progressivement exclues des financements publics, si bien que le nombre d'associations de taille moyenne a diminué », a ainsi expliqué Viviane Tchernonog lors du colloque « Le paysage associatif français : 20 ans d'observation », organisé à Paris le 27 mars pour présenter l'ouvrage. 

« Cela a également eu des conséquences sur l'orientation des projets associatifs : la nécessité qu'ont eu certaines associations de recourir davantage aux financements par les usagers a pu les conduire à se tourner davantage vers des publics solvables plutôt que des publics en situation de précarité  », ajoute la chercheuse. « Par ailleurs, les associations devenant sous-traitantes des pouvoirs publics, cela restreint leur capacité d'innovation sociale. Enfin, la répartition des associations sur les territoires a évolué, car leur présence dépend désormais beaucoup de la richesse du territoire et de la capacité ou de la volonté des collectivités locales de les financer. »

 

92 % des associations s'appuient sur des ressources bénévoles

 

L'une des grandes forces du secteur associatif est de pouvoir s'appuyer sur des ressources bénévoles. Ainsi, 92 % des associations comptent des bénévoles. La plupart du temps, cependant, elles s'appuient sur un nombre limité d'entre eux : ainsi 72 % des associations ont moins de 20 bénévoles ; 14 % en ont même moins de 5.

Par ailleurs, 53 % des associations ont moins de 50 adhérents, contre 40 % en 2005. Seules 10 % en ont 200 et plus (17 % en 2005).  La part des cotisations dans les budgets des associations a d'ailleurs diminué, passant de 12 % en 2005 à 7 % en 2020. Cependant, l'année 2020, celle du Covid, a été très spécifique pour les associations, certaines d'entre elles ayant dû totalement arrêter leurs activités, tandis que d'autres, notamment dans le secteur sanitaire et social, ont vu au contraire leurs activités exploser. Espérons donc que cette baisse des adhésions observée en 2020 soit liée au contexte sanitaire et ne cache pas une tendance de fond de désengagement des adhérents, qui pourrait être inquiétante. 

 

Camille Dorival 

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