Écologie : 3 questions à Arnaud Gilles (WWF) sur le Jour du dépassement
Le jeudi 5 mai marquait le Jour du dépassement, calculé en fonction de l’empreinte écologique des Français. À cette occasion, WWF France a publié une étude démontrant que la France peut faire face à la crise écologique. Explications avec Arnaud Gilles, chargé climat et énergie chez WWF France qui a participé à l’étude.
La France a atteint le Jour du dépassement le vendredi 5 mai. Cet indicateur est calculé à partir de données des Nations unies selon cinq composantes :
- L’empreinte carbone
- L’empreinte artificialisation des terres
- L’empreinte agriculture et prairies
- L’empreinte produits forestiers
- L’empreinte pêche
Le calcul a été mis en perspective avec le prochain quinquennat d’Emmanuel Macron donnant ainsi lieu à trois scénarios possibles :
- Le scénario « Laisser aller » : il s’agit d’une projection à cinq ans si rien de plus n’est fait. Le Jour du dépassement aurait lieu un jour plus tôt, soit le 4 mai.
- Le scénario « Engagement déjà pris » : il prend en compte les engagements pris par la France dans le cadre de lois comme la loi AGEC ou encore la loi Climat et résilience. Il permettrait de faire reculer le Jour du dépassement de trois jours seulement.
- Le scénario « Planification écologique » : secteur par secteur, le WWF propose différentes mesures telles qu'une baisse de 20 % de la consommation de viande ou encore le ralentissement de l’artificialisation des sols d’ici 2030, etc. Il permet de faire reculer le Jour du dépassement de 25 jours.
3 questions à Arnaud Gilles, chargé climat et énergie chez WWF France
- Qu’est-ce que le Jour du dépassement ? Pourquoi avoir calculé celui de la France ?
Il s’agit du jour de l’année à partir duquel l’humanité a déjà consommé tout ce que la planète était en mesure de nous donner. C’est un indicateur écologique produit par les experts du Global Footprint Network. À l’échelle de la planète, le Jour du dépassement arrive généralement autour de mois d’août et a tendance à s’avancer dans l’année à mesure que nous renforçons notre empreinte écologique sur la planète.
Cette année, nous nous sommes intéressés au Jour du dépassement de la France. Quel serait le Jour du dépassement si toute la planète consommait comme les Français ? Il a lieu le 5 mai au lieu du 29 juillet en 2021 à l’échelle mondiale.
- Quelles évolutions peut-on constater ? Pourquoi l’avoir mis en perspective avec les différents quinquennats ?
Le constat que nous formulons est qu’aucun président de la République a réellement fait baisser l’empreinte écologique de la France. Les seules fois où nous avons gagné quelques jours, ce n’était pas du fait d’une action écologique ambitieuse, mais d’une crise, comme le choc pétrolier en 1973 ou la crise des subprimes en 2008.
Cet indicateur prend également en compte l’empreinte carbone importée, c'est-à-dire les émissions de carbone associées à la fabrication des biens consommés par les Français, mais qui ont été fabriqués à l’étranger. Entre 1995 et 2018, elles ont augmenté de 78 %.
En prenant en compte le scénario « Planification écologique », nous pourrions nous dire que le Jour du dépassement ne recule que de 25 jours, mais c'est quand même considérable au regard de l’histoire. Il s’agit d’un premier pas pour aller dans la bonne direction.
- Quels liens peut-on faire entre ce Jour du dépassement et les conclusions du rapport du GIEC ?
Nous sommes au début d’un quinquennat qui va être déterminant comme l’a rappelé le GIEC dans ses derniers rapports. Les experts scientifiques ont lancé l’alerte, nous, nous sommes là pour orienter l’action publique en remettant un programme clé en main afin de prendre les bonnes décisions dans les années à venir. Nous proposons un indicateur qui intègre toutes les données, climat et biodiversité inclues. Il s’agit d’un guide pratique qui nous permet de savoir où nous en sommes et où nous pouvons en être d'ici 2027.
Propos recueillis par Lisa Domergue 
