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Par Carenews INFO - Publié le 4 novembre 2024 - 18:02 - Mise à jour le 4 novembre 2024 - 18:09 - Ecrit par : Elisabeth Crépin-Leblond
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Héritage social des JOP : un rapport dénonce un « constat amer »

Le collectif Le revers de la médaille publie son dernier rapport sur l’exclusion des personnes à la rue et des personnes précaires engendrée par l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques et formule des recommandations à destination des évènements sportifs.

Le collectif Le revers de la médaille a recensé 260 opérations d’expulsions entre le 26 avril 2023 et le 30 septembre 2024. Crédit : iStock
Le collectif Le revers de la médaille a recensé 260 opérations d’expulsions entre le 26 avril 2023 et le 30 septembre 2024. Crédit : iStock

 

Le collectif Le revers de la médaille, qui a milité pendant plus d’un an pour la prise en compte des personnes sans-abri dans l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris 2024, a publié lundi 4 novembre son rapport final recensant les opérations de « nettoyage social » déployées par les autorités avant, pendant et après les Jeux. 

« 20 000 personnes jugées indésirables ont été exclues de l’espace public en Île-de-France pour les JOP Paris 2024 », dénoncent les associations dans ce dernier rapport.  

Entre le 26 avril 2023 et le 30 septembre 2024, le collectif a recensé 260 opérations d’expulsions, soit une augmentation de 41 % par rapport à la période 2022-2023. Parmi les personnes expulsées, au moins 4 450 étaient mineures, soit presque deux fois plus que l’année précédente et trois fois plus que sur la période 2021-2022. 

« Deux tiers de ces “mises à l’abri ” ont été réalisées sans diagnostic social préalable et sur des fondements légaux peu protecteurs », ajoute Thomas Dufermont, chargé de mission au Collectif national Droits de l’homme Romeurope, lors d’une conférence de presse organisée à la Maison des avocats de Paris. 

  

Les JOP, un accélérateur d’une politique de dispersion des personnes à la rue 

  

Si les opérations d’évacuation se sont accrues, « elles ne concernent pas davantage de personnes », note cependant la sociologue et membre du collectif Accès aux droits Camille Gardesse. « Mais elles laissent moins le temps aux personnes de s’installer et de développer des liens de sociabilité ou d’accès à des soutiens », critique-t-elle. 

Pour les associations, les JOP ont « un effet d’opportunité » pour les pouvoirs publics, révélant une politique au long cours d’invisibilisation et de dispersion des personnes à la rue

En plus des expulsions, les associations dénoncent la pose de mobiliers dans le but d’exclure de l’espace public les personnes à la rue en Île-de-France, qu’il s’agisse de « mobiliers de contrôle », comme des grilles ou des pierres, ou du mobilier de loisir installé à la place de lieux de vie informels. 

« À côté de cette exclusion, il n’y a pas de pérennité des hébergements proposés. Au contraire, les pouvoirs publics continuent une gestion par l’urgence d’un phénomène structurel », regrette Camille Gardesse. 

 


À lire également : Le mobilier urbain excluant dénoncé par l’association La Cloche et la Fondation Abbé Pierre


  

« Un déni démocratique » 

  

De son côté, Paul Alauzy, coordinateur chez Médecins du monde et porte-parole du Revers de la médaille, fait état d’un « confinement olympique », documenté par le collectif pendant les Jeux chez les personnes sans-abri, en raison notamment d’une présence policière accrue et d’un déplacement de certains accueils associatifs. « Les centres d’aide qui ont été délocalisés ont enregistré une baisse de leur fréquentation qui a perduré en septembre », note-t-il.  

Les associations regrettent « de ne pas avoir été suffisamment prises au sérieux » par les pouvoirs publics, malgré leurs interpellations. Elles dénoncent également des « méthodes brutales » d’évacuation ayant eu lieu juste avant les Jeux et après l’annonce de 256 places d’hébergement disponibles, « abîmant le lien de confiance avec les travailleurs sociaux ». 

« Cette proposition de 256 places faite avant les Jeux représente le double de l’année précédent, ce qui montre que quand les autorités veulent, elles peuvent », appuie Paul Alauzy. 

« Le constat est amer. Il y a un véritable déni démocratique des autorités », ajoute-t-il, rappelant que les Jeux olympiques et paralympiques « concernent tout le monde ». 

 


À lire également : JO : le combat des associations pour intégrer les sans-abris à la fête


  

Des recommandations pour les futurs jeux  

  

Pour une meilleure prise en compte des enjeux sociaux lors des préparations des futurs Jeux et des méga-événements sportifs internationaux, Le revers de la médaille énonce dans son rapport plusieurs recommandations.  

Parmi elles, les associations appuient sur la possibilité de mettre en place une charte sociale des Jeux olympiques, sur le modèle des chartes environnementales. Elles préconisent également la consultation systématique des populations hôtes de l’évènement, l’accès à une information équilibrée, libre et de qualité et l’organisation en amont de consultations ouvertes avec les acteurs et actrices de la société civile, ainsi qu’avec les personnes premières concernées 

Selon Paul Alauzy, « si 1 % du budget des Jeux avait été consacré à la création d’hébergement, les 3 500 personnes à la rue à Paris auraient pu être logés ». 

 

Élisabeth Crépin-Leblond

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