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Par Carenews INFO - Publié le 15 juillet 2024 - 12:00 - Mise à jour le 29 août 2024 - 16:13 - Ecrit par : Elisabeth Crépin-Leblond
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Ces festivals qui veulent faire rimer musique et écologie

À rebours des critiques qui pointent l’impact environnemental des festivals, certains d’entre eux tentent de faire de leurs évènements des lieux de la transition écologique. Mission impossible ?

De plus en plus de festivals allient dans leurs programmes concerts et ateliers ou tables rondes sur  l'environnement. Crédits : Anton Vierietin/ iStock
De plus en plus de festivals allient dans leurs programmes concerts et ateliers ou tables rondes sur l'environnement. Crédits : Anton Vierietin/ iStock

 

 

Organiser un festival et défendre des causes environnementales peut sembler contradictoire, tant ces évènements rassemblant un grand nombre de personnes sur une courte durée sont décriés pour leur impact écologique. Déplacement des festivaliers et des artistes, production de déchets, produits dérivés... les causes de pollution sont nombreuses et contribuent à alourdir l’impact carbone et les conséquences sur la biodiversité de ces grandes fêtes à ciel ouvert. 

Pourtant, certains organisateurs ont décidé de faire de leurs évènements musicaux, l’occasion d’aborder les questions écologiques. Entre prise de conscience, réduction des pollutions et messages de sensibilisation, le champ des actions à déployer est vaste. 

 

Un pionner non exempt de critiques 

 

Parmi eux, We love green, lancé en 2011, fait figure de pionnier. Implanté aujourd’hui dans le bois de Vincennes, le festival a été créé par l’agence de communication événementielle We love art dans l’objectif de montrer qu’il était possible d’allier grands évènements musicaux et respect de l’environnement.  

Pour y parvenir, le rassemblement parisien d’électro-pop s’est penché sur plusieurs thématiques dont l’interdiction du plastique à usage unique sur le site, l’alimentation du festival en énergie renouvelable ou encore l’amélioration du transport des festivaliers, via un partenariat avec la Fédération française de cyclotourisme et l’installation d’une station Vélib' géante éphémère. 

Depuis 2023, l’offre de restauration du festival, qui a accueilli 110 000 festivaliers en 2024, est en outre devenue 100 % végétarienne. Une transition qui a contribué « en grande partie » à réduire son empreinte carbone de 14,6 kg de CO2 par festivalier en 2022 à 10 kg l’année suivante, assure le festival dans son rapport de bilan carbone 2023.  

Un document qui montre que les transports, réalisés à vélo par 14 % des festivaliers et en transports en commun et train par 77 % d’entre eux, restent le poste le plus émetteur. 

Malgré ces efforts, We love green n’a pas été épargné des critiques de plusieurs associations de défense de la nature dénonçant l’impact sonore du festival sur les animaux du bois de Vincennes.  

 


À lire également : L'agenda de l'engagement de l'été 2024 


 

Des festivals « laboratoires » 

 

Pour y répondre, le festival a consacré sa treizième édition à la biodiversité et lancé depuis février 2024 une étude d’impact en collaboration avec des écologues, devant s’étaler sur trois ans. L’occasion de faire de We love green « un terrain d’expérimentation pour un secteur de l’évènementiel plus vertueux », affiche sa direction.  

Cette volonté d'être un « laboratoire de la transition écologique » est partagée par Les pluies de juillet, un festival qui tiendra sa septième édition cette année du 18 au 21 juillet en Normandie.  

Chaque été, cet évènement, lancé « par des copains et de la famille qui voulaient faire ensemble quelque chose qui a du sens », accueille autour de tables rondes et de débats des personnalités engagées sur les enjeux environnementaux. L’idée : réfléchir aux enjeux de la transition écologique et sociale la journée et profiter des concerts le soir.  

Depuis trois ans, Les pluies de juillet tentent également d’organiser « un festival le plus responsable possible », explique Mathilde Lamotte d’Argy, co-fondatrice du festival et responsable de la communication et des partenariats. Une charte a été établie dans ce but pour travailler sur les questions d’alimentation, de mobilité et d’énergie.  

