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Par Carenews INFO - Publié le 29 juin 2022 - 17:55 - Mise à jour le 30 juin 2022 - 16:19 - Ecrit par : Christina Diego
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Instagram et TikTok, au service des nouvelles formes d'engagement des jeunesses ?

Les jeunes s’emparent des réseaux sociaux pour s’assumer et revendiquer leur soutien pour des causes sociétales comme le féminisme, la cause de la communauté LGBTQ+, la lutte contre la grossophobie, le body positif, etc. Quelle réalité pour ces nouvelles formes d'engagement véhiculées sur Instagram et TikTok ? Décryptage.

De nouvelles formes d'engagement des jeunesses émergent sur les réseaux sociaux. Crédit : iStock
De nouvelles formes d'engagement des jeunesses émergent sur les réseaux sociaux. Crédit : iStock

 

#MeToo, #BlackLivesMatter, #NousToutes, #BalanceTonPorc, #BodyPositive, #TesPasSolo, etc. Ces dernières années, ces hashtags sont devenus de véritables actes militants de la jeune génération. Pourquoi choisit-elle cette forme d'engagement sur les réseaux sociaux ? Que traduit-elle ? Décryptage.

 

Une jeune génération très présente sur les plateformes sociales

 

Le site du Blog du Modérateur, en partenariat avec Diplomeo, dévoilait une étude, en février dernier, sur les usages des réseaux sociaux par la génération Z. La principale information était l’arrivée de TikTok dans le top 3 des applications les plus utilisées. En effet, l’application de partage de vidéos a atteint un milliard d’utilisateurs actifs par mois en 2021 et devrait dépasser les 1,5 milliard d’utilisateurs fin 2022. Autre enseignement, Instagram conserve sa place de leader dans ce classement avec 84 % des sondés inscrits sur la plateforme. 

Cette effervescence serait-elle due à l’expression d’un engagement plus marqué et militant ? En effet, des communautés d’entraide sont nées, des femmes et des hommes de la génération Z qui s’assument dans leurs différences et le revendiquent à coup de hashtags. « Cela me paraît normal que cela se joue sur les réseaux sociaux. La génération Z, dès l’adolescence, a vécu la vague #MeToo et #BlackLivesMater, des combats sociaux où elles et ils y ont exprimé leur contribution », explique Michael Stora, spécialiste des jeunes et des mondes numériques, cofondateur de l’Observatoire des Mondes Numériques en Sciences Humaines, coauteur du livre « Réseaux (A)sociaux ! » (septembre 2021). 

 

Instagram, le réseau phare des mouvements sociétaux ?

 

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 82 % des jeunes âgé.e.s de 16 et 25 ans déclarent utiliser Instagram, alors que la plateforme héberge de plus en plus de comptes engagés contre les discriminations qui contrebalancent avec l’univers très lifestyle et lisse, promu par les influenceur.e.s. Il semblerait que le petit dernier du groupe Meta soit devenu l’espace d’expression d’un engagement militant. Pour preuve, la déferlante de soutien en faveur du drame qui a secoué l’Amérique et le monde entier portée par le célèbre #BlackLivesMatter en 2020. 

Autre exemple, #MeToo a permis de libérer la parole de nombreuses femmes sur les violences sexuelles ou plus récemment le collectif #NousToutes. Des hashtags emblématiques d’un activisme numérique qui permet à toute une génération d'exprimer des convictions personnelles et de nouer des relations en faisant partie d’une « communauté ».

Pour le spécialiste, « cela va dans le bon sens, Instagram représentait un monde surfait, où tout le monde est parfait. Ce type de mouvements va à l’encontre d’une certaine philosophie de ces réseaux californiens où tout est funny avec des smiley au bout de chaque phrase. »

Moins connue, mais tout aussi présente, la lutte contre la grossophobie a pris de l’ampleur. Être soi, accepter ses différences, son corps comme il est, loin des standards véhiculés par Instagram, c’est le leitmotiv du compte engagé de Corps Cools et ses 31 000 abonné.e.s. À la lecture de certains posts de cette activiste et des réponses de ses followers, on comprend mieux comment le réseau social agit comme un catalyseur du désarroi de nombreux.ses jeunes.  

