Dry january : le mois sans alcool prend de l’ampleur malgré l’absence de soutien des pouvoirs publics
Porté par des associations depuis 2020 en France, le « dry january » est une initiative qui invite à arrêter la consommation d’alcool pendant le mois de janvier. Cette année, près de 17 millions de Français et de Françaises se sont lancés le défi, selon une étude de l’Ifop.
Cette année encore, le « dry january » séduit un nombre grandissant de Français et de Françaises.
Rebaptisée « le Défi de janvier » en France, l’opération, importée du Royaume-Uni, consiste à se passer d’alcool durant tout le mois de janvier, dans le but de prendre conscience de sa consommation et de s’entrainer à la maîtriser le reste de l’année. Elle cohabite depuis son apparition avec d’autres déclinaisons comme le « janvier sobre », lancé en 2019 par l’association H3D/Janvier sobre, ou encore le « damp january » (en français « janvier humide »), qui invite à privilégier la réduction de la consommation, plutôt que l’arrêt.
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4,5 millions de personnes mobilisées en 2024
« Le Défi de janvier, c’est une pause d’un mois qui va vous permettre de repérer les moments où votre consommation est plus liée à une routine qu’à un réel plaisir », expliquent les organisateurs français sur le site.
Développé par plusieurs associations de lutte contre les addictions depuis 2020, le « dry january » français avait mobilisé 4,5 millions de personnes en 2024, rapporte l’étude « Janover », publiée le 2 décembre dans la revue en ligne Frontiers in Public Health.
L’enquête, coordonnée par un hôpital du Rhône, a été élaborée à partir d’un échantillonnage par quotas représentatif de 5 000 adultes, ayant répondu à un questionnaire en ligne en janvier 2024.
Elle met notamment en lumière une portée significative de la campagne sur les personnes particulièrement concernées par les risques liés à l’alcool. 61 % des consommateurs d’alcool connaissaient ainsi le dry january en 2024 et 32 % des participants au défi se reconnaissent comme ayant une consommation d’alcool potentiellement à risque, contre 17 % parmi les non-participants, rapporte ainsi l’étude Janover.
12 % des Français prévoient de participer pour la première fois au dry january
Depuis son lancement, la campagne, menée en priorité sur les réseaux sociaux, a également réussi à cibler particulièrement les jeunes. 29 % des personnes qui ont participé au « Défi de janvier » en 2024 avaient ainsi entre 18 et 34 ans, indique Addictions France en reprenant l’étude Janover.
En plus des effets à long terme sur la santé, l’association met en avant sur ces réseaux sociaux des bénéfices immédiats lié à l’absence d’alcool comme une « meilleure qualité de sommeil », un « regain d’énergie », et « une meilleure concentration ».
En 2025, le phénomène continue à prendre de l’ampleur. Selon un sondage mené par l’Ifop pour Freixenet Garden, la filiale française du producteur de vins effervescents Henkell Freixenet, un Français sur quatre, soit près de 17 millions de personnes, prévoient de se lancer le défi de ne pas boire d’alcool durant le mois de janvier.
Selon une autre enquête, réalisée par l’institut de sondage CSA pour le producteur de vin sans alcool Chauvin, 12 % des Français prévoient de participer pour la première fois au mois sans alcool cette année. Autant de chiffres qui dessinent le succès de la campagne associative, malgré l’absence toujours présente d’un soutien des pouvoirs publics.
Une initiative portée par plus de soixante organisations
Récemment, la demande de financement déposée en avril dernier par la Fédération française d’addictologie auprès du Fonds de lutte contre les addictions (LFA), créé au sein de la Caisse nationale d’assurance-maladie, a par exemple fait l’objet d’un rejet. « Sans explication », rapportent les structures organisatrices du Défi de janvier.
« Il est difficile de justifier un tel immobilisme face aux dommages sanitaires et sociaux. Faut-il le rappeler ? L’alcool est encore aujourd’hui la 2e cause de mortalité évitable, il est impliqué dans 1 féminicide sur 2 et dans 30 % à 40 % des cas de condamnations pour violences », s’indigne le fonds Addict’Aide, l’une des structures, face à la décision.
En l’absence de soutien gouvernemental, le Défi de janvier est aujourd’hui porté aujourd’hui par une soixantaine d’organisations de la société civile, dont des sociétés savantes, des mutuelles, des services hospitaliers et des collectivités venus soutenir, au fil des éditions, les associations de lutte contre les addictions.
Élisabeth Crépin-Leblond