Cessez-le-feu à Gaza : les ONG partagées entre inquiétudes et espoirs
Depuis l’annonce du cessez-le-feu au milieu du mois, les associations d’aide humanitaire ont vivement réagi à l’accord entre Israël et le Hamas négocié avec l'aide du Qatar et des États-Unis.

« Il aura fallu 15 mois d’enfer pour que les bombes cessent. Chaque jour passé sans le bruit des armes à Gaza et chaque otage libéré apportera une lueur de soulagement. Mais ce cessez-le-feu tant attendu ne réparera pas les vies brisées », n’a pas manqué de réagir Agnès Calamar, la secrétaire générale d’Amnesty International le 17 janvier.
L’accord négocié avec l'aide du Qatar et des États-Unis est entré en vigueur le 19 janvier. Depuis l’attaque d’ampleur du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023, la guerre menée par l’armée israélienne a causé 46 000 morts du côté palestinien. En plus du cessez-le-feu dans la bande de Gaza, l’accord marque également la libération d’otages civils israéliens et de prisonniers palestiniens.
L’ONG International rescue comittee (IRC) espère que les négociations menées constitueront « un tournant ».
Les ONG réclament une hausse sensible de l’aide humanitaire à Gaza
« Si cette cessation temporaire des combats et des bombardements doit être respectée et s’inscrire dans la durée, ce n’est qu’un début pour répondre aux immenses besoins humanitaires, psychologiques et médicaux de Gaza », a souligné Médecins sans frontières (MSF) le 18 janvier.
Les associations d’aide humanitaire s’accordent en faveur d’un accroissement notable de l’aide humanitaire à Gaza. MSF s’inscrit dans cette lignée en notant que « les besoins humanitaires ont atteint des niveaux catastrophiques » et que ces besoins ne peuvent être comblés que « grâce à une augmentation rapide et massive de l’aide humanitaire mondiale ».
Pour ce faire, l’ONG exhorte « les autorités israéliennes à assurer de toute urgence l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, les évacuations médicales et en particulier au nord, assiégé depuis octobre 2024 ».
De son côté, l'Unicef note la possibilité enfin donnée aux acteurs humanitaires de déployer l’aide faisant « cruellement défaut dans la bande de Gaza ».
Un appel à respecter l’accord
Les associations d’aide humanitaire mettent aussi en lumière les dégâts considérables constatés dans la bande de Gaza. « Le bilan de cette guerre atroce comprend la destruction de maisons, d’hôpitaux et d’infrastructures, le déplacement de millions de personnes qui ont […] besoin d’eau, de nourriture et d’un abri pour affronter le froid de l’hiver », affirme Amnesty International.
Pour sa part, l’ONG IRC note la présence de nombreuses maladies infectieuses comme la polio et l’hépatite A. Les équipes présentes mettent en cause une « eau insalubre » et des « abris surpeuplés ». Elles prennent également acte de « taux alarmants de malnutrition sévère et aiguë chez les enfants de moins de cinq ans et des conditions de famine dans certaines parties du nord de la bande de Gaza ».
L’autre point clé mis en avant par certaines associations est le respect des conditions de l’accord. « Nous appelons […] Israël, le Hamas et les autres groupes et organisations qui contrôlent Gaza à respecter l’accord », fait valoir Amnesty International. Selon Mirjana Spoljaric, la présidente du Comité international de la Croix-Rouge, le respect des parties prenantes permettra aux prochaines opérations humanitaires de se dérouler « en toute sécurité ». « Nos équipes sont prêtes à poursuivre la mise en œuvre de l’accord afin que davantage de détenus soient libérés et que davantage de familles soient réunies », ajoute-t-elle.
Quant à Sally Abi Khalil, directrice régionale d’Oxfam au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, elle encourage vivement la communauté internationale à « soutenir une paix juste et inclusive avec la justice pour tous, qui lèvera le blocus, mettra fin à l’occupation illégale, démantèlera les colonies illégales et s’attaquera aux causes profondes de ce conflit prolongé ».
Les prochaines libérations d’otages devraient avoir lieu ce samedi.
Léanna Voegeli