L’antisèche - Au fait, c’est quoi le concept « one health » ?
Ce concept né dans les années 2000 prend en compte l’interdépendance entre santé des êtres humains, des végétaux, des animaux et des écosystèmes. Il est utile pour repenser les politiques publiques et les stratégies des entreprises.
« La santé reste majoritairement vue sous le prisme des maladies touchant l’Homme », écrivait en février 2022 le Conseil scientifique Covid-19, dans un document intitulé « One health - Une seule santé ». Pourtant, la pandémie est probablement issue d’une zoonose, une maladie transmissible des animaux à l’être humain. À cette occasion, beaucoup prennent conscience de l’interdépendance entre la santé des êtres humains, celle des végétaux, des animaux et des écosystèmes.
C’est cette interrelation que met en lumière le concept one health. En effet, 60 % des maladies infectieuses humaines ont une origine animale et 70 % sont transmises par la faune sauvage, selon l’Inrae, l’institut de recherche public sur l’agriculture, l’alimentation et l’environnement. De plus, les contacts entre humains et animaux et la dégradation des écosystèmes s’accroissent, augmentant dans le même temps la transmission des maladies. Les maladies infectieuses ont par ailleurs des conséquences économiques.
Ainsi, la démarche issue du concept one health incite à prendre en compte cette interconnexion pour traiter les problèmes de santé. Pour ce faire, il est pertinent d’associer les disciplines issues des sciences sociales, comme l’économie, à celles appartenant aux sciences naturelles, et d’associer les pratiques vétérinaires et médicales.
One Health est une approche intégrée et fédératrice qui vise à équilibrer et optimiser durablement la santé des personnes, des animaux et des écosystèmes. Elle reconnaît que la santé des humains, des animaux domestiques et sauvages, des plantes et de l’environnement au sens large est étroitement liée et interdépendante.
Groupe d’experts de haut niveau une seule santé (OHHLEP), 2021
Initiatives françaises et internationales
Le concept a fait l’objet d’un accord tripartite en 2010 signé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l'Organisation mondiale de la santé animale (MSA) et l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO). Le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) les a rejointes en 2022 dans le cadre d’une Alliance quadripartite.
Leur accord vise « à renforcer la coopération en vue d’équilibrer et optimiser durablement la santé des personnes, des animaux, des végétaux et de l’environnement ». Ces structures ont fondé le Groupe d’experts de haut niveau pour l'approche « Une seule santé » (OHHLEP). Il réunit 26 experts internationaux de différentes disciplines qui fournissent des études et des orientations stratégiques sur le sujet.
En France, plusieurs politiques publiques intègrent directement ou indirectement le paradigme, selon le Commissariat général au développement durable. C’est le cas du plan d’investissement France 2030, du 4ᵉ plan national santé environnement ou de la 3ᵉ stratégie nationale biodiversité. L’institut One Health a été créé en mars 2023 à l’initiative de plusieurs ministères, à partir du constat que cette approche globale et transversale est encore aujourd’hui trop peu connue et intégrée dans la stratégie des entreprises, mais également au sein de la fonction publique ». L’idée est de former « les décideurs publics et privés » à cette question.
Dans le secteur privé non lucratif, la Fondation Bullukian abrite la Fondation Une santé durable pour tous, reconnue d’utilité publique. Cette dernière vise à promouvoir le concept en se fixant notamment comme missions de favoriser les échanges entre acteurs publics et privés au sujet de la santé, développer une plateforme numérique avec les ressources sur le sujet et organiser un forum pour « traduire l’approche One Sustainable Health en projets concrets ».
Célia Szymczak 
