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Par Carenews INFO - Publié le 17 décembre 2021 - 10:00 - Mise à jour le 14 janvier 2022 - 14:45 - Ecrit par : Théo Nepipvoda
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Entreprise libérée et ESS font-elles bon ménage ?

Le management libéré vise à horizontaliser le processus de décision d’une entreprise. L’économie sociale et solidaire n’est pas épargnée par cette tendance et pourrait même en profiter.

Le management libéré gagne aussi l'ESS. Source : Carenews.
Le management libéré gagne aussi l'ESS. Source : Carenews.

 

Chaque époque a ses tendances de management. Depuis quelques années, la notion d’entreprise libérée s’est imposée et a alimenté les débats entre adeptes et détracteurs. Derrière ce terme se cache une philosophie qui vise à mettre les salariés au cœur du processus décisionnel et qui horizontalise l’organisation de la structure. Ainsi, les collaborateurs sont plus autonomes et l’autodétermination fait son entrée dans l’entreprise. 

 

Une structure pour répondre aux besoins fondamentaux

Selon Isaac Getz qui a popularisé le terme en France grâce à son livre Liberté & Cie, ce type d’entreprise répond aux besoins fondamentaux des salariés et permet de conserver de la performance. 

L’économie sociale et solidaire n’est pas épargnée par cette tendance. L’ESS est un ensemble d’entreprises (fondations, associations, mutuelles…) qui cherchent à avoir une utilité sociale, mais qui ont également (normalement) adopté une organisation participative et démocratique. Mais alors, pourquoi ces structures peuvent-elles tirer parti d’une organisation libérée ? 

 

« Quand il y a des contrats, je signe mais je ne les lis pas »

Le fournisseur d’électricité Enercoop s’inscrit en plein dans cette tendance. La coopérative (SCIC) locale Midi-Pyrénées a mis en place un management libéré avec des prises de décisions collectives, grâce à des outils de participation. Par exemple, la rémunération et les congés sont décidés par le collectif. Dans ce contexte, le directeur a un rôle légal et les salariés travaillent en autonomie : « Quand il y a des contrats, je signe mais je ne les lis pas », explique le directeur bénévole d’Enercoop Midi-Pyrénées, François Richer.

Mais quel intérêt pour une coopérative d’opter pour ce management libéré ? « C’est une forme d’organisation qui nous paraît cohérente avec nos valeurs, avec ce qu’on est », explique François Richer. « Il y a une forme de schizophrénie dans certaines coopératives où les salariés peuvent parler de tout pendant les assemblées générales, mais sont dans un lien de subordination avec le directeur au quotidien », analyse-t-il. 

 

Quelles structures de l’ESS sont concernées ?

Beaucoup de structures de l’ESS utilisent le management libéré sans même en avoir conscience. C’est ce qu’explique Bérangère L. Szostak, professeure agrégée en Sciences de gestion à l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, Université Paris Saclayt : 

Lorsque l’on est sur des petites associations de quartier, on parle de management des ajustements mutuels. On compte sur tout le monde et les ajustements se font entre les bénévoles. Dans ces cas, l’idée d’entreprise libérée n’apporterait pas un chamboulement aux pratiques.”

 

La spécialiste estime cependant que des organisations de plus grande taille, notamment avec une grosse part de salariés, ont un intérêt plus important à introduire le management libéré. « Ce n’est pas parce que c’est l’ESS que c’est un monde de bisounours. Il y a aussi des conflits, des difficultés », explique Bérangère L. Szostak. La Maif a, par exemple, opté pour ce type de management il y a quelques années. 

 

Quel management libéré chez Microdon ?

Microdon, le spécialiste de micro-dons de clients ou des salariés labélisé ESUS, a également mis en place une forme de management libéré au sein de la structure. En 2013, quatre ans après la création, l’accroissement des effectifs pousse Microdon à réfléchir au type de management souhaité. 

Avec l’entreprise libérée, l’objectif est de permettre l’épanouissement des salariés et de, entre autres, aligner tout le monde sur des valeurs communes. L’entreprise met en place un séminaire organisé annuellement qui « permet de réfléchir aux enjeux de transformation pour qu’on définisse l’horizon de temps collectivement », explique Olivier Cueille, cofondateur de Microdon. Ainsi les salariés sont écoutés pour participer au plan de transformation. 

 

Un management qui correspond aux aspirations

Olivier Cueille estime que ce type de management correspond parfaitement aux aspirations des salariés de l’économie sociale et solidaire qui cherchent du sens et de l’impact : « ça devient un outil indispensable pour stimuler, motiver et garder cette population de salariés », explique-t-il. Ce qui apparaît comme indispensable en sachant que neuf salariés sur dix s’ennuient au travail selon un sondage Opinion Way. Quatre sur dix estiment que les initiatives doivent être favorisées pour casser l’ennui.

 

Un management citoyen 

Chez Enercoop, l’entreprise est conçue comme une structure citoyenne, indissociable du reste de la société. C’est pour cette raison que l’entreprise cherche à avoir un impact positif. C’est également pour cette raison qu’elle a mis en place un management libéré : « ça nous paraît difficile de dire que vous êtes citoyen sur les territoires, mais que vous ne l'êtes plus quand vous arrivez en entreprise », explique François Richer.

Être citoyen en entreprise demande une grande implication. D’ailleurs, François Richer l’assume : tout le monde n’est pas fait pour ce type d’organisation. Ce constat, Bérangère L. Szostak le partage également. Elle estime également que les événements de la vie peuvent changer nos envies d’implication, même chez des personnes qui avaient envie au départe. 

Autre nuance apportée par Bérangère L. Szostak, la potentielle perte des valeurs intimement liées à l’ESS : « Avec ce management, on remet l’individu comme acteur de tout. On peut donc perdre quelque chose de fondamental dans l’ESS : la question du collectif. »

 

Théo Nepipvoda

 

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