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Par Carenews INFO - Publié le 27 février 2023 - 16:58 - Mise à jour le 28 février 2023 - 14:17 - Ecrit par : Théo Nepipvoda
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De non-profit à entreprise classique… Comment OpenAI, le créateur de ChatGPT, a renié ses principes

OpenAI, la société à l’origine de ChatGPT, a bien changé depuis sa création en 2015. La startup cofondée par Elon Musk n’est plus non-profit et ne diffuse plus ses modèles en open source. Récit d’un revirement.

L'histoire folle de chatGPT. Crédit : iStock.
L'histoire folle de chatGPT. Crédit : iStock.

 

Il y a, chez les entrepreneurs de la Silicon Valley, ce sentiment d’être les sauveurs du monde, d’être les Prométhée modernes apportant des avancées à l’humanité. C’était un peu la teneur du dîner durant lequel le projet OpenAI a vu le jour. 2015, un hôtel de luxe de la cossue municipalité de Menlo Park qui borde la baie de San Francisco. Des figures de la Silicon Valley, dont Elon Musk et Sam Altam, l’actuel PDG de OpenAI. Ce soir-là, ce dernier présente le projet à son auditoire de la façon suivante : « Notre objectif est de faire progresser l’intelligence numérique de la manière la plus susceptible de bénéficier à l’humanité dans son ensemble. »

Qu’est ce que ChatGPT ?
ChatGPT est un agent conversationnel basé sur l’intelligence artificielle. Il a la capacité de fournir des réponses à des interrogations. Il pourra avoir de nombreuses applications telles que la génération de contenus pour les réseaux sociaux, ou même l’écriture de poèmes. Il est affiné en continu grâce à l ‘apprentissage supervisé et par renforcement.

 

Éviter les dangereux monopoles 

La couleur est annoncée… Mais comment traduire cette philosophie dans les faits ? Sam Altman évoque la volonté que ce projet soit réalisé en open source, à rebours des pratiques à l'œuvre chez les géants de la tech. Pour encadrer le projet, il souhaite établir une structure non-profit, équivalent américain d’une association. Une volonté qui part d’une peur. « OpenAI est le résultat du pressentiment de certains acteurs que la course au modèle d’intelligence artificielle allait devenir une course au monopole », expose Joël Gombin,cofondateur de Datactivist, une coopérative qui a pour mission d’ouvrir les données. « Elon Musk et Sam Altman vont estimer qu’il faut trouver une solution, car si une structure monopolistique détient les plus gros modèles d’IA, c’est un vrai danger pour la société. » 

Pourquoi existe-t-il un danger de monopolisation ? « La tendance de développement de ces monopoles et oligopoles est naturellement très forte, car les investissements financiers à consentir pour développer ces modèles sont de plus en plus lourds », explique Joël Gombin.

 

Attirer des talents dans l’aventure

Open source, non-profit… Cette structuration a également un autre dessein : « C’était une manière d’attirer des spécialistes pointus de l’intelligence artificielle qui étaient à la recherche de plus de sens dans leur carrière », développe Léon Launay, responsable des affaires publiques et de la communication au Social Good Accelerator. « C’était un moyen de fédérer ces gens-là autour d’un projet qui avait initialement moins de moyens, mais plus d’ambitions que ce que proposaient les GAFAM ». D’ailleurs, neuf des dix chercheurs présents lors de la soirée de lancement vont rejoindre l’aventure. Rien ne va les arrêter. Même pas les augmentations astronomiques de salaire proposées par leurs employeurs de l’époque.

L'aventure démarre alors grâce aux dons de philanthropes américains sur la même longueur d’onde, aux ambitions messianiques. Mais mettre sur pied une intelligence artificielle, cela demande de nombreux équipements… Et coûte inévitablement cher. D’autant plus que l'entraînement de l’intelligence artificielle pour la rendre performante est réalisé avec une large quantité d’informations. Les volumes de dons vont pourtant se tarir. Comment dès lors continuer l’aventure ?

 

Comment s’est amorcé le changement de cap ?

Elon Musk quitte l’aventure en 2018. Progressivement, Sam Altam devient le seul capitaine du navire OpenAI et amorce un changement radical. En 2019, afin d’attirer des capitaux, une filiale à but lucratif « limité » est créée, OpenAI LP. Dans les faits, cette structure permet aux investisseurs de réaliser des profits importants jusqu’à 100 fois leur mise. Finalement, la même année, Microsoft entre dans l’aventure en investissant un milliard de dollars, restant fidèle au projet, encore aujourd’hui. Actuellement, des pourparlers pourraient aboutir à un investissement de dix milliards de dollars permettant à Microsoft d’obtenir 49 % des parts de la startup.

Autre revirement en parallèle. Février 2019, OpenAI annonce GPT-2. L’organisation ne dévoile cependant pas le code source du programme, considérant que « cette technologie pourrait être dangereuse ». Depuis, l’open source a cédé sa place à une politique de rétention des informations, plus habituelle sur les terres de la Silicon Valley.

OpenAI, une organisation en voie de normalisation dans l’univers tech ? La récente révélation du Time sur l’utilisation de travailleurs kenyans sous-payés pour rendre ChatGPT moins toxique parachève le changement de perception. La monétisation de ChatGPT avec une option payante laisse entrevoir les bribes d’un modèle économique. 

 

OpenAI, une énigme

Aujourd’hui, quatre ans après ce revirement, tout intrigue dans l’aventure OpenAI. Il n’y a qu'à voir comment la presse s’est saisie de cette innovation et en a fait un phénomène de société. Tout intrigue, car nous ne savons que peu de choses de cette aventure entrepreneuriale. Pas de chiffre d’affaires, pas d’effectifs, pas d’informations sur l’algorithme. Nous ne savons pas réellement quel est le but de Sam Altman. Bref, le flou persiste.

Finalement, que reste-t-il de la promesse du départ ? Et si finalement, OpenAI était devenue le danger contre lequel elle souhaitait lutter au départ ? « Avec ces modèles de langage, propriété de ChatGPT, on fait de l’enclosure. On est à l’exact inverse d’un bien commun », estime Joël Gombin. « Cela pose des problèmes d’éthique, car ce type de modèle peut être amené à jouer un rôle social extrêmement fort en créant et diffusant une image du monde par ses réponses », se méfie-t-il.

Mais alors, la course est-elle perdue ? Est-on condamné à laisser OpenAI écrire l’histoire ? Non, la recherche universitaire et les structures philanthropiques pourraient rentrer dans la course estime Joël Gombin. En outre, des modèles alternatifs d’intelligence artificielle pourraient être lancés par d’autres structures. Peut-être moins performants, mais plus communautaires et réellement open source.

 

Théo Nepipvoda

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