 

La jauge, un élément clé 

 

L’alimentation proposée sur place y est à 90 % végétarienne avec un accent mis sur le local et le bio. « Nous travaillons avec des maraîchers locaux pour qu’ils plantent pour nous et qu’on puisse élaborer nos recettes en fonction de leur production. L’idée à long terme est que le festival devienne un débouché pérenne pour eux », détaille Mathilde Lamotte d’Argy, qui défend une vision du festival ancrée dans son territoire. 

Les pluies de juillet imposent également le tri des déchets à leurs fournisseurs et partenaires, expérimentent une mini-scène à énergie solaire, proposent différents tarifs aux choix et ont mis en place un système de vaisselle en dur, lavée par les festivaliers après usage. 

Pour ces expérimentations, le festival souhaite être rentable à 5 000 billets vendus. « On ne veut pas bouger de cette jauge », affirme la co-fondatrice. Au-delà, ils perdraient le contrôle sur son impact, estime-t-elle.  

 

Chez nous comme dans beaucoup de festivals, les régisseurs et les régisseuses ont tendance à surestimer les besoins en énergie parce qu’ils ont peur que ça saute. 

 

La question de la jauge est un des éléments clé de l’impact environnemental des festivals. Plus celle-ci est grande, plus les organisateurs se tournent vers des artistes connus pour la remplir, ce qui pousse un large public à se déplacer pour se rendre à l’évènement. Cette dynamique fait des transports le premier poste d’émission des rassemblements. 

Pour Les pluies de juillet qui a intégré un groupe de travail sur la transition écologique avec d’autres festivals normands, l’un des principaux points de réflexion désormais est l’énergie employée pour les scènes. « Chez nous comme dans beaucoup de festivals, les régisseurs et les régisseuses ont tendance à surestimer les besoins parce qu’ils ont peur que ça saute. Aujourd’hui nous sommes dans une phase de calcul pour, à l’avenir, n’utiliser que ce dont on a besoin », rapporte Mathilde Lamotte d’Argy. 

 


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Les festivals, l’occasion de faire passer des messages ? 

 

À Marseille, le festival Delta se définit quant à lui comme « un festival engagé ». À la genèse du projet en 2015, l’idée d’utiliser un rassemblement festif et musical pour valoriser l’engagement de la jeunesse marseillaise et faire passer des messages, explique Lise Perrin, directrice des relations avec les associations.  

« Cela serait incohérent que l’on ne soit pas nous-même engagés », lance-t-elle en évoquant la politique RSE du festival. Au fil des années, le Delta a créé plusieurs villages de sensibilisation, désormais réunis dans un « forum du monde des possibles ». À l’intérieur, 700 structures, dont près de 450 associations étudiantes, sensibilisent les festivaliers aux questions écologiques et communiquent sur leurs engagements. 

Le festival, qui rassemble chaque année entre 120 000 et 150 000 festivaliers, se veut grand public.  

Organisé sur les plages marseillaises à la fin de l’été, le Delta festival a mis en place un large dispositif de fontaines à eau, installées temporairement par des pompiers, pour éviter un maximum le recours au plastique. Pour réduire les déchets, une brigade verte de 600 personnes est mobilisée ainsi que des équipes de nettoyage du site et la distribution de flyers ou de goodies inutiles est interdite. Un dispositif important de cendrier barils et de cendriers de poche est déployé pour lutter contre les mégots, principal déchets émis lors des festivals.  

« Nous essayons de revaloriser nos déchets notamment les mégots en électricité, ainsi que le textile et le bois utilisé pour les scénographies que l’on stocke dans un entrepôt », met en avant Eva Heran, responsable de la communication du festival. Nouveauté cette année, des fontaines à sodas, une solution « développée grâce aux JO », se réjouit Lise Perrin. 

Pour les organisateurs du festival, qui ont réalisé cette année le bilan carbone de leur évènement, les points les plus sensibles vis-à-vis des festivaliers restent l’alimentation et la mobilité. « Les personnes sont assez réactives à la sensibilisation aux déchets. En revanche, demander aux festivaliers de venir en transports en commun ou de manger végétarien est plus compliqué car cela peut signifier changer les habitudes qu’ils ont toute l’année », pointe Lise Perrin. Des problématiques logistiques persistent en l’absence de réponse adaptée, ajoute-t-elle. La limitation de la croissance du festival n’est de son côté pas envisagée.

 

Élisabeth Crépin-Leblond

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