Impact social et environnemental : les entreprises françaises à l’avance ?
Une étude permet de comparer les actions de responsabilité sociétale (RSE) des entreprises françaises avec celles de leurs homologues européennes et mondiales. Elles paraissent plus ambitieuses : une situation qui s’explique notamment par les normes en vigueur, selon Ecovadis et le Médiateur des entreprises, qui ont réalisé l’étude.

La France est le troisième pays dans lequel les actions sociales et environnementales des entreprises sont les plus avancées, derrière la Finlande et la Suède. C’est ce que nous apprend une étude publiée le 30 septembre par Ecovadis, une entreprise spécialisée dans l’évaluation RSE, avec le Médiateur des entreprises, un service public destiné à la résolution de litiges et à la promotion de comportements d’achats responsables.
Concrètement, cette évaluation s’appuie sur un score calculé par Ecovadis à partir de 21 critères portant sur l’environnement, le social et les droits humains, l’éthique, ainsi que les achats responsables. Les entreprises françaises obtiennent un score moyen de 60,4 sur 100, contre 57,6 en 2022. « Il n’y a que quatre pays dans le monde qui dépassent 60 », fait valoir Pierre Pelouzet, Médiateur des entreprises. Il l’explique par la combinaison de la « volonté de nos acteurs économiques » et de lois contraignantes.
En règle générale, l’Union européenne atteint 57,8 points, les États-Unis 50,1 points et le groupe regroupant le Brésil, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud (BICS) 46,1 points. 36 % des entreprises françaises appartiennent à la catégorie dite « avancée » – elles ont un score supérieur à 65 – contre 28 % de celles de l’Union européenne et 9 % de celles appartenant aux pays des BICS.
Des grandes entreprises plus actives sur l’environnement
Sur le social et les droits humains, les entreprises françaises obtiennent un score de 63,4. En France, « la richesse du droit du travail, notamment, incite les entreprises à faire beaucoup de chose », pour toutes les tailles de structure, met en avant Sylvain Guyoton, « chief rating officer » chez Ecovadis.
Les entreprises françaises atteignent une note de 61,3 sur l’environnement en général. Ce score s’élève à 67,6 pour les plus grandes d’entre elles. C’est « le premier enjeu [que ces dernières] se sont appropriées », explique le spécialiste, en raison de « leur empreinte environnementale » plus importante et de « la pression qu’elles ont subie [de la part] des législateurs ». Les entreprises de taille intermédiaire (ETI), ou les petites et moyennes entreprises (PME), se concentrent d’abord sur les enjeux sociaux et les conditions de travail, poursuit-il.
Des textes de loi contraignant les entreprises
Sur les questions d’éthique, si les entreprises françaises étaient « très en retard il y a dix ans », elles ont « progressé » depuis, obtenant la note de 54,2. La loi de 2016 dite Sapin II, « relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique », a « poussé les entreprises à mettre en place des systèmes beaucoup plus robustes » sur ces questions, juge encore Sylvain Guyoton.
Enfin, sur le sujet des achats responsables, leur note s’élève à 49,9. « Historiquement, c’est toujours le thème abordé en dernier », note Sylvain Guyoton. La loi et la directive européenne sur le devoir de vigilance, respectivement adoptées en 2017 et 2024, ont toutefois eu un effet positif sur leur mobilisation, d’après lui. En effet, ces textes rendent les grandes entreprises responsables de leurs impacts sociaux et environnementaux sur toute leur chaîne de valeur.
Le progrès va-t-il ralentir ?
En février dernier, la Commission européenne a annoncé une législation dite « omnibus », destinée à simplifier plusieurs textes majeurs pour la durabilité des entreprises, dont celui portant sur le devoir de vigilance. Les contraintes auxquelles les entreprises feront face seront donc très probablement allégées dans les mois qui viennent. L’effet de ces évolutions n’est pas encore perceptible dans les chiffres rendus publics par Ecovadis et le Médiateur des entreprises, puisque les données datent de décembre 2024.
Mais Sylvain Guyoton et Pierre Pelouzet semblent optimistes. S’il existe bien une « fatigue normative » parmi les entreprises, puisque plusieurs lois les obligent à rendre compte de leur impact social et environnemental, « il n’y a pas du tout de rejet de la RSE », des actions sociales et environnementales en tant que telles, veut croire le spécialiste de chez Ecovadis. Pour le Médiateur des entreprises, la RSE est même un « facteur différenciant », potentiel levier de croissance économique et d’attractivité.
Célia Szymczak