 Crédit : le compte Corps Cool sur Instagram.
 Crédit : le compte Corps Cool sur Instagram.

 

Parmi les réponses, on peut lire un « Merci pour tes partages. Ça tombe toujours pile dans les moments où ça ne va pas pour moi » d’une de ses followers.

Comment expliquer un tel engouement ? Est-ce la possibilité d'exprimer, parfois de façon anonyme, ses convictions ? Comment ne pas y voir le reflet de la société actuelle, plus inclusive ?  Une autre composante du succès de ces comptes hyper populaires, des formats viraux (re)partageables en textes, hashtags ou en vidéos. Et dans le domaine de la vidéo éphémère, un autre réseau social a pris une place de choix : TikTok.   

TikTok, un espace d’expression inclusif 

 

Le réseau social chinois a finalement réussi à s’imposer auprès de la jeune génération. L’application de partage de vidéos a atteint 1 milliard d’utilisateurs actifs par mois en 2021 et devrait dépasser les 1,5 milliard d’utilisateurs en 2022. Ce réseau rassemble des TikTokeuses très engagées sur des questions liées à la transidentité, le féminisme, le body positivisme, etc.

Un exemple, la TikTokeuse Mythical Peach, une jeune femme au look très extravagant qui défend les valeurs du mouvement #bodypositif. Elle adresse à ses abonné.e.s un message positif sur le rapport au corps et appelle de ses posts à la liberté de se détacher des diktats sociaux. 

 

 

Crédit : le compte de Mythical Peach sur TikTok.
Crédit : le compte de Mythical Peach sur TikTok. 

 

TikTok a réussi, dès le début, l’expression d’une parole non caricaturale d’un monde idéalisé, dans le fait de reprendre des chansons réalisées via l’application avec un montage. C’est le cas avec les chansons de Billie Alish (sombres et nostalgiques) qui permettent de poser la question du sadfishing où des jeunes ont pu exprimer leur tristesse, une parole pas uniquement positive », précise Michael Stora. 

 

La plateforme chinoise a fait émerger des personnalités très engagées sur des sujets comme le sexisme ou la transphobie « des thématiques qui ont toutes les raisons d’exister sur les réseaux sociaux et correspondent à une jeunesse qui veut envisager autrement la question du genre. C’est un combat très profond, une évolution du féminisme », indique-t-il. 

Le chanteur charismatique Bilal Hassani, et ses 1,2 million d’abonnés, incarne cette défense de l’égalité des genres. « Ce qui est intéressant chez Bilal, c’est qu’il est artiste. Trop souvent, les réseaux sociaux ont tendance à éviter la question de la créativité. Sauf TikTok ». 

 

Crédit : le compte de Bilal Hassani sur TikTok
Crédit : le compte de Bilal Hassani sur TikTok

 

Bilal Hassani représente également une référence pour une communauté LGBTQ+. « Bilal Hassani est un phénomène très intéressant, il joue beaucoup sur ce qu’on appelle l'intersectionnalité où se cumulent les différences de genre et d’origines. »

 

Des jeunesses engagées dans la vraie vie ? 

 

Cet engagement numérique a-t-il une réalité dans la vie réelle de ces jeunes ? C’est la question que pose le concept du slacktivisme, mélange savant d’une forme d'activisme dit paresseux (slacker pour fainéant) et d’un militantisme purement numérique. Une idée qui divise. Pour ses partisans, il permet une vraie prise de parole et un engagement des jeunesses qui avaient disparu, notamment pour la politique. Pour ses détracteurs, le slacktivisme s’arrêterait au simple like derrière son écran sans suite dans la vraie vie. 

 Le combat contre l'homophobie et la transphobie va au-delà des réseaux sociaux. Il est amplifié et facilité par ces plateformes, mais dans la réalité, il existe vraiment et dépasse l’idée d’une mode », conclut Michael Stora. 

Christina Diego 

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