Paris 2024 : plus de 70 associations lancent une campagne contre le déplacement de personnes vulnérables
Le collectif « le revers de la médaille » alerte sur le risque de « nettoyage social » des rues de Paris d’ici aux JO de 2024. Une campagne de sensibilisation est lancée à partir du lundi 30 octobre.
Pour donner le coup d’envoi de sa campagne de sensibilisation, le collectif « le revers de la médaille » a projeté, dans la nuit de dimanche 29 à lundi 30 octobre, son nom en lettres lumineuses sur la façade du Comité d’organisation des Jeux Olympiques (Cojo) à Saint-Denis. Des pancartes portant les inscriptions « PLUS VITE pour vider l'Île-de-France des populations précarisées », « PLUS HAUT vers l'exploitation des travailleurs sans-papiers », « PLUS FORT dans la réponse sécuritaire contre les personnes à la rue », en référence à la devise olympique, ont été placardées aux abords du siège du comité.
LA DEMANDE D'intégrer les comités de pilotage des JO
Ce que craint ce collectif : l’écartement des personnes à la rue ou en situation de vulnérabilité pour préparer Paris et ses alentours à l’accueil des Jeux olympiques. En parallèle du rassemblement, les 70 associations ont rédigé une lettre ouverte, à l’initiative de Médecins du Monde, qui interpelle« le comité d’organisation, son président Tony Estanguet, les athlètes et les Fédérations, sponsors et partenaires des jeux ».
Elles invitent les autorités à « garantir une continuité de la prise en charge des personnes en situation de précarité et d'exclusion, avant, pendant et après les Jeux » et demandent à intégrer les comités de pilotage des Jeux olympiques. « On connaît le terrain et on peut aider à ce que les choses se passent bien », explique Paul Alauzy, porte-parole du collectif et coordinateur de la veille sanitaire migrant.es et permanence psy à Médecins du monde.
« L'accélération » des politiques d’exclusion
« Le nettoyage social des rues de Paris et de la région Ile-de-France a déjà commencé », affirme le porte-parole au micro de France Info lundi 30 octobre. Il cite comme exemple l’expulsion de 500 personnes en avril dernier du squat Unibéton sur l’Île-Saint-Denis où est construit le village olympique.
Les associations redoutent également la fermeture de centres de soins, de points d'accueil, de lieux de distributions alimentaires, et des réductions des places d’hébergement d’urgence. « On envoie les gens systématiquement en régions, il n’a plus de proposition de place en Île-de-France », dénonce Paul Alauzy tout en appuyant sur le manque de moyens des régions. « Les politiques qui excluent les populations considérées comme indésirables ont déjà cours depuis longtemps. Les JO n'en sont qu'un accélérateur », estime-t-il.
Action contre la faim, Emmaüs France, Fédération addiction font partie des 70 associations signataires de l’appel.
Elisabeth Crépin-Leblond