COP26 : entre promesses et engagements, que faut-il retenir ?
La COP26 se clôture ce vendredi 12 novembre. De nombreuses promesses ont été prises pourtant, beaucoup jugent ces engagements insuffisants. Que faut-il retenir de cette conférence annuelle pour le changement climatique ? Bilan.
La 26e Conférence des Parties des Nations unies sur le changement climatique (COP26) qui a débuté le 31 octobre à Glasgow, s’achève officiellement ce vendredi 12 novembre à 19 heures. 196 pays étaient présents, malgré l’absence, entre autres, de la Russie, la Chine et le Brésil. Alors que la génération Greta dénonce des « bla bla bla », que fallait-il retenir de cette conférence annuelle présidée par la Grande-Bretagne ?
Une COP26 décisive
« Charbon, voitures, cash et arbres. » Ce sont les quatre objectifs que s'est fixée la présidence britannique. L’objectif est clair : maintenir le réchauffement climatique sous les 2°C et si possible 1,5°C. Un enjeu de taille lorsqu’on sait qu’avec les engagements de l’accord de Paris, le réchauffement climatique est contenu à 2,7°C selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Pour atteindre cet objectif, il faudrait, en effet, réduire les émissions de gaz à effet de serre de 45 % d’ici 2030.
Autre enjeu : le « financement climat » et notamment l’aide aux pays en voie de développement pour l’atténuation et l’adaptation aux effets du changement climatique. Les États s’étaient engagés à une aide de 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 qui se voit finalement retardée.
De nombreuses annonces...
Depuis le début de la COP26, de nombreuses annonces ont été faites. Les principales sont :
- 30 pays et institutions ont promis d’arrêter le financement des énergies fossiles à l’étranger d’ici 2023. Une alliance que la France a rejoint ce vendredi 12 novembre.
- 44 pays et 32 entreprises, selon l’UNRIC, se sont engagés à passer du charbon à l’énergie propre d’ici 2030-2040.
- Plus d’une centaine de pays ont affiché leur souhait de réduire de 30 % leurs émissions de méthane d’ici 2030 par rapport à celles de 2020. L’effet de réchauffement du méthane est 22 fois plus important que celui du CO2.
- 450 acteurs financiers ont promis d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
- Certains pays tels que l’Inde, l’Argentine ou encore le Brésil ont annoncé leur souhait de viser la neutralité carbone d’ici 2070.
- Plus d’une centaine de pays ont conclu un accord visant à arrêter la déforestation et la dégradation des terres. À noter que 38 pays avaient déjà pris cet engagement en 2014 lors de la COP21.
- Six constructeurs automobiles et 32 pays ont conclu un accord pour « faire en sorte » que la vente des voitures neuves soient zéro émission d’ici à 2040. La Chine, les États-Unis et la France n’en font pas parties.
À l’initiative du Costa Rica et du Danemark, l'alliance BOGA (Byond Oil and Gas Alliance) a également était lancée le jeudi 11 novembre. Elle réunit douze pays, dont la France, qui s’engagent à ne plus délivrer de permis d’exploration et de production d’hydrocarbures. Aucune date n’a encore été fixée, mais cette coalition marquerait le début de la sortie du pétrole et du gaz.
Enfin, un « accord surprise » entre la Chine et les États-Unis a été annoncé. « Une déclaration conjointe sur le renforcement de l’action climatique » qui fut saluée par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres alors que la Chine et les États-Unis sont les deux premiers émetteurs de gaz à effet de serre.
… « loin d’être suffisantes »
Si ces nombreuses annonces sont encourageantes, le secrétaire général de l’ONU estime qu’elles sont « loin d’être suffisantes ». Concernant les promesses de neutralité carbone, Inger Andersen a alerté qu’elles sont « généralement vagues, généralement pas transparentes (...) et difficile à évaluer ». Elle a également ajouté : « Quand on regarde ces nouveaux engagements, franchement, c’est la montagne qui accouche d’une souris. »
Même constat pour les ONG, et notamment Oxfam qui a déclaré sur son site Internet :
La première semaine de la COP26 a été ponctuée d’une avalanche d’annonces, de l’arrêt de la déforestation à la réduction des émissions de méthane en passant par la fin de l’utilisation du charbon ou des financements des énergies fossiles à l’étranger. Ce sont des signaux positifs. Mais il faut rester lucide : pour certaines de ces annonces, il y a un manque flagrant de détails sur ce qu’elles impliquent.
Des engagements plus ambitieux pour la COP27
Ces engagements timides ne sont pas à la hauteur de l’urgence climatique devant laquelle nous nous trouvons selon beaucoup de personnes. Un premier projet de texte résumant les annonces faites durant la COP26 a d’ailleurs été publié mercredi. Il demande, entre autres, aux pays de préparer de nouveaux engagements plus ambitieux en 2022, lors de la COP27.
En effet, même en prenant en compte les engagements de neutralité carbone, le réchauffement climatique serait de 2,1°C selon des estimations de l’ONU. Un scénario de l’IAE plus optimiste estime qu’il serait de 1,8°C.
Les Français et le changement climatique
Lisa Domergue