Activisme en ligne : quels sont les sujets les plus porteurs ?
Bien-être animal, violences policières, féminicides… Une étude publiée par l’agence JIN s’intéresse aux sujets associatifs qui ont le plus engendré d’engagements sur les réseaux sociaux en 2023.
Certains sujets militants sont plus propices aux débats que d’autres. L’agence européenne de conseil en communication JIN a publié une étude le 17 janvier à ce sujet nommée « ACTIV!ST : étude des tendances du militantisme associatif en ligne ». Pour cela, elle a analysé les publications de 500 collectifs majeurs en France entre le 1er janvier et le 29 novembre 2023.
L’étude évoque tout d’abord les sujets qui ont généré le plus de discussions. Le bien-être animal représente 15,9 % du volume total des discussions, suivi par la réforme des retraites avec 14,5 %. On retrouve ensuite la thématique de l’utilisation excessive de la force lors des manifestations avec 9,8 % du volume, celle des féminicides avec 9,2 % et le conflit israélo-palestinien avec 8,8 %.
Le bien-être animal, sujet à l’origine d’engagements
L’ordre est en revanche différent si l’on s'intéresse au volume total d'engagement par thématique, c’est-à-dire de réactions liées aux posts. Le bien-être animal est toujours en tête et accapare 23,8 % des engagements. L’étude observe notamment une montée en puissance des débats autour de la chasse, la corrida et l’utilisation d’animaux dans le cirque. « On constate que les sujets liés au bien-être animal qui impactent le plus l’opinion publique sont ceux où il interfère avec la tradition (corrida, cirque) et investit le champ du culturel », note l’étude. Ces sujets créent des débats forts à l’origine d’engagements.
Cette thématique est suivie par le sujet de la force excessive lors des manifestations puisque la thématique représente 21,7 % du volume total d’engagement. L’étude parle d’une mobilisation sans précédent notamment liée à la journée de manifestation contre la réforme des retraites du 21 mars, mais aussi au moment de l’affaire Nahel, tué par des policiers en juin ou l’affaire Hedi en juillet. Les associations de défense des droits de l’Homme sont très actives sur ce sujet. Mais les publications viennent également des associations de justice sociale ou encore d’associations environnementales ou liées aux discriminations raciales et à la laïcité.
Arrivent ensuite les sujets de scandales de corruption dans la vie politique avec 15,5 %, le conflit israélo-palestinien avec 10,9 % et la lutte contre l’homophobie avec 4,8 %.
Les associations les plus influentes
Sur le sujet des droits des femmes, l’étude montre que le droit à l’ivg est redevenu un sujet brûlant avec l’abrogation du droit constitutionnel par la Cour suprême aux États-Unis. Le mouvement #Metoo a également marqué l’année 2023 avec des déclinaisons notamment liées à divers milieux professionnels (#Metoopolitique…).
L’étude va plus loin en s’intéressant aux associations les plus influentes sur les réseaux sociaux. L’association de défense des océans Sea Shepherd arrive en tête avec un moyenne de 803 engagements par publication, suivie par l’association de lutte contre la corruption Anticor avec 603 engagements en moyenne et la Fondation 30 millions d’amis avec 523 engagements en moyenne.
La publication qui a suscité le plus d’engagement sur l’année a été rédigée par la Fondation 30 millions d’amis sur X (ex Twitter) le 9 février. Il s’agit d’une vidéo d’un chien secouru en Turquie, sorti des décombres engendrés par le tremblement de terre du 3 février. Il est écrit « Vies humaines, vies animales… il y a heureusement quelques miracles au milieu du chaos <3 ». Le post a obtenue 40 000 « likes » et 5 000 partages.
L’écologie et la crise migratoire, sujets oubliés
L’étude note que les sujets qui ont généré le plus de discussion sont liés à une forme de violence : « La violence, sous toutes ses formes, suscite des réactions émotionnelles fortes. La colère, l’indignation et la compassion sont des moteurs puissants de l’engagement », explique l’étude.
L’étude mentionne également plusieurs sujets qui sont les grands absents. Notamment la cause écologique. Les associations environnementales sont les deuxièmes à avoir le plus publié sur les réseaux sociaux en 2023. Pourtant, elles ont du mal à faire émerger les sujets : « Malgré leur importance cruciale, les problématiques environnementales ont souffert d’un discours souvent technique et aseptisé, manquant de l’affect nécessaire pour engager le grand public », commente l’étude. La crise des migrants n’a pas non plus mobilisé sur les réseaux sociaux. Peu d’associations publient sur ce sujet et elles obtiennent peu de réactions.
Théo Nepipvoda 
